16 - Discipline en cage

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2e jour de la saison de la mort 2447

Les sourcils froncés et les bras croisés, Maître Ruvior fixa Azéna avec sévérité. Des deux punies, c'était elle qui l'avait affronté verbalement et cela, à multiples reprises. Encore une fois, elle se tenait devant lui. Bien qu'elle fût au bord de défaillir, elle le fusilla de son regard colérique et défiant. Il sourit et s'avança vers Arièlla qui gisait toujours au sol. Azéna lui barra la route, titubant devant la blonde, et ouvrit les bras.

— Tu feras une courageuse dragonnière, l'adulte complimenta. Attention. Il est inutile de sacrifier sa vie lorsque nos actions sont vaines.

D'une force brutale, il poussa l'archère au sol. Cette dernière se retrouva à quatre pattes. Il se contente d'observer les demoiselles, tout simplement.

Azéna lutta contre sa fatigue et tenta de se relever. Ses muscles étaient tendus et abattus par la douleur poignante. Malgré tout, elle refusa de se laisser marcher dessus, de se faire abattre comme un animal, mais son corps ne lui obéissait plus. Elle grogna et secoua la tête. Elle tenta de se relever en vain.

— La colère n'est nullement la solution, affirma Reaginn, sa voix mielleuse provenant de sous son capuchon. Tu as encore beaucoup à apprendre, Apprentie Kindirah.

— Alors, pourquoi toute cette violence ? Nous sommes vaincues. Par pitié, cesse. Nous avons appris notre leçon. Nous nous comporterons bien.

— Qu'on le veuille ou non, la violence est présente dans ce monde et c'est parfois nécessaire. La colère et la violence sont deux choses entièrement différentes. Tu n'as pas besoin de détester quelqu'un pour le frapper comme tu peux ressentir de la haine, mais utiliser la diplomatie pour trouver une entente. Souviens-toi que les actes d'une personne ne sont pas nécessairement reliés à ses sentiments.

Ce bref discours prit Azéna au dépourvu. C'est à ce moment qu'elle réalisa qu'elle avait toujours agi selon ses sentiments. Si c'était bon ou mauvais, elle n'en était pas certaine, mais elle avait été honnête et vraie.

— Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la question de ce soir, continua l'homme aux allures sombres avec une touche de déception dans sa voix. Suivez-moi.

La Kindirah utilisait le peu d'énergie qui lui restait pour forcer ses yeux à demeurer ouverts. Le froid mordait sa peau fragile. Elle voulut les retirer du sol gelé, mais elle savait que si elle faisait ça qu'elle risquait de s'écrouler. À ses côtés, Arièlla avait succombé à l'inconscience. Reaginn s'approcha d'elle et se pencha pour l'examiner. Son expression faciale engouffré dans l'ombre de son capuchon, il était impossible de percevoir ses émotions.

— Vous êtes impressionnantes, avoua-t-il en se retournant vers Azéna. Tu as beaucoup de cœur et ton amie...

— Elle n'est pas... mon amie..., coupa l'archère, offusquée par cette présomption.

— Arièlla possède l'expérience au combat que tes compagnons de premier cycle, incluant toi, n'avez tout simplement pas.

— Elle a grandi ici, marmonna Azéna qui ne pouvait plus combattre le violent étourdissement qui l'accablait. C'est... injuste...

Ce qu'elle assuma être la réponse de Reaginn n'était que bredouillements incompréhensibles. Tout devint floue. Elle ne sentait un engourdissement qui rongeait le bout de ses membres. Chaque respiration était une nouvelle montagne à escalader. Cette simple tâche en était trop. Ses poumons en demandaient trop. L'obscurité engloutit ses sens et sa vision.

✦×✦

Azéna cligna des yeux, enfin c'est ce qu'elle crut avoir fait. Elle n'y voyait rien. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé. Tout semblait si floue, incompréhensible. Elle sentit une main qui soutenait son visage. On la souleva doucement. Puis, le froid qui l'agressait fut adouci par une chaleur réconfortante. Elle s'y accrocha comme si sa vie en dépendait. Elle rogna, capable de rien d'autre.

1 - La fille de la tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant