40 - L'étrange silhouette

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45e jour de la saison du marteau 2448

Les étoiles n'étaient plus et la lune, rouge virant au doré, n'était que peu visible. Curieusement, quoiqu'en plein cœur d'été, le vent faible s'avéra assez froid pour percer au travers de la couverture en fourrure dans laquelle était enroulée Azéna. La jeune dragonnière fixa le lever des deux soleils. À ses côtés, son fidèle compagnon, Tyrath, utilisa ses ailes comme pare-vent. Les deux amis étaient assis sur le toit de l'académie d'Archlan depuis la fin de la journée. Ils avaient passé la nuit à discuter du combat contre Serfantor et Shalith, de Turion, de leur destin ainsi que du départ d'Azéna pour l'entièreté de la saison du soleil.

— Tu devrais profiter des derniers moments de la nuit pour dormir, conseilla Tyrath. Tu en auras grandement besoin pour le voyage.

— Je pourrai dormir sur ton dos, répliqua l'aéromancienne avec obstination.

— Nous en avons déjà discuté. Je déteste l'admettre, mais Turion a raison. Je te causerai plus de tort que de bien à Nothar. Où vas-tu cacher un dragon du peuple dans cette ville étroite ?

— Étroite ? Oh, je suppose maintenant que je suis habituée à Atgoren... Et, pour te répondre, je te cacherai dans la forêt...

— Tu sais très bien que les chasseurs de dragons se feront un plaisir de me dépouiller de chacune de mes écailles. Le Sang du Dragon est dangereux et actif en ce moment. Il faut être vigilant.

Azéna croisa les bras et enfouit la base de son visage dans le creux nouvellement formé. Elle savait bien qu'il ne devrait pas venir avec elle, mais il faisait partie d'elle à présent. Il était la personne qui comptait le plus pour elle avec Fayne.

— Nul besoin de cacher ton mécontentement, dit Tyrath avec un petit ricanement. Je sous-entends de ce comportement que tu n'as plus d'arguments et que je gagne.

— Tu vas me manquer, souffla Azéna d'une voix brisée. C'est tout.

Surpris, le drake détourna le regard en direction de sa dragonnière et tenta de croiser le sien, mais celle-ci refusa d'établir la connexion. Il se contenta de pousser sa tête avec son museau en signe de réconfort.

— Tout ira bien, lui assura-t-il avec douceur. On se reverra dans peu de temps.

Azéna retint ses larmes, mais ne s'empêcha pas d'enrouler l'une de ses pattes avant dans sa couverture afin de la cajoler.

— C'est long, une saison au complet, ronchonna-t-elle. Je me sens comme si je ne vais pas te voir pendant des lustres.

— Je sais. Je comprends parfaitement ce sentiment.

✦×✦

Les heures passèrent et la lune disparut, laissant place aux soleils dont les rayons puissants illuminèrent le paysage.

Azéna cacha ses yeux sensibles avec son bras.

— C'est officiellement la saison de l'accouplement ! s'excita Tyrath.

— Pouah ! Quel surnom disgracieux pour la saison du soleil, ronchonna l'adolescente.

— Et comment l'appellerais-tu dans ce cas ?

— Ummm... J'imagine que... la saison de l'amour.

— L'amour... Je me demande si je vais le rencontrer un jour.

— Vous les dragons, vous êtes toujours en train de parler d'accouplement, mais vous ne mentionnez jamais l'amour. C'est très étrange. En êtes-vous capable ? Enfin, de sentir ce sentiment romantique ?

1 - La fille de la tempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant