Ma petite Bombe

Troisième Mois

''Dans les épreuves décisives, on ne franchit correctement l'obstacle que de face''

François Mitterrand.

Je venais tout juste d'entamer mon troisième mois et ma vie changeait de plus en plus.

Pour commencer, Adam et moi devions prendre une décision :

-Anna il faut que l'on parle, m'intercepta t-il alors que j'étais avec mes copines. Je t'attends tu sais où, me dit-il.

Lorsqu'il eut tourné le dos, toutes mes potes bavassèrent.

-T'as une touche moi j'dis, lança l'une d'elle.

Si elle savait...

-Alors ne dis rien, l'arrêtai-je sèchement.

Je devenais beaucoup plus susceptible mais surtout, je ne pouvais plus vivre comme elles. Mais ça, pouvaient-elles vraiment le comprendre ?
Je rejoignais Adam à notre lieu qui n'était autre que les toilettes. Les mêmes toilettes dans lesquelles s'étaient écoulées les minutes les plus longues de ma vie. Ces WC étaient plutôt excentrés, de ce fait, peu de gens circulaient par là.
Et je ne pouvais pas le voir ailleurs ni même l'appeler puisque j'étais privée de sortie et de téléphone jusqu'à nouvel ordre. De toute façon, je ne voulais pas que l'on parle de ça par téléphone.

-As-tu réfléchi de ton côté ? m'empressai-je de demander.
-Oui et toi ?
-Oui.

Nous nous regardâmes, nous avions chacun un avis mais n'osions pas le donner par peur que l'autre n'ait pas le même. Seulement, il fallait prendre une décision avant la fin des trois mois, il fallait que nous sachions si nous voulions le garder ou non.

-Ce que je te propose, dis-je anxieuse, c'est que l'on écrive chacun notre réponse sur un papier que nous nous échangerons par la suite. Comme ça, ni toi, ni moi n'aurons à donner notre avis en premier.

Il acquiesça et nous sortîmes un papier et un crayon. Il fallait écrire un simple mot, trois simples petites lettres pour déterminer un avenir.

-La question est, veux-tu qu'on le garde ? À nous de répondre, expliquai-je.

Lorsque nous avions chacun écrit nos réponses, nous nous échangeâmes ces précieux bouts de papier sans un mot. J'espérais trouver la même réponse que la mienne. J'ouvris le papier et y lus :

NON

Il ne voulait pas de cet enfant. Il n'en voulait pas.

-Oui, lut-il mon papier.

Et moi, je voulais cet enfant. Je le voulais malgré ma situation d'adolescente.

Nous nous regardions durant de longues minutes dans un silence de plomb. Nous n'étions pas d'accord.

-On a fait une connerie ce soir là, tenta t-il de se justifier.
-ON ?! m'exarcerbai-je. ON a fait une connerie, répétai-je. TU as fait une connerie !
-Mais pourquoi veux-tu garder cet enfant ? Tu pourras en avoir d'autre ! Pourquoi garder celui-là ? s'énerva t-il. Tu veux foutre ta vie en l'air, alors vas-y, mais ce sera sans moi.

Adam, voici ta deuxième faute.

-Très bien ! m'écriai-je en larmes. J'élèverai cet enfant avec ou sans toi ! J'aimerai ce bébé que tu sois là ou non ! Mais saches une chose, c'est que je n'avorterai pas même si ce n'était qu'un coup d'un soir ! Je n'avorterai pas parce que c'est mon enfant que je porte. Alors peut-être que toi tu pourras vivre la conscience en paix si jamais j'avorte, mais moi non. Mon enfant c'est celui-là, dis-je en mettant ma main sur mon ventre, que toi et moi on le veuille ou non, notre enfant c'est celui-là.