Les yeux de ma sœur était à présent clos et lui donnaient un air apaisé malgré la quantité de sang qui s'échappait de son abdomen.
Je poussai un sanglot sourd et me levai, décidée à tuer ces trois scélérats. Je me mis à courir, bousculant au passage, une femme qui rentrait chez elle. Plus rien ne comptait à mes yeux, ils m'avaient pris la chose la plus précieuse que je possédais.
Je descendis la rue malgré ma respiration qui devenait irrégulière. Je ne voyais même plus les murs dressés autours de moi, je ne distinguais plus que des larmes incessantes qui brûlaient mes yeux rougis par le chagrin. Ils n'avaient pas pu aller bien loin, étant donné le poids de cet immense coffre.
Un gémissement parvint à mes oreilles. Etrangement, il m'était familier et je me mis en quête de retrouver son propriétaire. Guidée par mon ouïe fine, je finis par tourner dans une artère de la ville et découvris Ali, couché sur le sol. Sa cheville semblait un peu amochée et je devinai qu'il n'était par parvenu à suivre la cadence de ses autres compagnons.
Je m'approchai de lui et saisis mon poignard que j'approchai dangereusement de sa carotide.
-Où est-il ? le menaçai-je.
Il leva la tête vers moi, tout en haletant et me demanda de l'épargner. Je lui donnai pour réponse un énorme coup de pied dans l'abdomen et approchai davantage la lame de son cou.
-Dis-moi où ce connard de Osman est allé où je te jure que je laisserai les rats de bouffer vivant !
-Il... il... m'a laissé ici parce que je ne marchais pas assez vite.
-Cela me fait une belle jambe, soupirai-je ironiquement en regardant la sienne qui le faisait tant souffrir.
-Pitié, ne me tue pas. Tu vaux beaucoup mieux que lui, tu n'es pas un assassin...
Le dernier mot qu'il prononça me rappela Cleo et je me mis à pleurer.
-C'est de votre faute si elle est morte ! hurlai-je.
Il s'adossa contre le mur à l'aide de ses mains ce qui lui arracha une grimace. Il posa ensuite sa main sur la mienne et me jeta un regard compatissant. Ses yeux avaient l'air sincères et je rangeai mon couteau.
-Il vous a trahi aussi, lâchai-je. Aidez-moi à assouvir ma vengeance. Il vous a laissé mourir ici, c'est un traître !
Il hocha la tête légèrement et je l'aidai à se relever. Nous nous dirigeâmes ensuite dans la ruelle où Cleo reposait. Je me devais de lui offrir des funérailles digne de ce nom, je ne pouvais l'abandonner comme un vulgaire animal qui se ferait dévoré par des charognards.
***
Après avoir enterré Cleo, Ali me proposa d'aller me reposer quelques temps. Nous louâmes une chambre pour la nuit et il insista pour me donner le lit. Je ne pris pas la peine de le remercier et je m'écroulai sur le sommier.
Je me méfiai toujours de cet homme mais ma conscience me soufflait à l'oreille que je devais lui faire confiance. Il était la seule personne qui pouvait me mener jusqu'à Osman et me permettre de le tuer. Je n'avais pas le choix, il était mon unique espoir.
Je fis mine de dormir quelques instants afin de voir ce qu'il ferait en mon absence. Je vis son reflet dans un petit miroir, accroché au mur juste devant mes yeux. Si il avait voulu me tuer, il l'aurait déjà fait ou il se serait enfui. Je déglutis et mes paupières se fermèrent définitivement.
Lorsque j'ouvris les yeux, le lendemain matin, Ali dormait toujours, recroquevillé sur lui-même. Sa bouche était légèrement entrouverte et je secouai son épaule pour le réveiller.
Il poussa un petit gémissement qui contrastait avec son âge et je me mis à rire. Il me rendit son sourire et je l'aidai à se relever. Visiblement, sa cheville s'était rétablie et lui permettait de tenir debout sans un appui. Nous descendîmes manger quelque chose à la taverne, sans s'adresser la parole.
Ce fut lui qui rompit le silence, après avoir englouti plusieurs morceaux de pain.
-Je veux bien t'aider mais il faut que tu me parles.
-Il faut que vous me disiez où cette ordure d'Osman a décidé de se rendre.
-Notre bateau devait se rendre vers la Nouvelle Espagne en longeant les côtes anglaises.
-Votre bateau ? répétai-je assez surprise.
-Ne me dis pas que tu ignores qui nous sommes, dit-il avec un petit sourire moqueur.
Je croquai dans un morceau de pain et secouai la tête de droite à gauche, la bouche pleine. Je lui fis ensuite un signe pour l'inciter à m'en révéler plus.
-Nous sommes des pirates.
Je recrachai toute la nourriture que j'avais dans la bouche et le regardai avec un air étonné. Cela lui arracha un petit sourire et je changeai mon expression immédiatement, je haïssais les gens qui se moquaient de moi.
-Peu importe, toujours est-il qu'il faut que nous retrouvions Osman. Nous avons besoin de reprendre la mer.
-Et, j'imagine que vous n'avez pas de bateau à disposition, pestai-je en levant les yeux au ciel.
-Non, en effet, mais je connais quelqu'un qui déteste Osman encore plus que toi. Aux dernières nouvelles, il devait accoster dans une ville à une trentaine de kilomètres dans deux jours.
-Il faut que l'on se dépêche, dis-je en me levant.
Je déposai quelques pièces sur la table pour payer ce que nous avions mangé. Aussi paradoxale cela soit-il, je n'aimais pas voler les commerçants qui vivaient dans la misère, peut-être parce que je me voyais à travers eux. Ali me suivit de près et me demanda où je comptais aller.
-Rassembler mes effets personnels et aller voler deux chevaux, avez-vous une meilleure idée ?
-Non.
-Très bien, poursuivis-je en accélérant le pas.
Il était bien plus petit que moi et se mit à trottiner pour suivre le rythme de ma marche. Je fis preuve d'un peu de compassion en ralentissant et il me remercia d'un petit hochement de tête.
***
J'espère que ce chapitre vous a plu, j'attends vos avis en commentaire :p Je ne pourrai pas publier la semaine prochaine (mais mes chapitres sont prêts) donc je m'excuse d'avance pour l'attente. De plus, je pense ralentir légèrement le rythme de publication car 1000 mots, c'est assez long quand même (2 fois par semaine peut-être).
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La princesse des voleurs
Historická literaturaAprès le drame que vient de connaître Gabi, une seule chose l'obsède : se venger de celui qui lui a tout pris. Vols, mauvaises fréquentations et combines louches, cette enfant de la rue ne reculera devant rien. De plus, la rencontre d'un parfait inc...