2. Le bitume

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Ça doit faire approximativement trois heures que je marche sur le goudron brûlant. Le soleil tape dur en ce mois de juillet. Je dois avoir une tête épouvantable à cause de mon maquillage dégoulinant.
Pas étonnant que personne n'ai envie de me prendre dans sa voiture.

J'ai chaud ! J'ai la dalle ! Et pour couronner le tout, j'ai super envie de pisser !
Définitivement, j'adore ma vie !

Quelques minutes plus tard, le moteur d'une nouvelle voiture retenti au loin dans mon dos. Yes !

Du coup, pour obliger cette caisse à s'arrêter, je ne vois qu'une solution. Raz le cul de marcher !

Je lâche ma valise sur le bas côté et avance jusqu'à la ligne blanche qui sépare la route en deux. Je regarde la bagnole qui avance sagement, et m'allonge à même le sol.
Voilà ! Si elle s'arrête pas, elle devra m'écraser !

Espérons que ce ne soit pas une vieille myope qui voit que dalle... Espérons aussi que le pilote n'ai pas envie de faire un strike...

Toute façon, c'est trop tard...

Le bruit sifflant des pneus me fait fermer les yeux.
Ça y est... Je suis morte...

- Nan mais ça va pas ?! Vous êtes tarée ma parole ! hurle une voix masculine.

Ah non... j'suis pas morte ... Cool !

J'ouvre les yeux et observe la tête qui est penchée sur moi. Je souris devant ce blond tout à fait charmant.

- Et ça vous fait marrer ? Pffff.... Vous êtes suicidaire ou quoi ?

- Non. Juste à la bourre, dis-je en souriant largement.

Je lui tends ma main pour qu'il m'aide à me relever. Il me regarde étrangement avant d'enfin me tendre la sienne à son tour.

- Vous allez où ? dis-je enjouée.

- Nan, nan, nan... Je vous vois venir... Vous ne montrez pas dans cette voiture.

Je pouffe de rire nerveusement.

- Allez s'il vous plaaaaaiiit... ça fait des heures que je marche ! Je vais vraiment me faire trucider ! Et puis, excusez-moi, mais votre voiture c'est pas un bolide. C'est pas en montant dedans que je vais la rendre encore plus pourrie que ce quelle n'est déjà.

- Moi aussi j'ai des trucs à faire, dit-il en remontant dans sa Clio blanche, vexé par ma remarque. Et moi aussi je suis en retard !

Ce con démarre en me laissant là comme un chien qu'on abandonne en partant en vacances.
Putain de connard de merde !

- Enfoiré ! Vous aurez ma mort sur la conscience ! hurlé-je dans sa direction.

Affreusement en pétard, je me rallonge sur le goudron qui me brûle le dos, dans l'attente d'une mort certaine.
De toute manière, si je ne meurs pas écrasée par une voiture, mon frère se fera un plaisir de me dépecer avec un couteau suisse avant de donner ma carcasse aux cochons de mamie Georgette.

Vous allez où  ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant