dear father, wwii (✓)

jeffrey's letter to daisy

Le jour de ses dix-huit ans, en 1948, la mère de Daisy lui remit une lettre, tachée de ce qui semblait être du sang.

Elle savait de qui elle provenait car l'écriture était bancale, et il était écrit "Pour les dix-huit ans de mon enfant soleil", et personne ne l'avait jamais renommé de cette manière, sauf lui.

Alors elle alla s'enfermer directement dans sa chambre pour pleurer sans honte et librement.

"Daisy Eileen Annalise Morgan,
Je sais que tu vas m'en vouloir de t'appeler avec tous tes prénoms, mais j'aime bien t'embêter avec ça. Je sais que tu détestes vraiment Annalise, mais moi j'aime bien, c'est un nom de grande fille : tu es ma grande fille.

Écoute, il ne me reste que quelques jours. Nous allons débarquer sur les côtes Normandes le 5 juin, mais au vu du temps, le Général va vouloir repousser encore le débarquement. Cette étape de la guerre, elle va rester dans les archives de l'histoire, et j'espère que tu te vanteras que ton père a été un des premiers soldats à toucher le sol de Normandie, à Omaha, sur le territoire occupé. Je veux que tu sois fière de moi, sinon, toute cette mission ne vaudra rien.

Bien sûr que je suis là pour défendre ma patrie, mon pays, ainsi que celui de ceux qui ne demandent que la liberté. Mais je veux que tu sois fière de moi ma chérie, car te rendre fière est une des choses les plus importantes.

Cette pensée me tient debout, elle me fait me lever tous les jours.

Ma belle Daisy, mon enfant prodige, mon enfant soleil, ma plus belle création (avec ta soeur, je n'oublie pas mon petit Ruby voyons, elle aussi elle aura sa lettre à ses dix-huit ans) sache que je t'aime plus que tout au monde.

Quand mon pied foulera ce sable, quand j'entendrai les cris des Allemands et de mes camarades, quand mes pensées ne seront plus que rage et envie de liberté, quand mes yeux ne verront plus que du rouge, mes derniers mots seront "je t'aime" destinées à vous trois.

Je ne reviendrai pas, je le sais. Et dans quatre ans, quand tu atteindras un âge assez mature pour affronter la dure réalité, tu sauras que je ne suis pas revenu, mais que j'ai mit toutes mes forces à l'oeuvre. Que j'ai usé de tout mon pouvoir pour atteindre cette Liberté.

Toi tu l'auras la Liberté, je l'espère.

Sache juste, que même si je combats un ennemi commun avec mes camarades, je ne porte aucune haine envers les Allemands. La plupart, ce sont des gosses de dix-sept ans qui savent à peine comment recharger une arme à feu, et j'étais comme eux durant la Première Guerre.

La gâchette est un terrain inconnu, et le canon est un trou dans lequel on se perd quand on voit toutes les balles siffler.

Mais il y a des méchants, et des bons, je t'ai appris à faire la différence ma chérie, et tu sauras la faire, car je te connais, tu es ma progéniture, tu es moi au féminin.

Je divague je crois bien, je deviens fou avant même d'avoir commencer à me battre. Bravo Jeffrey, maintenant ta fille va te prendre pour un fou, quelle belle image elle aura !

Ma chérie, je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux, tu me promets que tu vas toujours te soigner si tu tombes malade, de toujours te relever malgré les obstacles, de toujours sourire même si le temps te dis le contraire. Tu es bonne à ne pas suivre les ordres : tu as ce sourire en coin malicieux de ton oncle.

Il ne suivait jamais les ordres, c'était un vrai coquin, je te raconte même pas le nombre de fois où ta grand-mère lui a couru après, un balais dans la main.

Je n'aurais jamais l'occasion de te faire part de toutes ces histoires familiales. Et cela me rend triste de ne pas pouvoir te les faire part de vive voix, mais va chercher dans le grenier, j'y ai laissé un journal de mésaventures, c'est là-bas que tu trouveras ton héritage familial ma puce.

Comme je ne le dis jamais assez, je t'aime, et je n'ai bientôt plus de papier car je suis une vraie pipelette. Tu me fais confiance pas vrai ? Je vais te l'offrir cette liberté de pouvoir te balader dans les rues sans avoir peur.

Cette liberté je te l'offre, elle est au creux de mes mains et au bout de mon arme. J'aurais aimé que ce soit une guerre poétique et non dévastatrice, mais que veux-tu ; le monde est fou.

Je t'aime, Princesse.

- ton Père bien-aimé."

Dans cette lettre, Daisy vit toute la souffrance de son père.

Et elle ressentit sa souffrance comme des milliers de coups de feu portés dans sa direction.

— Je t'aime Papa, souffla la jeune fille en posant la lettre sur son coeur.