Course

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J'aime le orange:"Désolé, mais il est l'heure de rentrer!"

Il tend brusquement sa main vers moi que j'esquive d'un pas nonchalant, manquant de près de regarder le sol d'un peu trop près. Je me retourne et me met à courir dans une direction aléatoire, priant pour semer mon assaillant.

Je cours le plus vite possible, évitant de temps à autres les branches et nombreux obstacles qui parsèment ma route. Je n'ai jamais été très sportive. Lorsque j'étais scolarisée, je trouvais toujours un moyen d'éviter ces deux longues heures qui ne me rendaient que ridicule. Et ça se voit. Je n'ai à peine couru quelques minutes; à une allure je pense soutenable; que mes mollets manquent de m'abandonner tandis que l'épuisement ne fait que s'accroître.

Je ne me retourne que quelques secondes pour voir s'il me suit toujours (car ma respiration prend le dessus sur tous les autres sons), quelques secondes qui mettent fin à mon interminable course.

J'ai pu remarquer qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres de moi, ce qui, sur le coup, me donna un mouvement d'adrénaline. Mais en voulant de nouveau regarder dans la direction où j'allais je me suis pris les pieds dans quelque chose et me suis vautrée par terre avec pas plus de grâce qu'un cachalot.

Je reste les yeux fermés, malgré la douleur, de peur de ce que me réserverai l'homme à capuche. Je l'entend s'approcher jusqu'à pouvoir distinguer sa respiration haletante par dessus la mienne. Je ne bouge pas et respire le moins fort possible, comme si jouer à la morte pourrai me rendre invisible. Après des longues et pesantes secondes à faire le cadavre, une voix roque et fatiguée cassa cette ambiance malsaine:

J'aime le orange:"Ça va, tu ne t'es pas fait mal?"

Je laisse échapper un petit mot de surprise et me retourne vers lui, étonnée par ce qu'il vient de dire. Je le scrute un moment, cherchant une quelconque cohérence dans ses propos.

J'aime le orange:"Hého, tu m'entends?"

Il me fait un geste circulaire de sa main droite devant mes yeux pour capter mon attention qui s'était déjà enfuie très très loin.

Moi:"E-euh O-oui..."

J'aime le orange:"Montre-moi ça."

Il s'accroupi à ma hauteur et saisi mon poignet sanglant. J'étais tellement paniquée que je n'avais pas remarqué les multiples blessures qui parsèment mes bras. Il examina la blessure avant de sortir un morceau de tissus de sa poche et de me l'enrouler autour de celle-ci.

J'aime le orange:"C'est pas très profond, ça devrait cicatriser tout seul."

Il se relève et me tend sa main, enfouie dans un gant noir en laine. Je songe à reprendre ma course effrénée mais mes jambes me font sentir que j'en suis clairement incapable. Voyant que je peine à me relever, il s'abaisse une nouvelle fois et me soulève dans les airs pour venir finalement me poser sur son dos.

J'aime le orange:"Il faut se dépêcher, on est pas chez nous ici."

Je regarde autour de moi, cherchant le moindre indice qui m'expliquerait la cohérence de ses propos. Mais tandis que je constatai qu'autour de nous ne se dressaient nul autre que de grands arbres de forêt, je cru voir quelque chose bouger du coin de l'œil...

CreepyhunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant