Evadée - Tome 1

Chapitre 18

Quand j'ouvre les yeux, j'ai l'impression d'être devant une photo aux couleurs saturées. Elles sont si belles ! Je tends la main pour les toucher, mais ne trouve que du vide. Je fronce les sourcils et les regarde avec plus d'attention. Les couleurs sont tellement pures et tellement vraies. Elles paraissent dotées d'une vie propre.

Je parcours la pièce du regard et vois un pot de fleurs. Elles sont si détaillées. Chaque pétale est fait de lignes fines et régulières. La bordure de chacune est nette. Les pistils se finissent tels des feux d'artifices. Et finalement, au centre de la fleur, c'est une explosion d'éléments, tous différents et semblables à la fois.

Je me lève et la pièce commence à tourner. La porte se déplace avec moi. Je ferme les yeux et inspire longuement. Il fait tellement chaud. Je décide de retirer mon pantalon, me retrouvant en sous-vêtements.

Je sens la porte s'ouvrir. Un homme entre dans la pièce. Il me faut un moment pour reconnaître Nick. Le soulagement me frappe en plein cœur. Je me précipite dans ses bras et l'embrasse de toutes mes forces. Son baiser me transporte au-delà de toute chose.

Sa mort me transperce, je pleure sans pouvoir m'arrêter, jusqu'à ce que la pièce soit entièrement remplie de mes larmes. Les objets flottent autour de moi. Soudain ma colère retire l'eau et je me jette sur Nick. Je commence à le frapper.

-Comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Comment as-tu pu me quitter au moment où j'avais le plus besoin de toi ? Je te déteste, je te déteste. Mais je t'aime tellement...

Je me réfugie dans ses bras. Il me caresse doucement les cheveux. Un immense bonheur me réchauffe. Je me sens en paix avec moi-même et avec l'univers. La vie me semble si inutile. Sans but.

Chaque chose prise pour acquise me semble si absurde et illogique. Je réfléchis et trouve les vraies règles. Les lois de la physique ne se basent que sur des calculs vides de sens.

Tout n'est qu'apparence. Je ne suis pas cette fille qui s'est fait kidnappée par son ex-petit-copain. Je suis quelqu'un d'autre, quelqu'un de mieux. Le ciel n'est pas bleu, mais violet c'est évident, le violet est la couleur de la paix, de l'apaisement et du voyage. Le ciel est violet pour qui voit la vie en rose.

Ma vie est fade de toute chose, je vis avec des gens fades, dans une ville fade, dans un pays fade, dans un monde fade et surtout dans un univers fade. Tout est orchestré d'avance. Je nais et on sait déjà comment je vais mourir. Tout n'est que spectacle. Je ne suis pas libre de mes mouvements. Chaque chose est décidée pour moi et je ne peux rien faire ! Tout est faux, mes souvenirs, ma famille, mes amis, Nick.

Je repousse Nick et me lève avant de lui chuchoter :

-Tu es faux, tout comme le reste de ce monde !

Il me sourit, compatissant.

Je réalise une chose, je ne suis qu'une poussière. Ma vie n'a aucun impact et ma mort non plus. Je n'étais rien, je ne suis rien et je ne serai rien. Je n'ai jamais existé !

Il faut que je renaisse pour pouvoir vivre pleinement et entièrement. C'est aussi simple que ça !

La mort me permettra d'atteindre une vie supérieure et ainsi pouvoir être en parfaite cohésion avec le monde, les gens, la nature et chaque atome. Nous pourrons tous nous aimer et vivre en paix.

Je me tourne vers Nick qui semble près et à la fois loin de moi. Le temps n'existe plus tout comme la distance ou d'autres concepts absurdes. Je le regarde droit dans ses yeux caramel et dis d'une voix sûre :

-Tu dois me tuer pour que je puisse revivre !

Un sourire amusé apparaît sur son visage.

-Je ne plaisante pas, c'est la seule chose à faire.