RUSSIAN MAFIA - Édité chez BMR

La Rage Au Ventre [C]

PDV Sergei

Dimanche après-midi, je suis dans ma chambre lorsque mon téléphone professionnel se met à sonner. Attrapant la valise cachée au fond de la penderie, je l'ouvre rapidement et en tire le portable. L'écran affiche le nom de Mirko. Toutes les communications étant cryptées, nous ne craignons rien à parler ouvertement de la mission. Je décroche et mon ami ne tarde pas à m'exposer la raison de son appel.

Vitali a fait enlever Kira pour m'attirer à la Datcha. C'est malin. Il compte sur le fait que je vais venir secourir ma demi-sœur. C'est bien évidemment ce que je vais faire, puisque cela fait partie du plan.

La conversation téléphonique ne dure pas longtemps. Mirko retourne bientôt à ses occupations de mafieux pendant que je me prépare pour aller chercher Kira. Il est hors de question qu'elle reste entre les mains des hommes de la Bratva trop longtemps. C'est moi que veut Vitali.

Et c'est moi qu'il aura.

J'enfile une veste en cuir avant de descendre au salon. Alors que je m'approche des escaliers, les voix de Vladimir et d'Ivan me parviennent du séjour. Ils semblent tous deux en conversation téléphonique. Et particulièrement énervés. J'entre dans la pièce sans qu'aucun des deux hommes ne s'en rendent compte. Vladimir fait les cent pas devant la baie vitrée et crie sur son interlocuteur. Pendant ce temps, Ivan me tourne le dos, pianotant avec ardeur sur le clavier d'un ordinateur posé devant lui.

Je m'assieds sur l'accoudoir d'un canapé en attendant qu'ils remarquent ma présence.

– Vous n'avez aucune piste ? hurle Vladimir en passant la main dans ses cheveux. Ma fille était au Pleasure avec ses amis hier soir ! Ils doivent bien avoir des caméras, non ? Comment ça vous n'y avez pas accès ? On parle de l'enlèvement d'une jeune femme ! Vous n'êtes qu'une bande d'incapables !

Vladimir raccroche brusquement et manque de lancer son téléphone à travers la pièce de frustration. Ses cheveux gris sont tout ébouriffés.

– Putain de corrompus ! lâche le négociant en passant une main dans ses cheveux.

Un peu plus loin, Ivan ne paraît pas obtenir de meilleurs résultats. Aucun des deux hommes ne s'est encore aperçu de ma présence. Vladimir se tourne vers le garde du corps et demande avec empressement :

– Alors ?

– Tomaz n'en sait pas plus que les autorités. Tout ce qu'il a pu obtenir, c'est la confirmation de la disparition de tous les enregistrements de la soirée. Effacés intentionnellement d'après lui, soupire Ivan en secouant la tête.

– Merde !

Vladimir lance son téléphone sur le canapé d'un geste rageur.

Je décide finalement de signaler ma présence :

– Pas la peine de vous faire des nœuds au cerveau. Kira est entre les mains de la Bratva, j'annonce calmement.

Surpris, les deux hommes sursautent et se tournent vers moi d'un même mouvement. Instantanément, Vladimir se met à me dévisager, l'air particulièrement énervé.

Je continue, sur le même ton :

– Ils ont supprimé leurs propres enregistrements, et la police est forcément complice. Vous ne tirerez rien de ce côté.

Le regard noir, Vladimir fait quelques pas dans ma direction. Vu l'expression qu'il arbore, le négociant a compris la situation.

Ça va être ma fête...

– Qu'est-ce que la Bratva vient faire dans cette histoire, Katerina ? me demande lentement Vladimir.

– Monsieur... Je crois que votre fille insinue que Kira a été enlevée par les Azarov.