Chapitre 2: L'école

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     Nous avions pas mal de chemin à faire, car nous allions dans une école spéciale_  je ne savais pas trop en quoi_, d'après ce que l'on m'avait dit. Peut-être était-ce pour aller dans une filière spéciale qu'il n'y avait pas près de chez nous. En tout cas, j'espérais juste qu'on allait pas nous emmener dans une sorte de lycée pour l'armée ou quelque chose dans le genre. Bref, après avoir parcouru les cinq heures de car, nous arrivâmes sur une petite place où le chauffeur nous indiqua la fin du trajet. Je ne voyais pas d'école à l'horizon, mais je savais que nous étions dans la bonne ville. Comme si mon frère avait lu dans mes pensées, il me répondit que quelqu'un allait passer nous prendre pour nous amener vers notre nouvel établissement. C'était fou ça, j'avais l'impression que mes parents faisaient beaucoup plus confiance à mon frère qui était quand même plus jeune que moi. J'avais du mal à digérer le fait qu'ils lui aient confié des détails aussi important alors qu'à moi, ils m'avaient juste dit qu'on se reverrait pour les grandes vacances, comme si qu'on ne me faisait pas assez confiance pour tout me dire. Enfin bref, comme promit, une voiture arriva quelques minutes plus tard, et un homme s'arrêta devant nous et ouvrit la fenêtre :

"- Vous êtes Ever et Edern Hastian ?

- C'est bien nous, répondis-je, je suppose que vous êtes celui qui doit nous conduire jusqu'à l'école ?"

      Il ne se donna même pas la peine de répondre, referma sa fenêtre, ouvrir la porte et nous invita à entrer. Ce type ne m'inspirait pas vraiment confiance, et était très impolie, mais nous n'avions pas d'autre choix que de monter. Je ne comptais pas passer ma journée sur ce trottoir dans une ville dont je ne connaissais rien.

     Dans la voiture régnait une atmosphère pesante, l'air était sec, et nous ne pouvions à peine respirer. De vieux détritus qui devaient être là depuis plusieurs semaines au moins nous donnaient une odeur que j'aurais volontiers préféré éviter. Bien sur, je ne m'attendais pas à une limousine, mais quand même à une voiture un peu plus classe que ce vieux pot de yaourt où nous étions tant à l'étroit. Je me sentais vraiment mal, il fallait que je sorte le plus vite possible de cette voiture ou j'allais mourir asphyxiée. De plus, je n'arrivais pas à cerner l'homme qui était au volant, il me semblait un peu bizarre, comment dire, il y avait quelque chose qui n'allait pas sur sa tête, comme si il avait mit un masque. Il avait un visage plus gris que beige ou rosé comme nous tous, il était entre le gris et le vert, c'était assez étrange. Et ne parlons pas de ses yeux qui étaient heureusement cachés par ses cheveux noirs crépus, car de ce que je voyais, ils avaient l'air de ne pas avoir de couleur, je commençais à craindre qu'il ne soit aveugle. Cette idée me fit émettre un frisson, mais voyant qu'Edern n'était pas inquiet, je me ressaisis. C'était moi l'aînée après tout.

     Après quelque minutes de route, nous arrivâmes enfin dans une étroite allée parsemée de fleurs. J'avais l'impression qu'il y avait quelque chose de changé tout à coup, l'air était devenu plus sec et le paysage un peu plus coloré, c'était assez étrange et je me demandais vraiment ce qui avait bien pu se passer l'espace d'un instant. Il me semblait également que certaines fleurs s'étaient rajoutées, mais ce n'étaient que des petits détails sans importance et je devais sûrement avoir rêvé. D'ailleurs, je ne savais pas ce qui me faisait penser ça vu que rien n'avait changé dans le paysage. De plus, pourquoi y aurait-il un changement quelconque en plein milieu d'une route, non vraiment, je me faisais des idées. Et pourtant, je trouvais qu'il y avait quand même quelque chose de différent dans l'air, je ne savais pas trop quoi, mais il y avait quelque chose, et ça, j'en étais sure. Sûrement que je commençais à avoir des hallucinations à cause de l'air immonde de cette infâme voiture, il fallait vraiment que je sorte de là.

       Nous nous arrêtâmes quelques instants plus tard sur une place devant une gigantesque bâtisse. La paroi principale était en pierre et une grande porte en bois ornait la face avant du mur. Des statues d'hommes et de femmes étaient postés de tous les côtés de cet étrange établissement. En parlant de ces statues, je leur trouvais un petit côté étrange, certains semblaient nous suivre du regard, comme certains posters que j'avais dans ma chambre, mais en encore plus effrayant. D'autres avaient des oreilles plus pointues, peut-être un défaut de celui qui les avait créés, mais ce n'était pas ça le pire. De tous les côtés, il y avait des animaux plus étranges les uns que les autres, en statues également bien entendu, mais pour moi elles avaient l'air bien réelles. Juste mises sur pause pendant une course poursuite, elles étaient en fait de tous les côtés. Je frissonnais, il se passait vraiment des choses bizarres dans ce lycée et même si ça ne semblait pas déranger mon frère, je comptais bien découvrir pourquoi des chauves-souris, des sphinx ou encore toutes sortes de créatures de la mythologie grecque ou autres faisaient là. 

     J'allais poser la question à voix haute quand la voix métallique de notre chauffeur m'interrompu pour nous dire :

"- Suivez moi, nous allons entrer par le sous-sol pour que vous puissiez visiter un peu l'endroit où vous allez vivre."

      Je déglutis, les sous-sols. Nous n'allions quand même pas dormir là-bas, cela me semblait répugnant, je voyais déjà les rats s'agglutiner autour de nous pendant que nous marcherions dans les allées. Je n'allais pas tenir le coup. Je n'étais pas une petite fille douillette qui avait peur de tout ce qui était un peu sale, mais il y avait quand même une limite entre voir des rongeurs et dormir avec eux. Notre guide, que la voix me dégouttait autant que sa voiture, nous demanda de le suivre pour descendre un petit escalier entre les feuilles des arbres et les arbustes. Pourquoi ne pas passer directement par la porte principale et qu'est-ce que faisait un sous-sol dans un coin pareil. Je n'avais bien sur pas de réponse.

     Au fond de ce passage se trouvait une autre porte, plus petite et moins imposante que la précédente, en acajou. J'aimais bien cette couleur, elle me rappelait la porte de notre propre maison, celle que je n'allais pas revoir avant les prochaines vacances d'été. Notre conducteur nous fit un signe de la main pour que nous le suivions, puis entrâmes dans cet espace qui ne me donnait pas du tout envie. J'avais hésité à rester dehors le temps de la visite, mais finalement je m'étais résignée, il allait bien falloir que j'y aille de toute façon à un moment ou à un autre. J'entrai, avec quand même un petit peu d'appréhension.


Une étrange aventureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant