Ma petite Bombe

Cinquième Mois

"Seul celui qui est heureux peut répandre le bonheur autour de lui"

Paulo Coelho.

Et c'était ce que ma petite bombe avait fait ce mois-ci.

J'arrivais sur mon cinquième mois de grossesse et mon ventre ne se cachait plus, du moins, je ne voulais plus le cacher. Ce matin là allait être pour moi sans doute l'un des matins les plus éprouvants de ma vie, j'allais annoncer à mes potes et mes professeurs que j'étais enceinte. J'imaginais bien que certains s'en doutaient mais aujourd'hui, ça allait être officiel. Je ne m'étais pas spécialement préparée aux éventuelles questions que l'on pouvait me poser mais j'avais un petit discours en tête. Un truc comme :

"Salut les filles ! J'ai quelque chose de plutôt important à vous dire, est-ce que vous pouvez prendre le temps de m'écouter deux minutes s'il vous plaît, c'est vraiment très important et j'aimerais vous l'annoncer dans le calme."

Elles se tairaient puis m'écouteraient attentivement.

"Comme vous le savez, depuis un certain temps je suis bizarre et parfois agressive, je change d'humeur en deux secondes et je ne supporte plus les bousculades."

Là, elles acquiesceraient de la tête pour confirmer la critique.

"Mais vous êtes mes copines et je tenais à ce que vous soyez les premières au courant ; je suis enceinte depuis cinq mois''.

À ce moment là, elles prendraient des airs choqués, puis reprendraient leurs conversations comme si tout était normal.

Voilà comment j'avais imaginé la scène. En réalité, tout ne s'était pas déroulé comme prévu...

Je venais d'arriver au Lycée et peinais à me frayer un passage entre elles afin de pouvoir leurs dire bonjour.

-Les filles, tentai-je.

Elles continuaient de parler comme si je n'avais rien dit.

-J'ai quelque chose d'important à vous dire, tentai-je à nouveau.

Rien. Elles m'ignoraient et je comprenais que quelque chose se tramait dans mon dos.

-Et je ne veux pas crier pour vous l'annoncer, haussai-je la voix.
-Oui, c'est bon on sait que toi et Adam avez couché ensemble à la soirée, m'agressa l'une d'entre elles sans doute énervée que je ne lui aie pas dit.

C'était donc ça.
À ce moment précis, je voulais renoncer à leurs dire tellement leurs comportements puérils m'exaspéraient. Elles me faisaient la tête parce que je ne leur avais pas fait part de mes relations sexuelles ! Elles ne voulaient pas des photos non plus ?!
Vous comprenez sans doute mieux pourquoi elles n'étaient que des potes.

-JE SUIS ENCEINTE ! finis-je par hurler.

Puisque la technique pacifiste n'avait pas fonctionné, j'avais décidé d'arriver en force. Leurs réactions ne se firent pas attendre, et elles n'étaient pas du tout celles que j'avais imaginé.
Des cris hystériques me transperçaient les tympans, ces hurlements attiraient les regards des autres et quelques unes de leurs connaissances venaient voir ce qu'il se passait. Mais les connaissances de ces connaissances venaient aussi. Puis ce fut l'émeute, tout le monde s'agitait autour de moi et mon bébé. Certains m'agrippaient le bras, d'autres voulaient toucher mon ventre pour voir s'il bougeait. Tous s'agitait autour de moi, j'étais bousculée, mais pire encore, j'étais un joujou, une bête de foire. Personne n'était là pour me sortir de cet enfer, personne ne comprenait que ce n'était pas un jeu, que c'était un être fragile qui grandissait dans mon ventre. Les paroles résonnaient dans ma tête jusqu'à ce qu'elles deviennent assourdissantes. Elles bourdonnaient dans mon crâne, tout se mit à tourner.