Chapitre 10

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« Il y a ceux qui parlent. Il y a ceux qui voient. Et puis il y a ceux qui savent faire les deux. Fascinant n'est-ce-pas ? Ceux qui parlent et ceux qui voient seront en conflits constants, parce qu'ils n'ont pas la même vision de la vie. En revanche, ceux qui savent faire les deux les contrôlent, il s'agit de leur chef, ils savent manipuler la langue grâce à ce qu'ils voient. Ils vous embobinent sans que vous le sachiez, vous n'êtes plus qu'une marionnette avec eux, un jouet qui accomplira tout ce qu'il ou elle veut.

De quelles catégories fais-tu parties ? On aimerait tous dire faire partie des leaders, mais c'est faux. Il faut de tout pour faire un monde après tout. »

Elle était là, dans la pièce, à roder comme une prédatrice. Quand elle s'approcha soudain de la jeune prisonnière, elle avait l'air ailleurs, comme si elle était possédée. Elle n'était plus qu'à quelques mètres l'une de l'autre. Laura et elle se faisaient face, se regardant dans les yeux. Laura pouvait distinguer ces prunelles qui paraissaient si folle à l'instant où elle lui parlait.

« Qui es-tu ? Reprit-elle, celle que tu prétends être ou la vraie personne que moi je vois ? »

-Et que voyez-vous en moi ? Osa Laura.

-A ton avis ? Répondit la chef de ces lieux.

Sous l'air ébahi et perdu de Laura, Milla prit sa tête en soupirant tout en reprenant.

-Tu penses que je réserve ce sort à tous mes prisonniers ? Mais ne te sens pas exceptionnelle pour autant, peut-être que je me trompe en fin de compte. Puis sur ces mots elle partit laissant seule Laura qui ne comprenait plus ce qui lui arrivait.

Milla était comme ça, pleine de mystères, difficile à décrypter. On ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait tant qu'elle ne l'avait pas. La seule chose dont j'étais sûre à son propos, c'est qu'elle n'avait pas peur de mourir, enfin logique que je sache ce genre de choses considérant mon rôle dans l'histoire me direz-vous. Je sais que mon rôle vous intrigue, mais je vous assure que bientôt vous saurez qui je suis. Suis-je une personne ? L'auteure ? Ou bien un narrateur bien trop proche de son personnage ? Sur cette réflexion, reprenons notre histoire.

J'aimerais vous dire que le reste de la journée a été captivant. Mais cela serait vous mentir. Il y a des jours comme ça, où il n'y a aucune activité dans le camp, la seule chose qui bougeait était le temps, mais rien d'autre. Ceux qui étaient en mission avaient bien plus d'animations, que cela soit mission de patouillages, de surveillance, de réapprovisionnements, ou même de livraisons. Autant vous dire que je les enviais, depuis que les révoltes étaient finies, c'était le calme plat, un ennui profond, et Milla le ressentait tout aussi bien. Elle détestait errer sans but, vivre sans but. Elle n'avait pas eu de nouvelles de Hoyt ou bien de Vaas. Ni l'un ni l'autre n'avait daigné l'informer, ils s'étaient juste contenter de lui dire de tuer ces Rakyats. Elle avait entendu parler d'eux, mais juste quelques histoires sans queue ni tête. Celle qui les dirigeait était une femme puissante qui croyait en la puissance d'un grand guerrier et qui voulait prendre le contrôle de leur île complètement. Pourquoi cette manie de vouloir tout contrôler, cette volonté d'être un chef ? Milla s'en serait bien passée, c'était un fardeau plaisant, mais un fardeau quand même.

Depuis qu'elle était la chef ici, elle avait moins de liberté qu'on aurait pu le croire, elle ne pouvait pas faire tout ce qu'elle faisait quand elle n'était qu'une simple milicienne. Même pour les fêtes, elle devait à présent les organiser. Les autres t'apprécient mais reste effrayés par ta personne, ce qui signifie que tu ne resteras jamais qu'un chef à leur yeux. Enfin, ce point-là ne dérangeait pas Milla, elle avait eu très peu de bons amis, et à présent, la plupart était mort.

Une journée longue et ennuyeuse. La chaleur régnait sur ces douces tropiques. Même la jungle était calme.

Puis comme un éclair, notre belle Milla se leva brusquement. Une idée lui avait traversée l'esprit tandis qu'elle lisait. Elle se dirigea vers La Prison.

Si vous ne savez pas ce qu'est La Prison, du moins si vous ne l'avez pas deviné, La Prison n'était autre que la cave où l'on mettait les otages. Ils avaient chacun une cellule faite que de murs. Ils ne voyaient pas la lumière, il faisait froid, et lorsqu'il pleuvait, il arrivait que l'eau inonde légèrement La Prison.

Des otages, il y en avait peu, cette île n'était pas connue, mais lorsqu'il y en avait, ils arrivaient par dizaine et on en profitait, ou alors c'était des rebelles de l'île, et puis s'ils finissaient par nous lasser, dans ces cas-là, nous en finissions avec eux.

Je savais ce que Milla avait en tête, c'était une chose qu'elle faisait lorsqu'elle s'ennuyait, il y avait un des otages en bas qui n'apportait plus rien et sans vous laissez de suspens, elle allait le tuer. La plupart du temps où Milla tuait, c'était sans raison apparente, elle s'ennuyait et qu'il s'agissait de la seule distraction amusante dans ces moments horriblement long et lent. Elle ne faisait pas partie de ces fous qui voulaient détruire le monde, elle faisait partie de ces fous totalement sain d'esprit qui voulait combler le vide de leur existence, mais malgré cela, un fou reste un fou, pas vrai ?

Elle descendit les marches de La Prison, qui se situait dans la partie ouest du camp, saluant les gardes qui plaquèrent leur armes contre leur torses à sa venue en guise de bienvenue.

Puis se dirigeant vers la cellule en question, cellule qui appartenait à un jeune qui faisait partie de la révolte, elle ouvrit la porte laissant celle-ci grande ouverte permettant au prisonnier de distinguer la sortie tout en sachant qu'il n'avait plus qu'une seule issue ; la mort. Étonnant me direz-vous.

Elle s'accroupit devant lui, le regardant dans les yeux, soupirant avant de s'exprimer.

-Je suis désolé... Elle prenait un air confus comme si elle était réellement déçu. L'otage ne semblait pas comprendre pourquoi une telle attitude. Était-elle désolée de l'avoir traité comme ça ? D'avoir détruit sa vie ? Ou celle des autres ? Il était perdu. Puis elle reprit.

-Je suis désolé que le courant ne passe pas, j'ai beau te torturer, ça ne passe pas, s'exclama-t-elle solennellement.

-Vous êtes complètement dingue ! Hurla l'homme enchaîné.

-En effet. Mais c'est ce qu'il faut dans ce monde, elle le regardant décryptant ces émotions, tu comprends, j'ai vraiment essayé, mais quand ça passe pas, ça passe pas. C'est peut-être ta tête de bite, ou peut-être le fait que tu es tenté de détruire notre pouvoir.Je ne sais vraiment pas. Mais bon, quoi qu'il en soit le résultat est le même pas vrai ! Elle s'empara du couteau à sa ceinture, le scrutant en profondeur, analysant les détails sur le manche. Puis elle fixa sa victime.

-Une si jolie lame... Dis-moi... Combien de litres de sang contient l'homme dans son corps ? Demanda-t-elle.

Elle s'approcha dangereusement, attendant une réponse, puis se mit à lui sourire à l'absence d'une réponse et lui planta la lame dans sa gorge tandis qu'une giclée de sang sortie de sa trachée.

-La réponse était entre quatre et six litres, dit-elle en retirant la lame tranchante de sa victime en rigolant.

Wonder Wasted LandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant