06 - Agmeath

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45e jour de la saison du soleil 2447

Cela faisait environ trois jours que Vigoth ouvrait la marche en direction de l'académie d'Archlan, soit quatre jours au total pour Azéna, Leith, Fayne, Tyrath et Shirah. Lorsque possible, ils s'étaient arrêtés à plusieurs villages en quête de nourriture et d'un endroit confortable où dormir. Azéna ne possédait pas un seul écu malgré son titre de noblesse. La générosité de Vigoth avait tout payé malgré le prix ridiculement élevé, dû aux rumeurs inquiétantes à propos de barbares qui se déchaînaient aux alentours.

Lorsqu'ils arrivèrent à Gilat, un village pauvre, Tyrath et Karia étaient partis chasser. C'était mieux ainsi, car les habitants auraient pu causer une panique générale en les voyant. Les villageois murmuraient qu'un grand conflit allait s'abattre sur Aerinda.

— C'est vrai, insista le boucher. Dètmor ne fait qu'agrandir son armée. Il doit bien y avoir une raison.

— Calme-toi, répliqua son client qui lui glissa un écu d'argent en échange pour de la viande fraîche. Tu sais bien que les loups sont toujours avides de sang.

— Pas comme ça. Aerinda est agitée. Maëkan l'a bien dit. Il le sent dans la terre.

— Tu veux dire le chaman ? ricana le client. Ne t'occupe pas de lui. Il est fou comme le reste des siens.

Souvent natifs de d'autres royaumes, les chamans, des êtres ayant la capacité de contacter le royaume spirituel, étaient rares à Daigorn. Certains petits villages étaient guidés par l'un d'eux. La plupart des habitants de cette région n'y croyaient pas. Ils offraient plutôt leur foi au clergé qui se dévouait au panthéon.

— Hé, regarde ! Nous avons des visiteurs ! s'exclama le même homme.

Les deux villageois suivirent le groupe des yeux. Le boucher balbutia nerveusement, priant au client de partir. Ce dernier obéit, intrigué par les intrus. Il les pointa d'un doigt acerbe. Azéna se faufila à côté de Vigoth.

— Que voulait-il dire par les loups avides de sang ? demanda-t-elle.

— Reste près de moi, ordonna le grand maître.

Il lui parlait bien à elle, mais son attention était fixée sur l'homme à l'attitude agressive, ses doigts reposant près de son épée. Le villageois poussa un rire grotesque et posa les mains sur son énorme ventre. Sa tête chauve luisait sous les rayons des deux soleils et ses vêtements étaient crassés de terre et de sueur.

— Elle est à toi, guerrier ? Juste en te regarder, il faudrait surement que je t'appelle Monseigneur ou Sir.

Vigoth ne répondit pas. Il continua son chemin prudemment, mais l'homme n'abandonna pas la chasse. Il déshabillait Azéna de ses yeux affamés.

— J'aime bien ses hanches, quoiqu'en espérant qu'avec l'âge, elles seront plus développées. Elle me donnerait plusieurs fils, ça s'est assuré.

Il s'avança. Vigoth dégaina son épée et la pointa en sa direction.

— Elle n'est pas à vendre.

— Ça va, ça va, répondit l'homme. Je te la laisse.

Il partit et ce fut seulement lorsqu'il fut hors de vue que Vigoth rangea son épée et continua son chemin. Il hâta le groupe à l'extérieur du village, déniant la possibilité de s'arrêter à la taverne locale pour se dénicher un repas.

— Désolé pour ça. Les hommes sont des porcs parfois.

— Oh, je le sais que trop bien, soupira Azéna. Tu sais, parfois, les femmes se comportent ainsi. Bandes d'idiotes. Et après elles pleurent qu'elles sont enceintes.

1 - La fille de la tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant