INSTINCT - Tome 1

•VII• ¥1

- Tu n'as rien à craindre ici, tu sais, il n'y a aucun monstre. Murmure Éric.

- C'est ce que je pensais en entrant dans l'eau de ma rivière... Cria-t-elle en se bouchant les oreilles.

Je m'approchai sentant qu'il fallait intervenir. Je mis accroupie face à sa petite tête triste.

- Je vais aller dans l'eau. Je lui dis impassible.

- Elès, ne lui parle pas avec rigidité.

Je le défiais du regard et j'enlevai mes chaussures et ma veste.

- Non, s'exclama la petite fille.

Je ne l'écoutai pas et m'avançai sans hésitation puis je dis :

- C'est ce que tu as fait non, tu t'es dirigé sans hésiter vers la rivière, car il n'y avait jamais eu de monstre avant. Et après...

La petite fille hocha la tête.

- Tu as plongé ? Je continue me préparant à plonger.

Elle secoua la tête, et regarda mes vêtements. Je déglutis, sa peur m'affectais énormément. Qu'est-ce que mon père avait fait ?

- Tu as enlevé tes vêtements ? Tu étais habillé ?

- Je faisais mes devoirs au bord de la rivière... Opina-t-elle

- Ok, donc tu as enlevé tes vêtements pour mieux nager, pour profiter de l'eau et ensuite ?

Je la vis hésiter, se remémorant ce qui s'était passé, son regard se vida juste après et comme je ne voulais pas perdre son attention, j'entrepris d'enlever mon tee-shirt et mon bas comme elle avait dû le faire, puis lorsque je voulus sauter, elle se mit à parler se rapprochant à petit pas.

- J'ai regardé la température de l'eau en plongeant mon pied continua-t-elle en me regardant inquiète.

Éric l'encouragea à en dire plus.

- L'eau était... chaude inhabituellement, mais... ça m'a incité à plonger, je voulais nager un peu...

Je plongeai dans l'eau, faisant un saut parfait, puis j'entendis le cri de la petite fille qui me disait de remonter le plus vite. Sous l'eau je l'écoutai pleurer sans remonter à la surface. Je remerciai Éric de la pousser à parler.

- Elle... Elle va, j'ai senti quelque chose, il était... Il est derrière elle !

- Quoi ? Qu'est-ce qui était derrière toi ? Comment le savais tu ?

- Je l'ai vu ! Ses yeux était noir, complètement noir ! Il était énorme tapis dans l'eau, il faut qu'elle remonte ! Elle va...Il faut qu'elle remonte...

Je fis une impulsion et je remontai à la surface. Lorsqu'elle me vit, elle me cria désespérément de revenir sur le bord et elle recula effrayée. Je nageai vers eux.

- Il va lui toucher la jambe, vite, il va lui toucher la jambe, plus vite, murmura-t-elle plusieurs fois en s'éloignant de la piscine.

En atteignant le bord je m'arrêtai, et elle ouvrit grand les yeux, à cet instant je sortis de l'eau pour ne pas l'inquiéter encore plus et prolonger ses souvenirs.

- J'ai réussis à sortir malgré tout, dit-elle dans les bras d'Éric.

J'ai eu mon information et j'ai aidé cette fille à y voir clair. Je regardai sous l'eau clair, mais aucune ombre menaçante n'était à mes trousses. Or je savais que si j'allais à la rivière en question, la menace sera présente, et m'aura probablement attiré vers lui. Je sortis de l'eau et quelqu'un m'offrit une couverture. Je remerciai Éric, sans trop me réjouir. J'étais déterminée à aller dans cette rivière, et Éric le sentis.

- Où est cette rivière ?

- Tu ne comptes pas y aller ?

- Non, je veux simplement savoir où est la rivière.

- Elès...

Il me jeta un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait. Mais il leva les mains en signe d'abandon.

- Viens.

Je le suivis jusqu'à un bureau dans l'autre partie du CDB. Le bureau était sombre sans fenêtre. Mon regard s'habitua très vite à la faible luminosité et je découvris la décoration des quatre murs de la pièce. Des photos empilées, des pages de journaux déchirées qui se concentraient uniquement sur des événements des plus mystérieux aux plus meurtriers. Des disparitions sans traces jusqu'à aujourd'hui, des retours à la vie où le corps vivait mais le regard projetait un vide absolu. Des femmes enceintes mais à l'apparence animales, des nouveau-nés avec des comportements animales ou bien naissant avec des troubles physiques et mentaux. On voit apparaître le plus souvent des accidents de voitures d'une violence inouïe et ce qui restait de la voiture n'était plus de l'ordre d'un simple accident mortel, mais une destruction volontaire et abominable, des corps retrouvés griffés ou à moitiés arrachés...

J'analysai chaque évènement sur les murs, espérant trouver un lien qui m'indiquerait l'emplacement de Zord, pour enfin me débarrasser de lui. Mais je savais que ce n'était pas aussi simple et que ces événements étaient le fruit des actes de monstres lâchés en plein nature. Il n'y avait aucun lien entre eux, je sentais simplement que les personnes mortes étaient là au mauvais endroit et au mauvais moment. Je prenais en compte chaque accident. Je haïssais le peu d'émotion que j'éprouvais en regardant les photos tragiques des défunts. Ces enfants pleurants la mort de leurs parents...

Tous ce que je pouvais faire c'était de manipuler mon intellect pour pouvoir trouver les solutions. Et les seules solutions étaient toutes très risquées. La première était d'aller voir Zord, lui dire d'arrêter et faire tuer toutes ses expériences, ce qui était beaucoup trop facile à mon goût, trop naïf et c'est probablement ce qu'il espèrerait que je fasse. La seconde solution était de les supprimer moi-même jusqu'au dernier. Dans tous les cas... j'affronterai mon père.