Chapitre 4

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    Elle arrivait, enfin. Elle était bien loin de l'idée qu'il se faisait d'elle. Elle aussi portait une tenue dans le même style, pourtant elle se démarquait des autres, on pouvait facilement deviner qu'elle était la chef ici. Ces cheveux étaient d'un blond foncé presque châtains, lisse, et lui arrivait jusqu'au menton. Ces yeux étaient d'un bleu gris, couleur qui ressemblait à la couleur du ciel lors d'un orage, on pouvait distinguer une lueur sombre et malsaine à l'intérieur. Ces tatouages, le long de son bras droit, et le long de son avant bras gauche jusqu'à sa main, feraient pâlir de jalousie n'importe quels rakyats. Et pour finir, une peau légèrement bronzée qui montrait qu'elle était présente depuis assez longtemps ici. Elle était... À part entière, on ne pouvait pas le nier, et je crois que c'est pour cette raison que Vaas ne l'a pas apprécié au premier abord, mais aussi parce que brûlait une certaine folie dans ces yeux, folie que l'on pouvait apercevoir dans le regard de Vaas lui-même, folie qu'il avait rarement vu chez les autres, hormis Hoyt, Citra et Bambi Buck. C'était une raison de plus pour s'en méfier.

Une jeune femme brune d'environ une vingtaine d'années gisait à ces côtés, totalement terrorisée. On voyait qu'elle ne venait pas d'ici, par sa peau très blanche mais aussi par son allure totalement différente.  

À peine venait-t-elle d'arriver qu'elle s'arrêtait à une dizaine de mètres de ces invités. Elle était entouré de ces militants, comptant trois hommes et deux femmes, toujours accoutumés de la même manière. Cependant son attitude n'était pas à l'invitation, elle les jaugeait du regard, décidant si oui ou non ils méritaient d'être sur ces terres.

     Vaas fut satisfait de voir qu'Hoyt avait enfin perdu son sourire agaçant et comprenait enfin dans quoi il s'était fourré, il n'avait qu'à s'en prendre à lui-même, s'il avait laissé Vaas gérer cette affaire tout seul, il ne se serait pas foutu dans un merdier pareil.

Cependant, malgré sa satisfaction de voir Hoyt prendre conscience de la situation, Vaas n'appréciait pas le regard qu'elle leur lançait, surtout qu'elle lui lançait, il était le seul à pouvoir regarder les autres de cette manière. Il lui redonna donc son regard noir.

C'était ainsi pendant bien deux ou trois minutes, peut-être cinq, qui sait, on perd facilement le décompte du temps sur cette maudite île. Le silence régnait, c'était à celui qui oserait perdre cette bataille de regard, et ce fut Hoyt qui perdit patience en premier.

"Bon...On se regarde comme ça encore pendant longtemps ou on commence le contrat?" maugréa-t-il.

Sans plus attendre, la jeune femme tatouée mit à genoux cette autre femme terrorisée et commença enfin à prendre la parole.

"Vaas Montenegro, désignant l'intéressé du doigt, y Hoyt Volker aquí." supposa-t-elle d'un coup de tête, avec un rictus qui cachait quelque chose.

Hoyt fut particulièrement frustré d'avoir été cité en deuxième, il en avait horreur, c'était lui le patron, celui qui gérait un des plus grands trafics de drogue et d'esclave, il n'avait pas sa place en second. Sa frustration arracha un sourire à Vaas, il en aurait presque rigolé. Réaction que la femme eut vite remarquer puisque qu'elle se joignit au sourire de Vaas en éclatant de rire. Elle avait compris qu'Hoyt n'aimait pas passer au second plan, et son rire l'énerva encore plus. Ces hommes quand à eux, bien que comprenant la situation comique qui se passait devant eux, restaient de marbre, fidèles à leur tragique amabilité.

"¡Si! ¡Creo que es correcto!" s'exclama-t-elle tout en reprenant son souffle. "Pues..." dit-elle en reprenant son sérieux. Elle s'arrêta un instant comme si elle réfléchissait à quelque chose.
Cette longue réflexion prenant enfin fin, elle sortit son arme, enleva la sécurité tout en regardant chacun des pirates et des mercenaires, et reprit en français pour le plus grand soulagement des hommes d'Hoyt qui ne parlaient pas un mot d'espagnol. Son français était cependant marqué par un léger accent assez "latino".

"Si l'un de vous décide de nous faire..., comment dit-on en français..., demanda-t-elle en se tournant vers ces hommes, puis claquant des doigts ayant trouvé la réponse, une entourloupe" puis se tournant vers la jeune femme apeurée, elle la frappa d'une violence avec la crosse de son arme, qui se mit à cracher du sang et à pleurer.

Puis reprenant dans le plus grand des calmes;
"Si l'un de vous viole une des femmes de ce camp, où de l'île entière, militantes, paysannes, putes, prisonnières... Ou attaque un de mes hommes..."  elle se retourna encore et cette fois-ci, lui asséna un coup encore plus violent que le précédent.  C'était assez paradoxal, interdire de violer une femme en montrant la sentence qu'ils encouraient en frappant une femme. Mais quelque chose montrait que cette jeune brune avait dû l'énerver.
Enfin reprenant de son calme naturellement effrayant, elle annonça une dernière règle.

"Si en règle générale au final, vous avez l'idée stupide de vous en prendre à nous, de nous attaquer..." et cette fois sans se retourner, regardant Vaas et Hoyt, elle tira une balle dans l'épaule de la femme. "Je l'aurais bien tué pour vous montrer l'exemple mais en fait je veux encore m'amuser avec elle, donc bon une prochaine fois, mais vous avez compris le message!"

Puis s'adressant à la jeune femme d'un air froid et amusé:
"Sorry my sweet bitch, but you fucking disrespect me, so, It's not the time to die."
Puis elle ordonna à un de ces hommes de s'occuper d'elle et de l'enfermer quand il aurait fini.
Enfin, reprenant avec un sourire amusé, elle énonça une dernière chose:
"C'est un lieu de paix ici, donc personne n'attaque personne sans mon accord, je dis surtout ça pour les otages, vous faites ce que je vous ai dit et tout roule, c'est compris?"
Le silence lui suffit comme réponse. Puis effaçant ce regard noir, et souriant avec un vrai sourire comme si elle était vraiment contente de les rencontrer, elle se présenta enfin à ces invités.
Encantada! ¡Me llamo Milla, Milla Espenalda!"

Vaas et Hoyt se lancèrent un regard perplexe, peut-être n'était-ce pas une si mauvaise idée de travailler avec elle.
"¡Vamos hombres! ¡Tenemos muchas cosas que hacer!" dit-elle en se dirigeant vers un bar. Oh ça, des choses à voir, ils en avaient beaucoup.

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