Chapitre 17

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C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière...

Un mois. Un mois sans nouvelle de lui. Laura n'en pouvait plus. Elle suffoquait de l'intérieur. Milla lui avait bien dit qu'il allait bien mais pourtant, elle avait toujours ce mauvais pressentiment. Ce soir-là, il y avait une fête, elle n'avait pas le coeur à y aller, loin de là. Elle préférait rester sur la plage, assise dans le noir, à regarder et écouter les vagues se balancer en cadence avec le vent.

Comment sa vie avait pu basculer ainsi? C'était bien la question qu'elle se posait chaque jour ici sur cette île si loin de toutes civilisations. Elle était mitigée à vrai dire; cet endroit lui plaisait, elle était loin de tout, loin de la vie moderne qui nous oblige à payer des impôts, des taxes, loin des tracas quotidien; pourtant, sa famille, ses amis, ils devaient être effrayés à l'idée qu'elle soit morte. Ils devaient s'inquiéter. Se demander où ils avaient pu disparaître. Et s'ils pensaient qu'ils les avaient abandonné? Étrangement, ils ne lui manquaient pas tant que cela, était-elle égoïste? Elle ne savait plus, elle avait tant découvert sur elle depuis son arrivée ici.

Elle soupira à cette idée. Au loin, on entendait la rumeur de la fête, la musique qui ne s'arrêtait pas, les rires, les cris de joie. La vie continuait malgré tout. Sans s'en rendre compte, quelqu'un s'assit à côté d'elle, il n'y avait pas de doute sur la personne. Il s'agissait de celle qui avait changé sa vie pour le meilleur et pour le pire.

-Tu ne viens donc pas t'amuser avec nous? Notre compagnie te déplait tant que ça?

Laura tourna la tête et ne put s'empêcher de sourire, elle savait que la réflexion de Milla n'avait rien de méchant, c'était juste sa manière de lui demander ce qui n'allait pas, elle avait fini par comprendre après tout ce temps passé avec elle.

-Non, je n'avais pas la tête à faire la fête, j'avais juste besoin de calme...

Milla la regarda un instant comprenant tout à fait.

-Mmmmh... Je vois. Me permets-tu de me joindre à toi?

-Ai-je le choix? demanda Laura malgré tout.

-Non.

Laura réprima une nouvelle fois un sourire; Milla était ce qu'elle était, néanmoins, il s'agissait d'une des rares personnes à se soucier d'elle, malgré les apparences.

-C'est fou... se contenta de dire Laura.

Milla s'allongea sur le sable tout en soupirant avant de lui répondre.

-Qu'est-ce-qui est fou au juste?

-D'où je viens, la nuit, ce n'est absolument pas calme, s'en est même dangereux de se promener la nuit dans les rues, là-bas, j'avais peur de me faire racketter ou même agresser si je rentrais tard le soir.

-Eh bien... Vous aurez beau dire, mais vous n'en restez pas moins cruel que nous.

-Tout le monde n'est pas comme ça, mais il faut se méfier disons... Ce que je veux dire, ici, je n'ai pas peur de me promener la nuit, à part qu'un tigre vienne me manger, c'est tout ce que je risque. C'est calme, loin de tous ces problèmes qui nous paraissent si important, mais qui pourtant sont si futiles...

Le silence s'imposa quelques instants, Milla semblait réfléchir à ces propos, elle avait très certainement picolé, voir s'était peut-être même droguée, ce n'était pas le genre de personne dont Laura se serait liée en tant normal, mais ici, rien n'était normal lorsque l'on y regardait de plus près.

-Et pourtant, tu ne peux pas t'empêcher d'être mal, pourquoi? demanda-t-elle après réflexion.

Le silence reprit de nouveau place, ne laissant plus que les vagues s'exprimer.

-Dave, c'est ça? Tu t'inquiètes et il te manque.

Milla s'était fait sa propre conclusion, elle savait cerner les gens.

-Pourquoi? Je veux dire, pourquoi l'avoir choisi lui pour cette mission, alors que tu as une armée d'hommes et de femmes à tes bras?

Sa question n'était pas pleine de reproche; elle voulait juste savoir.

-Mets-toi deux minutes à ma place, dit-elle en se relevant époussetant le sable resté coller à elle, je connais chacun de ces hommes et de ces femmes qui travaillent pour moi, je connais leur nom, même leur vies. La plupart m'ont vu grandir, et d'autres, c'est moi qui les ai vu grandir, qui les ai entraîné. Je leur voue une confiance énorme et eux me vouent une confiance énorme. J'aurai pu envoyer mon meilleur homme ou ma meilleure femme là-bas, et je sais qu'il ou elle aurait accompli cette mission avec succès, mais je ne l'ai pas fait pour deux raisons; la première, c'est que nous avions déjà des problèmes ici, je ne pouvais me passer d'aucun d'entre eux. La deuxième, je ne pouvais pas en envoyer un seul dans des terres inconnus, pour jouer le rôle de taupe dans une tribu inconnue, pour aider des personnes que je ne connaissais que vite fait. Alors j'ai envoyé Dave, simplement.

Laura aurait pu se mettre en colère, mais elle comprit, sa réflexion avait du sens.

-Comment tu as pu avoir confiance en Dave alors que tu ne le connaissais même pas?

-Parce qu'il t'aime et qu'il ferait tout pour toi, il fait tout ça juste pour toi, c'est beau non?

-C'est du Dave tout craché... Comment va-t-il?

-Pas trop mal, si ça peut te rassurer, Milla se mit debout prête à partir quand elle se résigna et regarda Laura dans les yeux, Je te gâche la surprise ou non?

Laura ne semblait pas comprendre ce que Milla semblait vouloir alors elle se contenta d'attendre, lorsqu'elle sortit de sa poche un anneau qu'elle lui lança.

-Félicitation Laura!

-Dave voulait me demander en mariage...

Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, elle fut interrompu par des tirs qui venaient du camps. Milla se redressa avec fureur tandis qu'elle tendit un poignard à Laura.

-Va te réfugier dans l'infirmerie, il y a une trappe, fonces!

Laura courut de toutes ces forces, la peur prenait part en elle. La panique montait, elle s'essoufflait mais la volonté de rester en vie prenait le dessus. L'infirmerie se rapprochait, elle était à 20 mètres. Les tirs se faisaient de partout, les cris rageurs des rebelles se faisaient perçant. La bataille faisait rage. Elle se rapprochait, mais la chance n'était pas de son côté.

Un homme courait dans sa direction, couteau de chasse en main. Il courait bien plus vite qu'elle. Elle tenait le poignard que lui avait donné Milla avec fermeté et rage. Non, elle n'allait pas mourir ce soir, pas après la révélation que lui avait fait sa geôlière.

Surprise d'elle-même, elle esquiva le premier coup de couteau, l'homme en face d'elle devait avoir son âge, il était d'une rapidité énorme. Pourtant, lorsqu'il tenta de lui asséner un coup de poing, Laura se surprit et planta le poignard dans le coeur de l'homme qui s'effondra devant elle. Elle retira la lame et regarda le sang sur ces mains, sur ces habits, et sur son arme. Elle avait tué un homme.

-Non...

De quel droit avait-elle de juger de la vie d'une personne? Pourtant si elle ne l'aurait pas fait, s'aurait été elle qui serait ensanglantée par terre. Elle ne se rendit même pas compte que la brève bataille qui faisait rage était terminé et que Milla et deux de ces militants l'observaient sourire au visage.

-Eh bien, on dirait que notre docteur est finalement une meurtrière! T'inquiètes pas c'est la nature de l'Homme chérie!

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