Je ne sais pas pourquoi. Pourquoi je me suis soudainement souvenu des mots de ma mère ? Je n'ai pratiquement aucun souvenir d'elle ou très peu. Mon père m'a dit que la maladie l'avait emportée : La folie l'y avait grandement aidé.
Et puis malgré tout, il y eut les paroles de Nathan. Dans ma tête sa phrase fétiche me revenait encore et encore et encore, de façon interminable telle une boucle sans fin « Je suis un sorcier ».
Un sorcier. Mais encore ? Un sorcier du style Merlin l'Enchanteur ? Non parce que ça serait cool puis ça lui apporterait une touche de style qui lui manque clairement. Par contre si c'est un sorcier du style Gargamel des Schtroumpfs c'est moyen.
Puis quand j'en ai eu marre de traîner ici et là sans savoir quelle rue emprunter, je suis revenu sur mes pas.
J'y suis retourné. Là-bas.
En repoussant la porte d'entrée délicatement, je remarque que Nathan est toujours là, assis sur les marches en marbre de cet impressionnant escalier. Il regarde sa montre et finit par dire dans un soupir :
« - Vingt-trois minutes et dix secondes. Je t'aurais encore accordé quelques minutes...
- Tu m'attendais ?
- Non, mais je savais que tu finirais par revenir, nuance !
- Comment tu pouvais en être aussi sûr ?
- Je te l'ai dit...Je te connais. »
Je déteste dire ça et je déteste encore plus l'admettre, mais peut-être, et je dis bien « peut-être » qu'il venait de marquer un point.
« - Ce n'est pas ton style de faire du pouce en pleine nuit, t'es trop trouillard pour ça.
- Trouillard ? Ce n'est pas vrai.
- T'as peur du noir et...
- Plus depuis que j'ai 8 ans !
- T'as la phobie des clowns...
- Tout le monde a peur des clowns. Ils font peur. Tu crois que c'est pour quelle raison que le pire ennemi de Batman c'est un clown ?
- Et on parle du fait que t'es persuadé qu'il y a des monstres sous ton lit ? Quoi que ça...tu ne serais pas loin de la vérité.
- Ah ! Ah ! »
Attends...Quoi ?
Parce que les monstres planqués sous le lit, ça existe ?
« - En tout cas, je pourrais très bien faire du pouce et rentrer.
- Alors qu'est-ce que tu fais encore là ? Ah non...Laisse-moi deviner...Tu veux des réponses. C'est pour ça non ?
- Juste une chose...J'suis quoi pour toi ? »
Il me dévisage une nouvelle fois avec cette petite étincelle dans les yeux, tout en s'approchant de moi tandis que je me précipite derrière la table près de la porte d'entrée. Avec un meuble entre nous, je me sens tout de suite plus en sécurité.
« - Dans quel sens ? »
C'est presque comme s'il ronronnait en disant ce genre de phrase.
Je déteste quand il est comme ça.
« - Ne joue pas l'idiot et dis-moi. Pourquoi moi ?
- Ça serait compliqué à vraiment tout t'expliquer maintenant. Juste, t'es important. C'est tout. »
C'est tout ? Suis-je censé me contenter d'un « c'est tout » avec tout ce que je viens de subir ?
Alors qu'il s'apprête à remonter dans les escaliers, je quitte ma forteresse pour le rattraper, le saisissant par le bras.
« - Ah non ! Ne te défile pas maintenant ! Je vous ai entendu, tu sais ? Quand vous parliez de plan et tout ça. Je sais que vous parliez de moi ! Marc, Anna et toi...Vous parliez forcément de moi alors maintenant crache le morceau ! »
Son regard de prédateur disparaît pour laisser place à cette attitude hautaine et désinvolte que je ne connaissais que trop bien.
« - Je t'assure, ça serait trop compliquer à comprendre...Dors ici ce soir et je te ramènerais au campus demain si tu veux.
- C'est qui le trouillard maintenant ? Hein Nathan ? »
Je ne sais pas si ce sont mes mots. Je ne sais pas si c'est mon intonation. Je ne sais pas si c'est mon comportement, mais son regard à mon égard ne présageait rien de bon. Il se retourne vivement comme pour se défaire de ma poigne et à peine avait-on basculé lui et moi, que je sens le vide soudainement m'attirant à lui.
Merde...
Je m'agrippe à la première chose qui me passe sous la main et finit par entraîner Nathan dans ma chute. On se bouscule dans les escaliers et on s'écrase lamentablement au sol, dans le hall principal, l'un à côté de l'autre.
« - T'es vraiment qu'un boulet Antoine... »
Je sais. On me l'a souvent répété. Il me l'a souvent répété.
Malgré la douleur apparente de la chute, nous ne paraissons pas blessés. Ni lui, ni moi. J'aurais juste un bleu sur la fesse gauche et une bosse sur le front dans le pire des cas. Néanmoins, la galipette dans les escaliers n'est pas quelque chose que je referais de sitôt.
« - Tu sais ce que ça me rappelle ? Cette fois où tu ne voulais pas sauter de l'arbre dans lequel tu t'étais coincé alors tu m'as sauté dessus pour que je te rattrape...
- Sauf que tu ne m'as pas rattrapé et on s'est lamentablement écrasés au sol et je me suis complètement écorché les genoux ce jour-là.
- T'étais trop lourd !
- T'étais juste pas assez musclé ! »
On s'arrête un moment et puis le rire vient. Le rire s'installe. Je me rappelle de ce jour-là. En fait, je me rappelle de toutes les bêtises les plus idiotes que j'ai pu faire avec lui. À cause de lui. Ou même pour lui.
« - On va rester par terre encore longtemps ?
- Non...Juste assez pour que tes fesses lustrent mon sol. Aller...Viens-là ! »
Il se relève me tendant la main pour m'aider me redresser. Main que j'ai saisie sans une once d'hésitation.
J'ai un passé avec Nathan, c'est vrai. Que cela me plaise ou non. Que ce soit de bons souvenirs ou non. J'ai un passé avec lui.
« - Dehors c'est la guerre Antoine. Une guerre terrible et monstrueuse. Une guerre durant depuis...La nuit des temps.
- Une guerre de quoi ? De « sorciers » ? Je ne vois pas en quoi cela me concerne.
- Justement, tout te concerne. »
Je ne comprends pas.
Encore une fois, je ne comprends pas.
« - Cette guerre existe à cause de toi. »
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Graal (BxB)
ParanormalDepuis des millénaires, dans l'ombre se dispute une guerre. Trois familles. Trois pouvoirs anciens. Trois vœux. On dit que c'est l'artefact ultime. Se réincarnant au fil du temps. On dit qu'il exaucera le souhait du sorcier le possédant. Trésor cac...