Les rues de Londres défilaient à toute vitesse depuis maintenant une vingtaine de minutes à travers la vitre d'un taxi noir. Les maisons, toutes semblables les unes aux autres, chaque détail les différenciant pourtant, se reflétaient dans les yeux d'un gris bleuté d'un homme, qui le front collé contre la vitre, fixait le ciel londonien. Les gens, les enseignes lumineuses des magasins et les autres taxis aussi noirs que celui dans lequel il se trouvait, ne retenaient nullement son attention. Il traversait le centre de Londres sans le voir, sans s'attarder sur ce que cette ville avait de plus beau à offrir, sans même lire, pour passer le temps, le nom des rues par lesquelles le taxi le conduisait à sa destination. Le chemin, il le connaissait déjà. Par cœur.
Son regard glissa sur sa main posée sur le rebord de la vitre. Il pinça ses lèvres, conscient que malgré tous ses efforts pour paraître remis sur pied des récents événements qui avaient bouleversés sa vie, sa main qu'il voyait ici trembler, trahissait cette illusion. Il serra le poing pour se redonner contenance afin de repousser les larmes qui menacèrent une fois de plus de faire surface et glissa sa main dans la poche de sa veste en cuire en jetant un regard furtif dans le rétroviseur du chauffeur. Il ne voulait pas que les gens sachent comment il se sentait réellement, qu'ils sachent à quel point le bout du tunnel lui semblait si loin.
Mais il était John Watson, et tout le monde connaissait les aventures du célèbre détective, Sherlock Holmes. Tout ceux qui connaissaient ses exploits, leurs exploits, qui reconnaissaient John dans la rue, ne croyaient pas en la façade que le docteur dressait face aux gens pour les rassurer ou pour leur paraître tenir le coup. Il avait perdu son meilleur ami, non de Dieu! Il était donc plus qu'évident qu'il allait mal. Très mal.
Ses yeux, teintés un peu plus de tristesse, se posèrent à nouveau sur le ciel qui s'était assombrit. Le docteur fronça les sourcils et se maudit intérieurement d'avoir laissé son parapluie chez lui. Pour l'amour de Dieu, il habitait à Londres! Oublier son parapluie était une erreur de débutant! Peut-être devrait-il prendre exemple sur Mycroft qui, lui, l'emmenait partout avec lui, peu importe les circonstances et le temps qu'il faisait...
Comme pour souligner ses pensées, les premières gouttes de pluie tombèrent de lourds nuages sombres qui, maintenant, tapissaient le ciel gris, tandis qu'au loin un éclair lumineux apparut furtivement pour ensuite disparaître tout aussi vite. John ferma les yeux. Inconsciemment ou pour oublier sa peine, il compta les secondes qui séparaient l'apparition de cet éclat de lumière et du grondement qui allait suivre. Deux phénomènes indissociables mais, pourtant, toujours séparés par quelques secondes de décalage.
Un, deux, trois, quatre,... Il ne fallut pas longtemps avant qu'il n'entende enfin le grondement de tonnerre gronder au loin dans le ciel. Quand John rouvrit ses yeux, il soupira de lassitude à la vue de la vitre fouettée, maintenant, par la pluie qui en un instant, s'était abattue sur la ville toute entière. Tout semblait être contre lui, même le temps.
Enfin, la voiture ralentit et s'arrêta dans un crissement de pneus devant une grille de fer forgé, légèrement entre-ouverte. Ses légers balancements d'avant en arrière dû au vent qui commençait à se lever et son grincement brisant le silence de temps à autre, rendaient l'endroit plus sinistre qu'il ne l'était déjà. Toujours à l'abri dans son taxi, John fixa le portail, déformé par les gouttes d'eau coulant le long de la vitre, d'un regard douloureux. Passer cette porte suffisait d'achever de lui briser le cœur un peu plus à chaque fois qu'il entrait dans cet immense cimetière. Pourtant, il revenait toujours dans les jours suivants, quoi qu'il puisse arriver.
Perdu dans sa contemplation, il sursauta quand un raclement de gorge interrompit ses pensées. Irrité par l'impatience du chauffeur qui ne montrait aucune compassion envers son client visiblement en deuil, John soupira, tira machinalement en serrant les dents, quelques billets de son porte-feuille qu'il s'empressa de déposer sans délicatesse dans la main tendue de l'homme au volant. Il sortit de la voiture en claquant la portière derrière lui d'un coup sec. Aussitôt fermée, le véhicule repartit à toute allure sur la route rendue dangereusement glissante par la pluie qui s'était intensifiée.
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One More Miracle (Recueil OS)
FanfictionUn petit recueil de OS basés sur la série TV Sherlock qui reprend plusieurs moments dédiés à Sherlock et à John ainsi que la relation qu'ils entretiennent... Ce recueil tourne surtout autour de la mort de Sherlock ainsi que son retour à Baker Street...