Chapitre 1 : Le commencement

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Le contact du vent sur sa peau le réveilla, ainsi que le bruit lointain d'une canette de bière roulant sur le béton. Il était allongé sur un drap dans l'herbe non loin du lieu de la soirée qui s'était déroulée la veille. Il se redressa et le mal de tête le frappa immédiatement.

Il regarda autour de lui, il était seul. Au fond de lui, il savait comment les choses s'étaient terminées. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait.

Une chose était certaine, les étoiles et les multitudes couleurs s'étaient envolées avec sa partenaire. Il ne restait plus que du gris, beaucoup trop de luminosité et son mal de tête.

S'ajouta à la liste une nausée difficile à supporter. L'alcool et la drogue n'avaient pas d'effets constants contrairement à ce qu'il désirait. La soirée était finie et il allait devoir reprendre la routine quotidienne. L'ennui l'y attendait déjà. Il prit ses affaires et s'en alla.

Marchant seul sur le bord de la route, il observait le monde se réveiller.Le soleil se levait, les nuages se dissipaient, l'air était frais et on commençait à lever les volets des maisons voisines.

De petits oiseaux chantaient et bientôt il sentira l'odeur sucrée des gaufres se propager dans ce petit quartier résidentiel.

Mais malgré ce beau paysage matinal, rien ne pouvait enthousiasmer le jeune homme. Il était dans un piètre état. Tout était confus au fond de lui, et à travers la gueule de bois, il n'arrivait qu'à voir un vieux pâté de maisons qu'il connaissait depuis 19 ans.

19 ans d'ennui, et de répétition. Chaque journée était une copie de la veille. Se lever, manger, tenter de vaincre l'ennui, étudier, manger, dormir, se lever, manger... Parfois il se sentait comme prisonnier de sa propre vie.

Heureusement pour lui, il avait trouvé la solution pour échapper à cet ennui : lire une multitude de livres.

Thrillers, ou roman d'aventures ; drame ou comédie, il était friand de tous types d'ouvrage lui permettant de se cacher entre les pages et d'oublier sa vie manquant de péripéties selon lui.

En lisant, c'est comme s' il trouvait un moyen de vivre comme il le désirait. Sans se forcer à boire ni à prendre de nombreuses substances illicites, lire était pour lui sa propre drogue.

Une drogue que l'on ne lâchait plus... tourner les pages puis sentir ses effets, se sentir léger, jusqu'à s'envoler.

Rire, pleurer, crier ; aimer, haïr ; chanter, hurler... Tout était possible, jusqu'à la dernière page où les effets prenaient fin, mais où il pourrait choisir de tout recommencer, ou bien découvrir autre chose.

Rien ne s'apparentait à une fin, puisqu'il n'y en avait pas. En lisant il se sentait invincible et en sécurité.

La couverture de l'ouvrage était semblable aux murs de sa propre maison, et les pages étaient l'équivalent des épreuves qu'il traversait dans sa vie rêvée. Chaque page tournée était une réussite, un exploit.

Il tentait certaines fois de trouver une part de beauté au monde réel, au-delà des mots, au-delà du fictif. Pour cela, il consommait des drogues dures à ces quelques soirées. Et profitait pendant quelques heures de ce qu'il aurait pu choisir, une vie comme les autres, la vie qu'il était censé vivre. Mais il était différent. Et plus rien n'allait le changer.

Un camion poubelle ramena le jeune homme à la réalité : la triste avenue de sa maison qu'il contempla avec dégoût. C'était un simple cube, tout ce qu'il y avait de plus basique, mais pourtant elle lui rappelait que de mauvais souvenirs.

Il n'avait pas encore d'appartement pour lui, mais il allait enfin l'avoir pour la rentrée à la fac. Il rêvait également de cette indépendance. Pouvoir enfin vivre de ses propres ailes sans devoir être constamment sous l'autorité parentale.

SENSITIFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant