Chapitre 10

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Je marche dans des couloirs sombres, qui sentent la peinture fraiche. Les murs sont noirs et seules quelques ampoules par-ci par-là illuminent partiellement le tout. Je ne sais pas depuis combien de temps je marche. Le moindre grincement me fait bondir, et je traine des pieds dans ma lente et douloureuse course. Mes jambes ont de plus en plus de mal à soutenir mon poids, et les draps blancs sur mes bras ne sont d'ailleurs plus du tout de cette couleur. Ils ont évidemment pris celle de mon sang, rouge. Mon visage lui, je n'ose l'imaginer. J'ai des mèches de cheveux devant les yeux, ma bouche est entrouverte, et je n'arrive plus à garder les yeux entièrement ouverts.

Je faiblis, je trébuche, ma vue se trouble. Je ne sais pas depuis combien de temps je marche exactement. Une minute ? Cinq ? Vingt ? Aucune idée, je suis complètement perdue. Il n'y a toujours aucunes portes qui se présentent devant moi, ou alors je n'y ai même pas prêté attention, tellement mon cerveau refuse de coopérer. Je peux entendre mon cœur battre à toute allure dans ma poitrine et mes oreilles bourdonnantes sont remplies d'acouphènes. Je me sens partir, je suis au bout de moi-même. Je décide alors de m'arrêter là, le long du mur et de m'y laisser tomber, pour peut-être récupérer des forces. Assise sur le sol poussiéreux, j'expire rapidement par la bouche et verse encore des larmes, je suis épuisée et déboussolée, qu'est-ce que je peux faire de plus maintenant ?

J'écarte les mèches rebelles trempées de sueur de mon visage avec mes doigts rougis par les hémoglobines. Je finis par poser une main sur mon front et attends que ça passe. Puis lentement je me laisse tomber sur le sol, je ne peux plus lutter. Très vite, le néant s'empare de moi et laisse place au noir complet... Je perds connaissance.

***

Je m'éveille. Qu'est-ce qu'il m'est arrivée ? Je... J'étais dans le couloir flippant puis... Merde. Je me suis évanouie. Cette fois je suis dans une pièce plus éclairée que la première. Mes bras ont changé de bandages. Ils sont maintenant dans de véritables bande de sparadraps et saigne moins que tout à l'heure. Je ne sais absolument pas combien de temps s'est écoulé entre ma perte de connaissance et le moment où je me suis réveillée. Après tout, je n'ai même pas envie de savoir.

Bordel, où est-ce que je suis ?!

Je baisse les yeux. Je suis debout, retenue et attachée par la taille par une ceinture de fer relié à quelque chose de... O mon Dieu, qu'est-ce que c'est que ça ?! Au-dessus de moi, se trouve une mâchoire de fer... Et je me trouve au milieu. Mon cœur s'emballe aussitôt. J'ai peur, vraiment peur, j'ose imaginer ce que Jake veut faire de moi... Ce mec est un putain de psychopathe de renommé.

- Sortez-moi de-là !

Soudain, j'entends une porte s'ouvrir, quelqu'un entre. De la lumière entre dans la pièce et l'ombre d'une personne apparaît. L'inconnu s'avance dans le noir puis passe dans la lumière : C'est Jake. Je fronce les sourcils et serre la mâchoire.

- Rebonjour Madame la bonnasse. Es-tu prête à crever, salope ?

- Laisse-moi sortir enfoiré... Je vais te faire bouffer tes tripes...

- Ohh pas si vite ! Tu vas mourir bien avant moi... Je te présente mon nouveau piège. Le piège à ours géant.

C'est donc ça la charpente métallique... Putain, mais qu'est-ce qu'il va me faire faire ?

- Comme tu le vois, tu es au milieu de ce piège... Et si tu ne veux pas qu'il se referme sur toi, il ne faut tout simplement pas bouger.

Je fronce encore plus les sourcils.

- N'ouvre surtout pas la bouche, Olivia, continue-t-il. Tu auras donc un temps indéfini et pendant cette limite, tu ne dois faire aucun geste, sinon... La mâchoire se refermera sur ton corps.

Je déglutis. Il faut que je sorte d'ici, s'il croit que je suis une petite nature, il se trompe drôlement.

- Alors je vais te laisser, dit-il en commençant à s'éloigner de moi.

- Ne me laisse pas ici sale chien !

- Tu ne seras pas seule, m'annonça-t-il en appuyant sur un interrupteur.

Ce qui se trouve devant mes yeux me fait à la fois sursauter et hurler. Là, à quelques mètres de moi, se trouve une dépouille, un corps déchiqueté. Mais lorsque j'effectue mon bond de surprise, le piège à ours bouge et se rapproche de moi. Soudain je me fige mais ne peux m'empêcher de crier et trembler. Le mécanisme continue à bouger, je ne peux faire autrement, ce qu'il y a devant moi est beaucoup trop horrible pour faire autrement.

- Comme tu peux le constater, Samuel est bien mort, enfin voilà ce qu'il en reste... L'avais-tu reconnu ?

Je ne peux répondre que par des sanglots et tremblements.

- Attention, ça se rapproche, Olivia. Ne bouge pas ! me dit-il d'un ton niais.

Je ne l'écoute même pas, tellement je suis scotchée et choquée par ce que je vois. Les restes de Samuel sont là, pendus par sa colonne squelettique, des lambeaux de chair absolument partout, des restes de vêtements. Je peux même distinguer une chemise et un pantalon tailleur au milieu de cette boucherie. Il n'a même plus de cheveux, laissant place à son crâne osseux et une mâchoire grande ouverte.

- Olivia ? m'appela-t-il avec un ton rempli de psychopathie.

Les mâchoires se rapprochent de plus en plus, mais je ne peux m'arrêter. Tout cet épuisement me contraint à continuer de sangloter et trembler comme jamais je ne l'ai fait auparavant. Je sens ma fin arriver, alors il va gagner, ce n'est pas ce que je voulais. A cause de moi, plusieurs personnes vont périr de la même façon que moi, ou même d'une pire manière, connaissant maintenant la dace cachée de Jake, ce serait carrément plausible. Alors pour tenter le tout pour le tout, je me plaque deux mains sur la bouche et ferme fort mes yeux alors que je tente tant bien que mal à rester en place. C'est alors qu'un silence mortel encombre la pièce, je ne dis plus rien, je ne fais plus rien, j'attends. J'attends que ça passe, ou j'attends plutôt que quelque chose se passe. Et au moment où le silence me paraît beaucoup trop inquiétant, j'entends Jake se déplacer autour de la charpente de fer. Ses semelles frottent sur le sol bétonné jusqu'à se positionner pile en face de moi, du moins c'est ce que j'entends et en conclu.

- Félicitation Olivia.

C'était lui. Je fronce les sourcils, sans pour l'instant ouvrir les yeux.

Qu'est-ce qu'il vient de me dire là ?!

Je finis par écarter les paupières, piquée par la curiosité. Il est bien en face de moi, les bras croisé, un regard rempli de malice et de malsaineté.

- Tu as gagné le droit de crever sous mes yeux.

Puis le piège à ours géant se referme sur mon torse, et un trou noir infini m'anéanti, je meurs.

Saw - Jake le fanatiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant