Je fis face à Côle qui me regardais au milieu de la foule.
Il portait un sac en plastique qui devait contenir des décorations pour sa fête. Le bruit s'arrêta, et je n'entendis plus rien durant un laps de temps. Le vent vint effleurer mes poils et un bruit de raclement à en donner la chair de poule, s'éleva derrière Côle. Je déglutis. Par-dessus son épaule se trouvait une petite allée sombre, entre deux bâtiments délabrés. Je vis une poubelle et deux paquets de déchets à côtés. Une souris fuit les lieux comme si elle savait. Puis un cafard, deux, trois... À mon grand désespoir je vis une masse remuer prêt de plusieurs cartons. Un SDF était endormi dans cette ruelle. Mes poils se dressèrent et mon cœur se resserra, il n'allait pas y survivre. Je sentais l'attaque du monstre à trois kilomètres, et je n'arriverais pas à temps pour l'aider. Côle me regarda avec inquiétude. Je courrais vers lui comme si ma vie en dépendait mais j'avais l'impression de ralentir, car je savais que j'allais arriver trop tard.
Les yeux scotchés par-dessus l'épaule de Côle, et le corps en mouvement au ralenti, je sortis de mon sac à dos, mon arme. Ma main trouva parfaitement le manche et je laissai mon sac tomber à terre. Lorsque Côle me vit avec l'arme, il ouvrit grand les yeux. Mais je n'avais pas d'yeux pour lui.
Tous se déroula très vite. Je courus vers lui voulant réduire l'espace entre nous, puis je pointai mon arme, par-dessus son épaule. Les pattes invisibles avaient repris leurs courses, et les cliquetis étaient plus rapide...
Une explosion retentit et le couvercle des égouts se projeta en l'air et laissa apparaître l'abomination même.
Huit pattes noires et poilus sortaient du corps d'un adolescent frêle. Son abdomen était écarté par ses côtes deux fois plus grandes que lui. Sa peau écartelée ne recouvrait pas tout son ventre et laissait voir l'intérieur de son abdomen, seulement recouvert par un film miel transparent. Son visage avait huit yeux qui roulait dans leurs globes, à la recherche de la proie qu'il avait sentit. Deux pinces noires sortaient de ses joues et claquaient l'un contre l'autre, faisant un bruit morbide avec un rythme à en faire trembler les morts.
Il ouvrit sa bouche en grand et une toile en sortit. Je tirai, écœurée par cette vision, la balle en flèche, projetée par mon arme, se ficha précisément à l'intérieur de sa gueule. Il referma sa bouche monstrueuse en l'avalant. J'avais deux petites minutes pour faire le nécessaire, c'était-à dire éviter qu'il ne se montre au milieu des passants jusqu'à ce qu'il s'éteigne. Côle se retourna, suivant mon bras puis lorsqu'il vit le monstre, j'entendis son cœur rater un battement.
- Oh non...chuchota-t-il dégoûté.
- Aide-moi au lieu de râler. Je dis en m'avançant vers le monstre le pistolet toujours braqué sur le gamin qui remuait ses pattes.
Je remarquai que le filet blanc gluant avait déjà enroulé le pauvre corps du SDF, Je me baissai instinctivement évitant une autre échappée de toile, puis je reculais évitant une patte noire. Mon instinct me prévenait de sa dangerosité. Il devait certainement contenir du poison. Je stoppais net devant le cocon que formait maintenant le corps du pauvre monsieur.
Plus qu'une minute.
Avec mon arme je touchais la substance blanche, mais mes yeux virèrent au rouge. Je fis une roulade arrière, remerciant mon agilité, puis je pris un carton et je le bloquais devant moi. Il me servit de bouclier au filet gluant du gamin araignée. Le carton fuma, le filet était aussi dangereux.
Moins de quarante secondes...
- J'ai appelé la société, dit Côle en me rejoignant derrière le carton troué.
- Bien, maintenant il faut éviter de le toucher et d'être en contact avec ses toiles, jusqu'à ce que la balle agisse.
- Comment ça, il faut le combattre !
- Avec quoi ? Les mains ? Pour info, on est impuissant, son corps est bourré de poison et...
Je sentis qu'une de ses toiles allait sortir de sa bouche à une vitesse plus importante que les deux autres. Je poussais Côle à terre et je me jetais contre lui pour qu'il ne se relève pas, le filet passa à ras de mon dos. Je tournai la tête voulant voir où il était allé s'écraser. A mon grand soulagement il n'est pas sorti de la ruelle. Une fumée verte en sortit et s'évapora.
L'araignée humaine tomba alors à la renverse et agita ses pattes en dernier signe de vie. Puis ils se replièrent sur eux même et vinrent recouvrir son abdomen. Un petit gargouillis vint accompagner la mort de la création.
Je commençai à regarder Côle mais je fus stoppée par notre proximité. Je ne pus respirer, mes yeux de lynx détaillèrent son visage, puis se plongèrent dans ses yeux...Le camion de la SCS, se gara devant la ruelle silencieusement et efficacement ce qui permit d'éviter les regards curieux. Je me relevais. Tison sortit du camion et se dirigea vers nous en courant, une arme en main. Il posa les yeux sur l'animal recroquevillé, sans être étonné. Il mit un gant et s'approcha de la création.
- C'est le deuxième cas d'araignée humain qu'on retrouve. Tu as fait un bon bouleau Elès.
- Je n'en suis pas fière, j'ai laissé mourir un homme.
- Alors qu'elle création échouée de ton père s'est manifestée ? Demanda Mark.
Il sortit du camion, une tablette à la main.
- Giantarachnid II !! S'exclama-t-il enthousiasmé. Toujours aussi intéressant à voir !
- Épargne-nous tes commentaires, soupira Côle dégoûté. Il y a un homme dans ce cocon.
- Eurk... Je n'aimerais pas être à sa place... Voyons voir s'il est vivant...
- Ne le touche pas.
- Pourquoi ?
- La toile est empoisonnée.
Il recula les bras en l'air.Pendant que les renforts s'occupaient de nettoyer la ruelle, je repris mon sac et remis l'arme à l'intérieur.
- Tu comptes t'en aller ? Me demanda Côle.
Il avait remis sa capuche et ses mains était dans ses poches.
- C'est une question idiote.
- C'est vrai. Tu m'accompagne chez moi ?
- En quel honneur ? Je dis étonnée.
- Tu arriveras en avance à ma fête.
- Je préfère me retrouver coincée entre deux araignées géantes.
Il étira un maigre sourire, et soupira.
- ...J'aimerais bien savoir la rumeur qui a déclenché ton mépris pour moi.- Tu n'as rien fait pour la contredire.
Je soupirai mettant mon sac sur mon épaule.
- Il y a à manger chez toi ? Je n'ai pas mangé depuis hier soir.
- Bien sûr.
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INSTINCT - Tome 1
Science FictionUn scientifique sous le pseudonyme de Zord, déchu de ses fonctions décida de faire ses expériences lui-même, au fin fond du monde, sur la terre Australe. Après plusieurs années de recherches et d'essais, il créa enfin la perle rare... --Le gène d'in...