La rue grouillait de proies potentielles malgré l'heure tardive et Cleo scrutait chaque individu en tâchant de rester discrète. Je guettais avec attention chaque mouvements de sa part m'indiquant que c'était à mon tour d'agir. Ses longues jambes s'agitaient légèrement à cause de l'impatience et son regard rencontra brusquement le mien. Elle désigna de la tête un homme, plutôt âgé, vêtu élégamment et je le suivis de près en tachant, toutefois, de garder une distance raisonnable pour ne pas être démasquée.
Le vent agitait mes cheveux châtains foncés et je les repoussai d'un geste brusque tout en continuant de suivre l'homme. Il se résigna enfin, après une centaine de mètres, à quitter l'allée centrale et à tourner dans une ruelle aussi étroite que déserte. Ce fut le moment que je choisis pour sortir le poignard qui dormait dans la poche de mon manteau. Je plaquai l'homme contre le mur et le menaçai en caressant son cou de ma lame aiguisée.
-Si tu cries, je te tranche la gorge. Maintenant, donne-moi ta montre ! lui ordonnais-je à voix basse pour ne pas alerter un quelconque sauveur.
Il fouilla dans ses poches de ses mains tremblantes et déposa, mal assuré, l'objet que je convoitais dans ma paume droite. Je rangeai ensuite mon couteau et m'enfuis en courant en évitant les rues fréquentées. Cleo m'attendait en bas, assise sur le sol en train de compter les pièces que nous avions dérobées plus tôt dans la soirée.
-Il ne t'a pas vu, j'espère, me dit-elle.
-Non, il faisait bien trop nuit, la rassurai-je en lui tendant la montre.
Ses doigts fins s'enroulèrent autours de l'objet et elle en scruta les moindres détails. Un sourire satisfait s'afficha sur son visage et elle leva la tête dans ma direction.
-Je pense que c'est de l'or. Tu nous a trouvé une petite fortune, Gabi.
-Tu avais des doutes concernant les compétences de ta sœur ? lui demandai-je avec un petit rire.
-Non, jamais cela ne me traverserait l'esprit. Nous devrions fêter cette petite trouvaille, qu'en dis-tu ?
-J'ai très envie d'une bière et d'un morceau de viande.
Elle se leva d'une manière abrupte en restant sur ses gardes par crainte que quelqu'un se soit dissimulé pour nous épier et elle nous mena jusqu'à notre taverne habituelle, d'un pas rapide.
Ses cheveux blonds étaient coupés très courts, comme ceux d'un homme. Ils donnaient à son visage un air assuré et brave qui, je devais l'avouer, lui saillait parfaitement. Sa bouche, à l'inverse, était extrêmement pulpeuse et contrastait avec la dureté de ses autres traits.
Elle poussa la lourde porte en chêne, me devançant de quelques mètres et j'entrai à mon tour. La taverne sentait l'alcool et l'odeur de sueur, presque animale, me donnait une nausée abominable.
Cleo se dirigea vers une petite table dont le bois semblait usé par le temps et elle s'assit de manière brusque sur un tabouret qui tanguait. Pour ma part, je m'installai juste en face et appelai Leïa, la serveuse, en levant la main.
-Qu'est-ce que je vous sers ? demanda-t-elle en se penchant légèrement en avant pour que l'homme de la table à côté puisque examiner sa poitrine généreuse.
-Deux bières, lâcha Cleo tout d'un trait.
-Je vous apporte ça tout de suite, reprit-elle en réajustant le chignon roux qui trônait au sommet de sa tête.
Leïa retourna derrière son comptoir et prépara nos boissons, ma sœur en profita pour faire allusion à nos premiers vols. Cela me semblait remonter à une éternité, à croire que le temps s'écoulait plus rapidement que le mistral.
A vrai dire, Cleo n'était pas réellement ma sœur de sang. Mes parents m'avaient abandonnée à ma naissance mais personne ne connaissait leur identité ni les raisons qui les avaient poussés à renier leur enfant. Néanmoins, jamais leur absence ne m'avait été pesante et puisque je ne les avais jamais rencontrés, comment aurait-ils pu me manquer ?
Quant à Cleo, son père était un pirate qui n'avait jamais eu vent de son existence et sa pauvre mère était morte en couche. Des voisins, n'ayant pas assez de moyen pour l'élever, l'avait donc confiée à l'orphelinat le plus proche. Nous nous y étions enfuies toutes les deux en se jurant de ne jamais se quitter et de vivre, ensemble, une vie de voleuses. Cela comportait certains inconvénients, nous devions rester assez discrètes et changions régulièrement de quartiers pour ne pas être arrêtées.
Leïa déposa deux verres débordant de mousse devant nous et nous la remercions brièvement. Les yeux de Cleo, sûrement à la recherche d'un nouveau trésor, rôdaient et je préférai vider le contenu de ma boisson d'une seule traite.
-Et bien, tu bois sans moi petite ivrogne ! s'écria-t-elle en portant le verre à ses lèvres.
Je laissai échapper un petit rire et elle me fit un petit signe, m'invitant à approcher mon oreille à la hauteur de sa bouche rouge.
-Ils sont tous complètement ivres, on pourrait facilement voler quelques pièces.
-La montre ne te suffit pas ? demandai-je, un peu paresseuse à l'idée de voler encore.
-Je vois bien que tu es fatiguée, je vais me charger d'attirer leur attention et tu dérobes leur bourse rapidement. Tu es prête ?
Je levai les mains vers le ciel pour lui indiquer que je m'opposai pas à sa stratégie et Cleo se leva en descendant légèrement son haut pour capter l'attention de ces messieurs. Elle battit des cils de façon appuyée et peu naturelle et je manquai d'être prise d'un fou rire, cela ne lui ressemblait tellement pas.
Le moment venu, je me levai et en mimant une attention de commander une autre bière, je chipai rapidement le petit sac en cuir d'un homme complètement ivre. Je continuai ma marche en me dirigeant vers le comptoir et soudain, une main d'homme saisit mon poignet.
***
Salut tout le monde. J'espère que ce premier chapitre vous plaît, je vais essayer de tenir une moyenne de 800-1000 mots. N'hésitez pas à me donner votre avis et à voter. :)
J'ai plusieurs chapitres d'avance donc j'essaierai de poster de façon régulière.
C'est moi qui ai fait la couverture donc je suis désolée si elle comporte quelques défauts ^^
damon-yack
VOUS LISEZ
La princesse des voleurs
Historical FictionAprès le drame que vient de connaître Gabi, une seule chose l'obsède : se venger de celui qui lui a tout pris. Vols, mauvaises fréquentations et combines louches, cette enfant de la rue ne reculera devant rien. De plus, la rencontre d'un parfait inc...