Chapitre 1

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En me réveillant, je sens une odeur d'humidité, celle d'une grotte ou d'une vieille cave. Je regarde autour de moi, les murs sont lisses, en face de moi se trouve une jeune fille de dix-sept ans, assise sur une chaise, pieds et poings liés. Elle porte de vieilles converses bleues, un jeans troué et un simple débardeur noir. Ses cheveux d'un noir aussi foncé qu'une aile de corbeau tombent en cascade sur son dos, ils lui arrivent jusqu'au bas des reins, alors que quelques mèches entourent son visage creusé par la fatigue. Sa peau pâle fait ressortir ses yeux bleu foncé, son nez est recouvert de petites taches de rousseur. La jeune fille tousse en même temps que moi. Soudainement, je réalise, c'est moi ! Paniquée, je commence à me débattre avec mes liens, enfonçant ceux-ci dans ma chair.

-C'est inutile, dit-il d'une voix suave.

Je sursaute et me fais mal au dos. Je regarde à nouveau cette fille. Ce n'est pas un simple miroir, c'est un miroir sans tain, comme ceux dans les commissariats de police. Il me voit mais moi, je ne le vois pas. Je devine son sourire.

-Pourquoi ? Dis-je dans un souffle.

Il éclate de rire, un rire froid et sans vie, qui me glace au plus profond de moi-même.

-C'est moi qui parle, toi, tu la fermes ! Je sais que tu es intelligente, tu vas trouver toute seule comme une grande ! Assez parlé, maintenant jouons ! Je vais te donner...euh...une semaine, oui, une semaine. Derrière toi, il y a de la nourriture pour... trois jours. Dans une semaine, cette pièce sera pleine d'eau. Tu sais que j'adore jouer. Voici les règles ; tu as une semaine pour sortir de cette pièce. Et comme ce serait bête de mourir de faim, tu as de la nourriture, bonne chance ! On verra si tu es capable de survivre sans moi.

Les lumières s'éteignent, il part, mais je sais qu'il va revenir, il adore me regarder, il l'a toujours fait.

Il me reste une semaine pour sortir d'ici et je n'ai aucune montre ou autres indices temporels. Il ne rallumera pas la lumière. La pièce n'est pas parfaitement noire. La lumière doit passer sous la porte. Bon ! Profitons-en. Lentement, j'essaie de retourner ma chaise pour voir ce qu'il y a dernière moi. Mais chaque fois que je bouge, les liens s'enfoncent un peu plus dans ma chair. Après un temps qui me semble interminable je pense avoir fait un demi-tour, lentement j'essaie de me lever. La plaie de ma cuisse s'ouvre, je hurle et me rassois, mais c'est pire. Les échardes s'enfoncent dans la plaie qui recommence à saigner. Il ne faut pas que je perde trop de sang. Je n'ai déjà pas les idées claires...

Je continue à avancer même si à chaque saut que je fais, la douleur paralyse un peu plus ma jambe. Soudain mes genoux tapent quelque chose. Je m'arrête. Ai-je atteint la table ? Mes yeux se sont progressivement habitués à l'obscurité... Devant moi, je distingue une simple table en bois avec trois bouteilles, sûrement de l'eau et six boîtes de conserve. Rien d'autre.

Je ne dois pas céder à la panique qui monte en moi. Comment ouvrir des boîtes de conserve ? Comment manger ? Je respire un grand coup comme ma mère me l'a appris. Ma maman, elle est si douce, si gentille et tellement optimiste. Elle trouve toujours des solutions. Elle m'a souvent répété cette phrase : ne cède pas à la panique, respire et souviens-toi, il n'y a pas de problème que des solutions. Donc je revois ma situation dans l'espoir de trouver une solution. Je suis coincée dans une pièce, pieds et poings liés, j'ai suffisamment de nourriture et d'eau, mais je n'y ai pas accès et dans une semaine, la pièce sera remplie d'eau. Je réfléchis et soupire.

Il faut que je me détache. Je regarde mes liens, je ne les distingue pas parfaitement mais comprends que c'est du fil de pêche. Ils sont juste assez fins pour me scier les poignets et quasi incassables. Je regarde à nouveau la table. Je vais essayer de la renverser pour avoir accès plus facilement aux aliments. Je pousse un soupir de découragement en voulant me lever. J'ai passé tellement de temps à réfléchir que ma plaie a arrêté de saigner. Le sang a séché, me collant à la chaise. Je tente de me lever, toujours attachée à celle-ci, et commence à essayer de me déplacer. Je crie et me laisse tomber. Ma cuisse vient de se décoller de la chaise, agrandissant ma plaie. La douleur est si grande que les larmes me montent aux yeux et commencent à couler sur mes joues. Je ne vais pas y arriver... Puis le noir m'envahit.

Evadée - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant