15 - Lois des éléments

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1er jour de la saison de la mort 2447

Après avoir croisé Arièlla et Reaginn ce soir-là, Azéna refusa de retourner à son dortoir en compagnie de la Valkirel. Le sentiment était d'ailleurs réciproque. Elles s'étaient blâmées l'une l'autre pour leur séance disciplinaire au donjon.

— Ça va ruiner ma réputation ! s'était choqué Arièlla. Ma mère va être en colère et on va me regarder d'un air bête durant les séances d'entrainement de skotar.

— Ça t'apprendra ! avait rétorqué Azéna. T'as une attitude de cochon !

— Et toi, tu as un caractère d'hippogriffe, bon !

La rebelle n'avait aucune idée de ce qu'était un hippogriffe et elle était bien trop fière pour le demander à Arièlla. Quoique cette créature était, elle n'en avait jamais vu à Daigorn.

✦×✦

Plus tard en soirée, elle expliqua ce qui s'était passé à Fayne dans leur chambre. Tout le long, celle-ci la fixa avec des yeux écarquillés et la bouche entrouverte.

— Tu ne devrais pas défier un maître comme ça ! Tu sais bien qu'une séance disciplinaire pourrait t'apporter bien du tort.

— Fayne, du calme... Ça ne doit pas être si terrible que ça, répliqua Azéna sur un ton nonchalant. De toute façon, c'est trop tard. Le mal est fait et je dois aller en vacances au donjon.

— Sérieux ? Par Elysia, ne réalises-tu pas qu'une séance disciplinaire ici n'est pas un jeu comme avec les gardes relâchés de tes parents ? C'est dans des moments comme celui-ci que c'est évident que tu as été élevé dans la noblesse. Tu es un peu gâtée.

L'aéromancienne resta bouche bée devant ces paroles franches et douloureuses. Elle oubliait parfois que sa colocataire de chambre avait vécu une vie ardue en raison de son statut social. L'une des devises Litfow était : protèges-toi d'abord si tu veux aider les autres. Ce n'était pas de l'égoïsme, mais plutôt du respect de soi.

Azéna ne partageait pas ce sentiment, mais elle comprenait, car elle avait été témoin des difficultés qu'encaissaient la plupart des roturiers à Nothar. Malgré tout, dans une situation dangereuse où on n'a nullement le temps de réfléchir, elle pensait qu'il fallait foncer directement dans la gueule du loup pour sauver ses amis.

— Eh bien... ermmm... désolée, répliqua-t-elle en haussant les épaules. Je ne sais pas quoi dire en ma défense.

— Ce n'est pas ton sourire innocent qui va te sauver dans deux jours, soupira Fayne.

Elle prit un moment pour caresser son nez sur lequel des taches de rousseur traversaient de ses doigts.

— Maintenant, va te coucher avant que je ne te balance par la fenêtre. Et pas de Teriondil ! Repose-toi.

Cette fois, son ton était beaucoup plus sévère. Franchement intimidée, la Kindirah ne savait pas trop comment réagir.

— T'es vraiment en beau câlisse la...

— Suffit !

Elle désigna le lit désordonné d'Azéna. Cette dernière comprit le message et se glissa sous ses couvertures sans oser protester.

✦×✦

Le jour suivant, le trio se dirigeait vers la classe du cours de psychologie draconique. Presque tout le monde aimait Maître Valkirel, car il était toujours joyeux et plein d'entrain. Cette fois, Azéna avait l'impression que même le charismatique maître n'allait pas être de taille à éradiquer son humeur massacrante.

1 - La fille de la tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant