À tous les sens.

tristesse

Tout est joyeux. La famille rigole, l'alcool coule, la joie est abondante.
Mais je suis triste. Je n'arrive pas à être heureuse. Ça m'a pris par surprise d'abord. Je riais moi aussi puis comme un coup de barre, oui c'est ça, un coup de barre, la tristesse. Elle m'a pris d'un coup, furtivement, elle m'a assommé et elle m'a laissé comme ça. Quelle traitresse cette tristesse.

Mais elle n'est pas lancinante comme lorsqu'on réagi sur le coup. Elle n'est pas poignante à s'en ruer de coup. Elle est subtile, fine. Comme un monstre sommeillant, elle dormait et elle s'est réveillée, doucement, pas d'un seul coup.

Elle a baillé, puis elle est étirée tranquillement en moi, passant par mes veines, remontant vers mon cœur.

Un grand malaise s'en est suivi, j'ai préférée monter dans ma chambre pour cacher pour mon trouble. Ils m'ont laissée tranquille, sûrement un coup de chance.

Je me suis allongée dans le noir comme un suicidaire dans une baignoire. J'ai pleuré, très peu au début, comme lorsque les mal-heureux se coupent les veines. J'avais l'impression d'être malade, malade de tristesse, comme hébétée par  les cachets, comme un désespéré voulant oublier la douleur.
Puis je me suis endormie dans une somnolence triste pareille à un affligé de la vie qui s'endort aux portes de la mort.

Une sorte de grand vide, un vide plein à craqué de tristesse.

Puis comme si j'étais assaillie de coup j'ai hurlé à m'en tordre le cou, la tristesse a attaquée, vilaine.
Puis j'ai pleuré; les perles cristallines roulaient comme du sang se propageant dans de l'eau, très calmement sans bruit.

Une plaie profonde, la tristesse. Elle ne te lâche vraiment jamais et s'insinue dans tout ton corps pour te faire chuter progressivement, te faire couler profondément, te faire mourir précautionneusement.

Dans cette douce douleur je me suis demandée, pourquoi je pleurais, pourquoi j'avais mal, pourquoi j'avais l'impression que c'était ancré en moi. Je n'ai pas trouvé de réponse.

Ça vaut bien le coup, d'aller si mal pour si rien.