SEMAINE DEUX - JOUR SIX (J)

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Justin

  « J'ai vu les infos. Justin, ça tourne partout. Tenez-moi au courant dès que vous en serez plus. Au plus vite. Will. » Je glisse mon téléphone dans ma poche et souffle l'air frais. Je suis sorti de l'hôpital par une porte qui mène derrière, loin de paparazzis qui essaient de démêler et de faire correspondre les morceaux de l'histoire. Je sais qu'on va leur devoir des explications, mais pas encore, pas de suite. Je ne suis pas prêt à expliquer quoi que ce soit.

Mec, bordel, mais qu'est-ce que t'as foutu ? Tu ne pouvais pas faire putain d'attention ?! Certaines personnes me prennent pour un fou. JE NE SUIS PAS FOU. Je suis inquiet, fatigué, à bout de nerfs. Je suis tout ce qu'il ne faut pas être à l'approche d'un combat. Je sais pertinemment qu'il ne sera pas annulé. On n'annule pas. La boxe, ce n'est pas ça. La boxe, tu fais tout ou t'arrêtes directement. Tu te fais défoncer la mâchoire avec les coups de ton adversaire, t'assumes ou tu retournes regarder des combats, chez toi, devant ta télévision. Si tu n'es pas fort mentalement, tu ne bouges pas de ton canapé et parfois, je me demande si je n'aurais pas dû faire ça depuis le début. Pourtant, je ne lâcherai pas. J'ai fait trop de conneries pour abandonner. Emma est morte à cause de ça. Je prouverai que tout ce que je veux en vaut la peine. J'y arriverai.  

  Éric nous demande tous de s'approcher de lui, dans la chambre de Jane, encore endormie. Je sais ce qu'il va nous dire. Je sais que ça va me faire me sentir encore plus mal que je ne le suis déjà, mais j'écoute. Je le regarde et j'écoute. Je la ferme et je l'écoute déballer les premières paroles. « Je n'ai pas envie de vous demander ça. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais annulé, mais, les organisateurs des combats de ce soir m'ont certifié que si je n'amenais pas mes combattants, ils ne feront pas partie des sélections de la semaine prochaine. » Je viens de me prendre un énième coup et j'ai l'impression que je ne respire plus. Quand Nathan se réveillera, il apprendra qu'il n'aura jamais ses chances pour être sélectionné à la LBW, Ligue des champions de boxe. Je veux parler, crier ma haine. Rien ne sort. Je regarde simplement le reste de mes coéquipiers, les yeux sur Éric, attendant la suite. Je n'ai plus envie d'écouter. Je n'aurais jamais pensé que ce stage se passerait dans ce sens-là. La douleur des entraînements, des repas équilibrés, les disputes, mais pas si fort, pas si violent.

« Drew, tu prends la place de Nathan. Je vais arranger les catégories. Lanee, Blaze et Laura, vous combattrez aussi, dimanche soir donc demain soir, techniquement. Je sais que tout cela va trop vite pour vous. Je sais que je n'ai pas le droit de vous obliger d'y participer, mais vous connaissez les conditions. Celui ou celle qui ne participe pas à ce combat, n'aura pas ses chances pour être sélectionné au championnat du monde, et peut être faire partie de la LBW. »  

  On a tous eu un rêve en acceptant le contrat avec BOXERS' COMPANY. Chacun de nous sait ce que cela représente. Même les filles qui ont une chance minime de gagner, elles le savent, elles n'ont pas fait encore assez de combats et si elles passent, seront recruter simplement en tant qu'amateurs. Nous, nous sommes en semi-pro et la catégorie est déjà plus élevée, mais cela reste une grande chance pour elles. Si je laisse tout tomber aujourd'hui, j'abandonne toutes mes chances de voir se réaliser mon rêve, de faire tout ce pourquoi j'ai commencé.

« Je reste. » Je prends la parole en premier. Éric hoche la tête, ne s'attendant pas surement à une autre réaction de ma part. Puis les garçons me suivent, Lanee et Laura aussi.

« Je suis désolé, Jane. » Éric la regarde puis s'éclipse de la chambre après nous avoir demandé de tous rentrer à la villa.

Son rêve ? Envolé. Volatilisé, en quelques secondes. Elle ne le sera qu'une fois réveillée alors j'espère qu'elle ne se réveillera que dans quelques jours, une fois que tout sera fini. Je m'éclipse à mon tour. Tout le monde sort et alors que je pensais que Lanee allait rester avec elle, je la vois fermer la porte de la chambre de Jane quelques secondes plus tard. Le reste du groupe sort dehors, pour prendre l'air. La plus petite du groupe se réfugie dans mes bras.

« Je suis fatiguée. » Je la sens lâcher entre mes bras alors je la serre un peu plus fort.
« On va rentrer, bébé.
- Je suis fatiguée. » Elle répété une nouvelle fois, cette fois-ci en chuchotant.  

  « Lanee. » Je relève son visage à l'aide de mon pouce et essuie les larmes qui défilent sur ses joues. Je la glisse de façon à pouvoir la porter entre mes bras et sort des Urgences.

Je la glisse sur le siège passager de la voiture dans laquelle nous sommes arrivés, tous les deux après avoir reçu les appels.

« Hé, hé. » Ma main glisse le long de ses cheveux puis vient se poser sur sa nuque. « Lanee, s'il te plaît, regarde-moi. » Elle secoue la tête, son visage est en partie caché par ses cheveux. Je les glisse d'un côté de sa nuque et embrasse sa mâchoire puis le coin de ses lèvres, plusieurs fois en caressant sa nuque de ma main libre et de mon pouce. Elle ne s'arrête pas de pleurer, mais ses sanglots se calment, petit à petit. Ses yeux verts fixent le pare-brise et ses lèvres sont rougies. Je la trouve belle. Là. Maintenant. Même si elle pleure et que ses joues sont remplies de larmes, qu'elle renifle et me repousse. Je la trouve belle.
Je sais qu'Éric et le reste du groupe sont déjà partis. Je ne vois plus leur voiture. Mon regard se repose sur Lanee qui n'a toujours pas bougé. « Tu sais, quand tu m'as demandé pourquoi j'appelais Sasha ; Angel ? Et que je t'ai répondu que c'était mon ange, après ça, je t'ai appelé ; Amour. Je le pensais sincèrement, Lanee. » Elle bouge un peu, en posant sa petite main sur la mienne. « Je pourrais te le dire tous les jours, toutes les heures, à chaque moment de la journée. Et... » Je cherche mes mots, en bafouillant un peu. « Il y a des étapes dans la vie. Certaines sont dures, d'autres violentes ou encore tristes. C'est grâce à toi que je peux enfin retrouver Sasha. Et... Merde c'est super incohérent ce que je dis, là. » Elle échappe un rire, timidement. Son regard, toujours devant elle. « Juste, je veux te dire que je suis là, ok ? Tu peux me parler et je suis peut-être un gros connard, parfois, je suis là pour toi. Je te promets. » Le petit corps que j'ai contre moi, bouge doucement avant d'entourer ses bras autour de mon cou.
« Moi aussi, je suis attachée à toi. » Elle laisse un bisou innocent contre ma nuque et se détache pour essuyer ses larmes. Elle sait me parler quand je n'arrive pas à trouver mes mots, sait me réconforter et trouver ce que mes phrases incohérentes et sans aucun sens veulent véritablement dire.  

  « On rentre ? » Elle hoche la tête et je l'attache après lui avoir posé mon manteau pour la couvrir. Il est hyper tard, ou hyper tôt, selon le point de vue. On va tous être épuisés demain.

Après avoir aidé Lanee à se changer et se mettre dans le lit, ce qui a appuyé le fait qu'elle était vraiment, vraiment épuisée, je suis descendu me prendre un verre d'eau. Éric est contre le plan de travail, des papiers dans les mains. Il ne dit rien pendant que je remplis mon verre d'eau puis, après s'être raclé la gorge, il lâche : « Est-ce que tout est bon ? » Il demande gentiment, au ton, un peu plus intime que celui qu'il emploie avec nous pendant les entraînements. J'hausse les épaules.
« Il va être détruit, Éric. Sa vie c'est la boxe. » Il me regarde, un long moment et dépose les papiers sur la table de la cuisine.
« Quand j'étais jeune, j'étais boxeur. » J'acquiesce parce que je suis au courant, il a même gagné les championnats de France en 1987. « J'ai fait de mon mieux pour arriver premier, à chaque fois. Je vivais boxe, je respirais boxe, je faisais tout boxe. Je pensais que ma vie s'arrêterait si je ne pouvais plus combattre, un jour. Puis, il y a des étapes dans ta vie, et j'en ai passé une. Je me suis fait une grosse blessure au genou et j'ai du tout arrêter. Au moment où l'on m'a dit que je ne pourrais plus jamais boxer, je me suis effondré. Pendant des semaines, et des semaines, je me suis apitoyé sur mon sort. Puis j'ai rencontré ma femme. J'ai eu mes enfants et je suis là aujourd'hui, Justin. Nathan y arrivera aussi. C'est dur, c'est long. Il y arrivera. On est là, avec lui, ok ? » un long silence s'installe, j'hoche lentement la tête et bois mon verre d'eau de la même façon.  

« Je suis désolée. » Je chuchote. Je suis désolé, pour beaucoup de choses. Je suis désolé pour Jane, pour Nathan, pour leur rêve. J'aurais donné ma place s'il l'avait fallu. Éric me tapote l'épaule, un sourire chaleureux aux lèvres.
« On l'est tous. » Il répond. Cependant, je n'ai qu'un seul but maintenant. Gagner le championnat et entrer dans la LBW, League Boxer of World. J'y arriverai, avec ou sans Nathan. Lanee fera tout pour, avec ou sans Jane.

Pour Nathan, pour Jane. On y arrivera.

Le temps d'un mois. (Justin Bieber fanfiction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant