Cleo saisit la corde et commença à grimper, suivie de très près par l'autre homme. Arrivée en haut, je remarquai des gouttes de sueur perler au coins de ses tempes. Malgré un courage sans limite, Cleo avait toujours été paralysée par la hauteur et souffrait de vertige bien qu'elle essayait de le masquer.
-Nous allons nous séparer pour chercher le trésor que cache ce riche. Normalement, il s'agit d'un coffre rempli de pierres précieuses. Ne faites pas trop de bruit pour ne pas alerter le voisinage, chuchota Ali.
J'empruntai un long couloir qui me semblait interminable et entrai dans une petite pièce qui devait être, à première vue, utilisée comme bureau. Une bibliothèque imposante dominait le reste des meubles et je décidai de regarder au-dessus. Je montai sur une chaise et escaladai ensuite les différentes étagères afin de jeter un coup d'œil. Il n'y avait qu'une petite boîte en fer que je saisis.
Je redescendis silencieusement et déposai ma trouvaille sur le bureau. A mon plus grand regret, elle était fermée et je m'enquéris de trouver la clé. J'ouvris un à un les tiroirs du meubles en merisier et renversai leur contenu en tâchant de ne pas être trop bruyante. Je trouvai seulement des morceaux de fils de fer et essayai de crocheter la serrure. Je réussis après plusieurs tentatives et soulevai le petit couvercle émeraude de la boîte.
Il n'y avait que quelques lettres romantiques entre cet homme et une certaine Rosalie. Les lettres avaient été tracées avec habilité et la curiosité me poussa à en lire certaine. Je les reposai ensuite sur le bureau, en souriant, me sentant idiote d'oublier mon véritable objectif à cause de quelques lignes niaises.
Puis, je me penchai de plus près et une lettre attira particulièrement mon attention. Elle était datée de quelques semaines seulement.
Mon amour,
Aucun jour ne passe sans que votre nom ne me brûle les lèvres. Néanmoins, je me vois dans l'obligation de vous faire part d'une urgence.
De nombreux vols ont eu lieu dans le quartier où nous résidons mon père et moi. Je crains que notre demeure soit la prochaine cible de ces voyous.
Ce n'était pas l'oeuvre de Cleo et moi mais sûrement celle d'Osman qui venait d'arriver en ville.
Aussi, je vous demande, avec ma plus grande confiance et tout mon amour, de cacher un coffre contenant notre fortune, bien à l'abris. Je viendrais le rechercher durant votre absence. Je vous invite à le dissimuler dans un endroit chaleureux.
Je compte sur vous et votre amour pour comprendre mes intentions.
Je vous aime,
Rosalie
Cela ressemblait à une énigme que je devais résoudre. Un lieu chaleureux pour deux amants signifiait sûrement une chambre et bien que cette facilité m'étonna légèrement, j'entrepris de me diriger vers la pièce concernée.
Cleo était en train de renverser tout le contenu des armoires et sortis en grognant qu'il n'y avait rien ici. Je descendis alors au rez-de-chaussé, laissant l'étage pour le moment. Un grand salon luxueux m'invita à m'asseoir quelques minutes sur un fauteuil brodé quelques instants. Mon regard se dirigea vers les rideaux rouges en velours et je me mis à imaginer à quel point il devait être bon de pouvoir acquérir autant de richesses.
Je m'approchai de plus prêt pour examiner les vaisseliers, les moulures sur les murs et la cheminée, située au centre de la pièce. Un portrait était accroché juste au-dessus et représentait une famille unie et souriante, sûrement les propriétaires de la maison.
Je regardai de nouveau la cheminée et poussai un petit cri. Un lieu chaleureux, cela ne pouvait être que cela. Je mis mes mains à l'intérieur à la recherche d'une petite trappe qui aurait pu contenir le coffre, tant recherché. Je poussai légèrement et réussis à entendre un léger cliquetis.
Je sortis l'imposant trésor en bois et le déposai sur le sol. Je l'ouvris pour me certifier que je ne m'étais pas égarée et découvris de nombreuses pièces d'or et pierres. Il y avait également au fond, un parchemin enroulé que je glissai dans ma manche. Il devait sûrement s'agir d'une autre lettre d'amour que je prendrais le plaisir de lire plus tard.
Je remontai l'escalier à pas feutré et fis part de ma trouvaille à Cleo et Ali. Un sourire satisfait s'afficha sur le visage du petit homme et je ne lus aucune pointe de fausseté dans son regard. Peut-être m'étais-je trompée sur leur compte après tout.
Cleo saisit le gros coffre dont j'avais pris soin de refermer auparavant et nous le fîmes descendre doucement par la fenêtre à l'aide du coulissement de la corde. Un léger bruit m'indiqua que l'atterrissage avait été fructueux et j'essuyai du revers de ma manche le voile de sueur qui s'était installé sur mon front.
Ali se rua vers la sortie et à en juger par son cri aigu, s'était sans doute blesser dans sa chute. Je lui avais pourtant recommander pendant plusieurs minutes de se laisser glisser le long de la corde en gérant sa vitesse. De son côté, Cleo fut une meilleure élève et je m'apprêtai à la rejoindre à mon tour.
Ali et ma sœur portèrent le coffre de part et d'autre en peinant un peu plus au fil des mètres. Quant à moi, je vérifiai attentivement que nous n'avions laissé aucun indice capable de nous identifier.
Je rejoignis ensuite le reste du groupe qui se trouvait à présent dans une petite ruelle, l'endroit où même les chats errants n'osaient pas s'aventurer à une heure aussi tardive.
J'étais à une cinquantaine de mètres d'eux mais je parvins à distinguer tout de même Osman qui ouvrait le coffre. Cleo s'approcha ensuite de lui, sans doute pour réclamer sa part du butin. Je m'approchai davantage pour pouvoir m'interposer au cas où cet abominable individu aurait souhaité nous berner.
Je le vis sortir un couteau et le planter dans l'abdomen de ma sœur. Elle poussa un hurlement et tomba sur le sol à genoux. Je portai mes mains à ma bouche, paralysée par la stupéfaction pendant plusieurs secondes. Puis, lorsqu'un peu de lucidité m'était revenue, je me mis à courir à toute vitesse vers ma sœur tandis qu'Osman et ses compagnons s'enfuyaient, tels de minables lâches, avec le coffre.
Le sang coulait toujours et je me doutais qu'il serait trop tard pour la sauver. Je pleurais de plus en plus et mes sanglots devinrent de plus en plus étouffés.
-Cleo, mon Dieu, je suis tellement désolée...
Elle prit ma main dans la sienne et me regarda avec amour, cet amour qui nous avait uni pendant tant d'années, celui qui était notre force. Je vis une larme ruisseler le long de sa joue mais elle afficha un petit sourire qu'elle aurait aimé réconfortant.
-Je t'aime. Souviens-toi toujours de ce que je t'ai dit. N'oublie jamais d'où tu viens Gabi, ne renie jamais celle que tu es, gémit-elle.
-Cleo...
-C'est la fin, je suis désolée...
-Non, j'ai besoin de toi.
-Non, tu es une femme maintenant... tu es forte. Venge-moi... acheva-t-elle avant de s'éteindre.
Je hurlai et la pris dans mes bras, mes larmes jaillissant.
-Je te le promets, lui chuchotai-je en l'embrassant sur le front.

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La princesse des voleurs
Narrativa StoricaAprès le drame que vient de connaître Gabi, une seule chose l'obsède : se venger de celui qui lui a tout pris. Vols, mauvaises fréquentations et combines louches, cette enfant de la rue ne reculera devant rien. De plus, la rencontre d'un parfait inc...