Une étrange aventure

Chapitre 14: Les magasins

Le lendemain matin, nous étions tellement épuisés de notre escapade que personne ne se réveilla à temps pour le petit-déjeuner. Ce fut seulement quand les femmes de ménage arrivèrent qu'elles nous réveillèrent car nous étions très en retard aux cours. Nous eûmes droit à un avertissement vu que ce n'était quand même pas le premier jour, mais les professeurs nous fîmes bien comprendre qu'il ne fallait pas que nous recommencions sous peine d'une très grave sanction. Nous étions soulagés d'avoir pu aller dehors la nuit sans nous être fait repérer, et en cours, nous eûmes tout le loisir de repenser à ce qui s'était passé. J'étais à côté de Nihal et Spencer était devant nous, à côté d'un garçon que nous ne connaissions pas. Il nous dit en chuchotant:

- Vous croyez que les profs ou le dirlo ont remarque quelque chose ?

- Je n'espère pas, lui répondis-je, parce que si mes parents en sont informés, ils vont penser que je voulais faire une fugue à cause de ce qu'ils m'avaient fais, ils s'en veulent déjà assez comme ça.

- Oui d'ailleurs tu vas te réconcilier quand avec eux ? me demanda Nihal, Edern m'a expliqué comment tu leur en voulais de ne pas te l'avoir dit.

- Je ne sais pas, en même temps je les comprends, mais dans un autre sens c'est très grave ce qu'ils m'ont fais, ils m'ont caché la vérité pendant quinze ans, ce n'est pas rien quand même et en plus, ce ne sont même pas eux qui me l'ont avoué à la fin.

- Si ça peut te rassurer, me dit Spencer, je n'ai pas parlé pendant deux mois à mes parents après ce qui s'était passé, c'est normal de se sentir trahi dans ces moments là, mais dans pas longtemps vous vous reparlerez et mettrez les choses au point.

- J'espère que tu dis vrai.

Il allait me répondre quand le professeur nous interpella:

- Si mon cour ne vous intéresse pas, vous pouvez toujours partir, ça ne me dérange pas plus que ça, mais vous aviez l'air en pleine conversation donc faites la donc partager avec la classe.

Tous les élèves nous fixaient et je me sentais devenir écarlate. Heureusement, Spencer avait gardé son sang-froid et répondit au professeur de Français:

-Nous parlions de la tirade de l'empereur Néron, nous disions à quel point il était cruel avec Junie et que les hommes ne devraient pas être sadiques comme ça.

Alors là, le prof était sidéré, je supposai que c'était ce fameux Néron que nous étions en train de parler car il nous dit presque immédiatement:

- D'accord je vous laisse le bénéfice du doute, mais que cela ne se reproduise plus.

Nous acquiesçâmes puis le cour reprit. A la sortie, nous nous précipitâmes vers Spencer pour lui poser les questions qu'on se posait depuis notre dernière discussion :

- Comment ce fait-il que tu savais déjà ce dont nous étions en train de parler ? Nous étions en pleine conversation, tu es télépathe ou quoi ?

-J'aurai pu mais non, me répondit-il, j'ai étudié ce passage l'année dernière et il nous avait donné les feuilles de la tirade au début du cour alors le rapprochement a été direct.

- C'est vrai que tu étais déjà là l'année dernière fit Nihal, mais tu as redoublé pour être avec nous ?

- Oui, pas tellement parce que j'avais des mauvaises notes, mais je séchais trop et ils ont préféré me faire refaire l'année que j'avais manqué, c'est comme ça. Enfin bref, nous n'avons pas cour pour le moment, ça vous dit d'aller faire un tour en ville ?

- Oui mais nous avons le droit de sortir entre les cours ?

- Evidemment, on peut même emprunter la porte principale, ajouta-t-il en souriant, aller venez je vais vous montrer comment on s'y prend.

Il nous amena à l'accueil où nous devions mettre nos noms sur une feuille, l'heure du départ et celle du retour de sorte que personne ne sèche les cours. Et comme ça s'il y a un problème, les profs peuvent aller ramener les élèves manquants.

Je trouvais cette méthode astucieuse vu tous les dangers qu'il y avait dehors, ou alors tout simplement quand ils se perdent. Pour notre part, nous avions notre propre guide alors ça devrait aller. La ville semblait comme la veille, mais nous sentions que c'était beaucoup moins dangereux. J'avais amené un peu d'argent au cas où il y aurait des boutiques sympas, et j'avais bien fait car il y avait toute sorte de magasins qui vendaient des vêtements bien sur, mais aussi des fioles, des balais, des potions, des charmes des parchemins, et tout ce que des sorciers aimeraient avoir. Il y avait des lunettes de soleil pour les vampires, même si ça ne servait pas à grand chose. D'ailleurs, je ne m'étais jamais demandé pourquoi mon frère le supportait. Bah, il faudrait que je lui demande à l'occasion. Nihal avait déjà repéré sa potion pour faire tomber quelqu'un amoureux, mais nous la contredîmes vite, moi parce que je ne trouvais pas ça normal d'être obligé d'utiliser un filtre pour que quelqu'un tombe amoureux, Spencer parce qu'il n'aimerait pas être à la place de quelqu'un qui serait obligé de tomber amoureux à cause d'une fiole. L'un comme l'autre suffit à lui faire changer d'avis. A la place, nous entrâmes dans une boutique d'antiquités située un peu à l'écart des autres. C'était un nain qui s'en occupait, un petit barbu amical et souriant. Il y avait toute sorte d'outils pour faire de la magie, mais surtout de la magie noire comme des grimoires anciens ou des poupées vaudous. Je n'avais pas besoin de choses pareilles, alors je fis le tour de l'établissement, et trouvai enfin ce que je cherchais. Une potion pour protéger quelqu'un des forces du mal et des cauchemars. J'en pris un pour mon frère qui depuis cette fameuse nuit n'arrêtait pas d'en faire. Notre temps de pause toucha à sa fin, alors nous rentrâmes au lycée avant que quelqu'un ne pense que nous avions séchés. Nihal avait acheté un balais de sorcière en disant que ça pouvait être pratique pour aller plus vite, et Spencer une arbalète qu'il avait trouvé dans la boutique d'antiquité. En conclusion, notre petite escapade n'avait pas servie à rien.