Violence.

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Le fort pincement que je ressens au centre de ma poitrine me tire de mon sommeil. Il fait encore nuit, j'ai besoin de me lever pour soulager cette douleur. Harry dort, j'aurais aimé dire paisiblement, mais ce n'est pas ce que montre son visage endormi. Je me défais de son emprise.

Je suis totalement contre ce qu'il m'a avoué hier. Ça m'a déchiré, j'ai pleuré en me refermant physiquement sur moi-même. C'est presque égoïste envers lui même, c'était trop brutal pour moi. Il n'y a aucun choix à faire à ce sujet.

Je sors doucement de la chambre pour aller dans la cuisine. Je me passe de l'eau fraîche sur la nuque.

Je vais m'installer face à la vue avec un peu de musique, en gardant la main sur ma poitrine, espérant faire disparaître cette maudite douleur.

Est-elle apparue à cause de ce que m'a avoué Harry ?

Est-ce que l'amour est réellement associé au cœur d'ailleurs ? Et puis, comment cette association est-elle advenue ? On dit souvent : Le cœur a ses raisons que la raison elle-même ignore. C'est probablement vrai sur le plan physique et émotionnel, même si le mien ne doit pas en avoir une très bonne.

C'est désagréable d'aimer quelqu'un qui envisage de se donner la mort. On ne mesure pas l'importance de la vie, quand elle n'est pas directement menacée.

En ce qui concerne cette fameuse question entre science et croyance, je penche assez pour la science. La science est relativement concrète, bien que très compliquée, mais les théories de l'évolution me suffisent. Les croyances sont indéfinissables je suppose, c'est sans support concret pour ma conception des choses.

Et si on arrive à expliquer scientifiquement la vie et le commencement, on ne pourra sans doute jamais déverrouiller le portail de la mort. Je n'en ai étrangement pas peur, j'aurais juste aimé ne jamais le perdre. On ne sait rien de ce qu'il y a après et ça me dérange, ça sera peut être comme si notre amour avait jamais existé.

Cette douleur s'apaise peu à peu.

Je ne m'imagine pas être à sa place quand ça arrivera, il a déjà eu trop de soucis.

Je sais que ce moment est proche, peut être que l'amour le retarde un peu.

La douleur est moins forte mais toujours présente.

- Louis ! Louis !

Il se précipite, probablement à ma recherche.

- Hey calme toi, je suis là.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je n'arrive pas à dormir.

- Tu aurais dû me réveiller...

Il s'installe face à moi et dos à la baie vitrée, on ne se touche pas. C'est à peine si il me regarde, il joue avec ses bracelets, il passe ses doigts sur les lettres gravées sur son poignet.

Ça me fait mal cette situation, j'ai besoin qu'il me regarde, j'ai besoin de croiser son regard comme si c'était la dernière fois, surtout après ce qu'il m'a dit hier, alors j'attends.

Mais au bout d'un moment je ne tiens plus, je ne tiens plus ma peine ni mes larmes, je m'effondre.

- Tu vas me regarder putain ?!

Je vois ses yeux dans la nuit, enfin. Il se rapproche instantanément de moi et m'assoit sur lui. Il essuie mes larmes, nos fronts sont collés. Il ne pleure pas mais son visage se tord de tristesse.

- Excuse-moi.

Je ne parviens pas à répondre, j'attrape le bas de son t-shirt et je le serre. Il m'embrasse, même si mes larmes se mêlent à nos lèvres. Je réalise que je pleure pour pas grand chose, mais j'avais vraiment besoin qu'il me regarde.

Amoureux mais atteint.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant