Jade

Nina

Je m'appelle Nina, j'ai tout juste 20 ans et je pense avoir été une des amies les plus proches de Jade...

Jade je la connais depuis la sixième. Elle venait souvent s'assoir avec ma sœur, Anna, et ses potes, dans la cour de récréation.
Anna a toujours fais partit des populaires. Que ce soit en primaire, au collège ou encore au lycée. Même en maternelle je suis sûre ! Je ne sais pas comment elle fait... Moi je suis plutôt du genre à être transparente aux yeux des autres, alors je me consolais en me disant qu'en restant avec elle, j'étais transparente aux yeux de son groupe, mais pas aux yeux des autres pour qui je faisais partit à part entière des populaires. Mais en réalité ce n'était pas la bonne solution. Je m'ennuyais à mourir.

J'adorais quand Jade venait nous rendre visite parce qu'elle m'incluait dans les discussions. C'était comme une bouffée d'oxygène.

Un jour elle est arrivée avec Mélissa. Elle nous l'a présenté et celle-ci est venue s'assoir à mes côté. Elle était pas mal timide aussi. Nous avons légèrement fait connaissance et puis c'est tout.

Un autre jour ma sœur était malade et je me sentais encore plus transparente que d'habitude. Jade est arrivée et m'a proposer de manger avec elle et Mélissa pendant la pause déjeuné. Là j'ai découvert une nouvelle Mélissa. Une Mélissa bavarde et avec un humour déroutant. En faite elle était timide seulement en grand comité, mais seule avec Jade ou avec une ou deux personnes en plus, elle était géniale.

Elles étaient très complices et m'ont très vite intégré à leur duo. Je ne sais plus vraiment comment ça s'est passé, mais je me suis vite retrouvée à ne traîner qu'avec elles. Ou seulement avec Mélissa quand Jade allait voir des gens avec qui nous n'étions pas tout à fait à l'aise. Et je me suis rendu compte que tout comme Mélissa, avec elles deux je n'étais pas la même non plus. C'est l'effet Jade ça. Quand il y a du monde, même avec Jade dans les parages, c'est dur de mettre tout le monde à l'aise les uns avec les autres, mais lorsque qu'un petit nombre de personnes se retrouve seul avec elle, ils vont forcément se retrouver amis, je vous jure !

Mélissa était ma meilleure amie, mais sa meilleure amie à elle, c'était Jade. Jade est jolie, sociable, drôle, gentille, intelligente et tout un tas de choses qui font que j'ai toujours éprouvé un peu de jalousie envers elle. J'avoue qu'à un moment donné, nous n'avons pas eu une amitié très saine toutes les deux. J'étais plus heureuse quand elle n'était pas là parce que je pouvais avoir Mélissa pour moi toute seule. Mais Carmen est très vite arrivée dans notre classe en quatrième.

Durant plusieurs cours, elle était assise à coté de moi. Nous sommes très vite devenues amies. Je ne sais pas ce qui lui a plu chez moi, mais je suis assez fière de m'être fait une amie sans l'aide de personne. Sans l'aide de Jade surtout. C'est moi qui les ai présentées. Elles se sont tout de suite bien entendu, évidemment, qui ne s'entend pas avec Jade ? Mais j'ai tout de même gardé cette relation particulière avec Carmen. C'est devenu ma meilleure amie et ma jalousie envers Jade s'est apaisée.

Nous avons longtemps été une petite bande d'inséparables, toutes les quatre. Nous avons eu quelques bas, mais nous sommes tout de même toujours restées très soudées. Nous avions chacune notre place, sans qu'aucune ne soit écrasée par une autre. Chaque voix comptait. Avant de faire quoique se soit, nous nous concertions toutes. C'était une belle et réelle amitié.

Jade a toujours eu beaucoup de connaissances. C'est grâce à elle que j'ai fait ma première soirée. Et beaucoup des soirées qui ont suivies, d'ailleurs. C'est aussi une fille qui ose la nouveauté. Elle nous a fait fumer notre première cigarette, boire notre premier verre d'alcool, faire notre premier voyage sans nos parents, sécher notre premier cours... c'est aussi elle qui m'a fait faire connaissance avec mon premier copain.

Il ne faut pas se méprendre, elle ne nous a pas rendues délinquantes, mais elle nous a appris à vivre. Elle nous a créé de beaux souvenirs de jeunesse. Elle nous a donné l'opportunité de nous créer nos propres expériences. Elle nous a toutes fait mûrir.

Jade a toujours été là pour moi. Carmen est ma meilleure amie, mais il y a des choses que je partageais seulement avec Jade. Une chose en particulier. Je n'ai pas trop eu le choix de me confier à elle, mais je crois que c'était une bonne chose...

Un jour, en fin de notre année de première, alors que nous étions en train de faire des essayages toutes les quatre, elle est soudainement entrée dans ma cabine pour me demander de lui attacher la fermeture de sa robe. J'étais en sous vêtements. Elle a alors louché sur mon ventre rempli d'entailles. Je me suis vite cacher à l'aide d'un T-shirt, elle a relevé la tête et m'a regarder longuement dans les yeux, puis elle s'est retourné et a déplacé tous ses cheveux sur son épaule droite. J'ai fermé sa fermeture et elle est ressortit sans dire un mot.

Nous n'en avons pas reparlé de toute la virée shopping. Le soir, c'est moi qui l'ai appelé. Je voulais juste lui demander d'en parler à personne, mais la discussion s'est éternisée jusqu'au bout de la nuit. Je lui ai tout déballé. J'ai beaucoup pleuré. Je n'avais jamais parlé de ma rupture avec Sébastien. Je leur avais juste dis que ce n'était plus possible entre nous car nous nous disputions trop.
A Jade je lui ai tout avoué. Je lui ai raconté que je l'avais vu embrasser une jolie blonde, un jour où je me promenais avec mon chien. J'avais alors été lui demander une explication et tout ce qu'il avait trouvé à faire c'était de me dire qu'il était désolé avant d'attraper la blonde par la taille et de s'en aller avec elle.

Sébastien était mon premier amour. Il était dans la classe de Jade, c'est elle qui me l'avait présenté. Il était le seul à m'accepter telle que je suis. A m'accepter malgré mes kilos en trop. Et il est parti avec une blondinette taillé comme un mannequin. Tout le contraire de moi.

A partir de cette rupture, je me suis encore plus sentit mal par rapport à mon physique. Je ne me supportais plus mais je n'arrivais pas à maigrir. Ajouté à ça un premier chagrin d'amour... Je me suis mise à me mutiler. Je ne sais pas bien pourquoi... C'était le lendemain de la rupture, j'étais assise sur mon lit, avec un cahier de maths ouvert devant moi et ma trousse posée un peu plus loin. Je pleurais toutes les larmes de mon corps en repensant sans arrêt à Sébastien. Ma trousse était ouverte et mes yeux se sont posés sur mon compas qui en ressortait légèrement. Je suis rentrée dans une sorte d'état second et ma main est venue le chercher. Je me suis ensuite mis à griffonner son prénom sur ma hanche. C'était comme si je ne me contrôlais plus et que ma main faisait ce qu'elle désirait sans que je puisse l'en empêcher.
Il n'empêche que j'ai arrêté de pleurer et quand j'eu fini d'écrire la dernière lettre de ce foutu prénom, j'étais apaisée. Alors j'ai recommencé à m'abimer la peau le lendemain. Et puis c'est devenu une habitude.

Quand j'ai raconté tout ça à Jade, elle est restée très calme. Elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas m'empêcher de le faire mais que je devrais essayer d'arrêter. Se faire du mal n'était pas une solution. Que je pouvais avoir une infection un jour ou l'autre et que tôt ou tard d'autres personnes s'en rendraient compte et que ça les ferait souffrir.

Elle m'a dit qu'un chagrin d'amour c'était rarement facile à digérer, mais que ça ne valait pas la peine de se bousiller pour autant. Elle m'a rassuré de ses mots apaisants et m'a promis d'être là si jamais je me sentais trop mal. On a alors passé un accord. Dès que je m'apprêtais à me faire du mal, il fallait que je l'appelle et on parlerait jusqu'à ce que l'envie s'en aille.

Alors j'avoue qu'au début je ne l'appelais pas, mais quand elle m'a appelé elle, pile au moment ou je plaçais la lame de rasoir sur mon ventre, en pleine nuit parce qu'elle était bourrée, elle m'a stoppé. On a parlé toute la nuit parce qu'elle avait besoin de parlé à une amie tellement elle s'ennuyait à sa soirée. Nous avons parlé de tout et n'importe quoi et l'envie de me mutiler est réellement partit.

Depuis cette nuit, j'appelle toujours quelqu'un dès que l'envie me prend d'approcher une lame de mon corps. Au début je n'appelais qu'elle, mais maintenant j'appelle n'importe qui, juste pour lui parler d'un tas de chose, sans lui annoncer le réel but de mon appel. C'est ma nouvelle façon de m'apaiser dès que je vais trop mal. Je n'ai même pas forcément besoin de confier mon problème, le simple fait de parler, de me vider la tête, ça m'aide.

Je peux dire que Jade a été ma sauveuse...