SEMAINE QUATRE - JOUR TROIS (J)

1.3K 97 0
                                    

Jane

Qui conduisait ? Qui parlait ? Qui écoutait ? Qui n'a pas regardé la route ? Qui a provoqué l'accident ? Comment est-il arrivé ? Pourquoi nous ?

« Tu devrais manger ça.
- Je n'ai pas faim, maman.
- Tu... tu n'as rien mangé depuis des jours. » Elle secoue la tête, surement aussi désespérée que moi.

« Sors.
- Chérie.
- Sors ! » J'hausse le ton espérant qu'elle comprenne. Je n'ai pas envie de lui répéter.

« Tes amis vont venir te voir. » Elle lâche en refermant la porte derrière elle, ne me laissant pas le temps de lui répondre.

Depuis quand je suis devenue comme ça ? A parler aussi mal à ma propre mère, à a peine sortir du lit.

J'ai fait de gros efforts au début, même si je refusais de voir certaines personnes, j'ai décidé de prendre sur moi. Cependant, c'est de plus en plus compliqué, de plus en plus long.

Le temps est tellement long, que parfois je me perds, parfois je cris tellement ma rage à l'intérieur de moi-même que j'ai l'impression que le temps s'arrête. C'est la fin, tout est fini.

Comme maintenant, alors que je suis devant le docteur Davis, mon psychologue. Ma mère et le docteur qui s'occupait de moi à l'hôpital, ont décrété qu'il était mieux pour moi que je parle avec quelqu'un. Comme je ne l'ai pas fait avec ma mère, je suis ici.

Il ne parle pas, gribouillant sur son carnet. J'ai envie de crier. D'extérioriser toute cette rage qui me ronge de l'intérieur.

« C'est comme... c'est comme une machine géante à l'intérieure de votre corps qui boue. Elle boue et fume, à la limite d'exploser. Cette machine, elle est à l'intérieur de votre corps, c'est une partie de vous. Une chose avec laquelle vous vivez constamment. Parfois, tout va bien. Il n'y a pas de fumée, pas de tremblement. C'est le calme total. Souvent, c'est assez ambigu, ça va bien puis une petite partie de la machine dysfonctionne le temps de quelques minutes, pas plus. Parfois, tout dérape. Comme si cette machine ne voulait plus rester à l'intérieur, vous savez. Elle me brule la peau, chauffe encore et encore. J'ai envie de l'extérioriser, de faire en sorte que tout s'enlève, mais rien ne marche. Alors j'attends, j'attends et plus le temps passe, plus elle boue. Le couvercle saute sur lui-même et tout va exploser. Je le sais, je le sens. C'est comme... si... si j'avais attends mon taux de tolérance, ma limite. Ce truc, c'est à l'intérieur de vous, en train de vous bouffer, petit à petit. Au début, vous essayez d'être fort, de ne rien montrer à votre entourage. C'est comme aller sous l'eau et retenir sa respiration... Longtemps, très longtemps. Ca fait tellement de temps que je suis sous l'eau que je suis en train de me noyer. Impossible pour moi de remonter à la surface. Vous savez le pire ? C'est de ne pas être capable de faire quelque chose tout seul. Il y a des personnes partout autour de vous. Presque trop, parfois. Ils cherchent à vous aider. Et nous, on leur demande de partir. D'abords gentiment, puis fort, on cri, on hurle. Même dans une foule, personne ne nous entends. C'est comme un appel à l'aide. Je crois que j'ai besoin d'aide. Parce que si je n'arrive pas à calmer cette machine un jour, je vais exploser, je vais finir écrabouiller, sans aucune âme, juste mon corps mais sans moi. Ce n'est pas ce que je veux. Je veux vivre, et j'ai peur. J'ai peur du moment où tout explosera. C'est une bombe à retardement et je ne veux pas devenir un fantôme. Je veux vivre, et j'ai peur. » Ma voix est érailler, comme si j'avais crié pendant des jours entier. Mon souffle est court et mes yeux fermés.

« Pourquoi vous êtes comme ça ? Pourquoi vous êtes au bord de l'explosion ? » Je m'humidifie les lèvres et rouvre les yeux. Son regard dirigé vers moi, il tapote le bout de son stylo avec son dos.

« Parce que je l'ai perdu. »

Il y a un long silence, comme un moment de doute. Il prend le temps de réfléchir à ses paroles, analyser.

Le temps d'un mois. (Justin Bieber fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant