John regarda pensivement la jeune femme sortir de son cabinet qui, une main posée distraitement sur son ventre, s'éloignait avec un imperceptible sourire aux lèvres, et il referma doucement la porte de la pièce derrière elle. Un coup d'œil vers la vieille horloge et une feuille blanche sur laquelle se dessinait l'horaire de sa journée accrochée au dessus de son bureau lui indiqua que dix minutes de battement lui avaient été accordées par sa secrétaire avant son prochain rendez-vous. Il soupira, étouffa un bâillement et tomba dans sa chaise qui, sous l'effet de son poids, s'affaissa et tourna sur elle même, lui offrant une vue complète du petit cabinet devenu depuis maintenant quelques années, son lieu de travail.
Ses yeux glissèrent sur la table d'auscultation, sur son matériel médial soigneusement rangés sur une petite table sur la droite puis, plus loin, une plante. De cette dernière observation, il n'y avait pas grand chose à en dire. Il s'agissait juste d'une simple fleur posée dans un vase - de mauvais goût en plus - mais il paraissait que la présence de vert, de nature, atténuait inconsciemment le stress des patients.
En résumé, c'était petit, juste quatre murs d'un gris ou bleu pâle selon la lumière qui pénétrait la pièce délimitaient tout ce qu'il voyait durant une bonne dizaine d'heures pratiquement chaque jour. Le tout jonglait entre des couleurs ternes et grisâtres. Même la plante finalement. En fait, il avait, de sa propre initiative, apporté jusqu'ici cette pauvre fleur d'un rouge maintenant pâle.Allez savoir pourquoi, il avait choisi une rose.
Il s'agissait donc d'un petit coin de vie, juste pour lui, car les patients, eux, ne la remarquaient même pas. Mais il savait pertinemment qu'il aurait beau faire tout ce qu'il voulait pour se sentir mieux dans cet hôpital, il ne se sentirait jamais à sa place, ici.
Ce n'était pas Baker Street.
Il glissa ses mains dans les poches de sa veste blanche et laissa passer un soupire entre ses lèvres. Il ne savait de quelle nature était celui-ci. Se sentait-il triste, las ou traduisait-il simplement une forme de contentement comme si tout allait pour le mieux? Bien que cette dernière option lui semblait sonner fausse, il essuya d'une main les deux premières. Après tout, il venait de diagnostiquer et par la même occasion, annoncé à une jeune femme d'une trentaine d'années qu'elle était enceinte. Nausées, manque de sommeil, humeurs changeantes,... Et puis, la science ne mentait pas. Ce début de journée s'annonçait donc bien, mais alors pourquoi se sentir si las? Si... vide?
Ses yeux sur lesquels s'étaient imprimé la couleur des murs, dévièrent de l'état de dessèchement que commençait à atteindre la fleur, pour se poser sur l'écran de son portable. Instantanément, les battements de son cœur s'accélèrent comme si un vieux sentiment, un souvenir avait soudain refait surface. Cette adrénaline... Il la sentait distinctement affluer dans ses veines, régnant maintenant en maître dans tout son corps. À cet instant, il était préparé à toute éventualité, à toute aventure.
N'importe laquelle, pourvut que ce soit avec lui.
Il prit distraitement un stylo qu'il tourna frénétiquement entre ses doigts, une moue hésitante déformant les traits de son visage fatigués. Après avoir pesé le pour et le contre et que le pour l'ait finalement emporté, ses mains abandonnèrent le tissu blanc de son habit et le stylo pour s'emparer de son portable qui, depuis ce début de matinée, était raisonnablement resté silencieux. Il le déverrouilla, une pointe d'espoir perçant tout de même son cœur mais celle-ci fut bien vite balayée par l'état de sa messagerie. Vide.
Sherlock était bien silencieux aujourd'hui...Déçu malgré lui, il sourit en pensant qu'il n'y avait pas si longtemps encore, il aurait tout donné pour que le détective cesse de l'embêter quand il devait partir pour l'hôpital. Un vrai enfant. John en était même parfois arrivé, à devoir lui promettre, pour qu'il se tienne tranquille, de passer à la morgue avant de rentrer le soir pour lui rapporter un doigt ou autres... choses. En général, cette simple promesse suffisait à faire taire les plaintes du détective consultant mais, les messages, laissant souvent transparaître son ennui et sa mauvaise humeur, fusaient de temps à autres dans le dos du docteur alors qu'il examinait ses patients.
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One More Miracle (Recueil OS)
FanfictionUn petit recueil de OS basés sur la série TV Sherlock qui reprend plusieurs moments dédiés à Sherlock et à John ainsi que la relation qu'ils entretiennent... Ce recueil tourne surtout autour de la mort de Sherlock ainsi que son retour à Baker Street...