La soirée continuait et les amis de Julie avaient cessé de parler d'écriture. Peu à peu, sa tension pouvait donc redescendre tranquillement.
Mais il était difficile de se calmer pleinement lorsque sous ses yeux, Julie était en train de rire aux plaisanteries générales du groupe. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder. C'était automatique. Parfois, il tentait d'y échapper en regardant les personnes assises aux autres tables en plein débat sur la politique ou le racisme en France. Puis ses yeux se retrouvaient attirés à l'autre bout de sa table, où Julie sirotait son Cocktail.
Elle tenait une paille de couleur bleu ciel entre ses doigts qu'elle amenait jusqu'à sa bouche avec laquelle elle mordillait parfois le plastique coloré. Sa bouche était rose, un joli rose. Et elle ne s'était pas maquillée. Elle était belle naturellement, simplement. Un petit grain de beauté était comme déposé sur le coin de sa joue. Il se dit qu'elle avait surement dû en avoir honte pendant une longue partie de sa vie, puis qu'elle avait fini par s'y habituer. Lui, il l'aimait bien. C'était une petite imperfection, un petit détail qui n'était pas prévu et qui s'était retrouvé ici. Cela la rendait plus humaine.
Ses cheveux longs étaient à demi attachés. Elle avait choisi de les nouer à l'arrière mais de laisser tomber quelques mèches le long de son visage. Ses cheveux étaient fins. On avait envie d'y passer la main, de les caresser, de les sentir. Ses sourcils étaient un peu plus épais que ceux de la plupart des filles de l'université, mais cela ne lui déplaisait pas. Au contraire, son visage avait du caractère.
Enfin, ses yeux. Il n'arrivait pas à les cerner. Ils étaient aussi innocents que mystérieux. Elle avait dans son regard quelque chose qui n'était pas ordinaire. Mais il ne savait quoi. Il aurait pu passer plus d'une éternité à la regarder ainsi. Sans rien faire d'autre que la contempler, le souffle coupé. Il regardait sa poitrine bouger à rythme régulier. Il imaginait sa respiration. Il pouvait l'entendre, comme endormie à côté de lui.
Les battements de son cœur s'accéléraient plus il l'imaginait, les yeux fermés, allongés près de lui. Il aurait aimé être cette personne avec qui elle pourrait dormir. Avec qui elle ...
"Et toi tu penses quoi ?" L'interrompit Sam. Il ne sut quoi répondre, alors il hocha la tête pour acquiescer.
Julie avait l'air d'avoir la tête ailleurs soudainement. Ses yeux étaient plus vides, ils contemplaient le néant, ou le bout de pain en face d'elle. À quoi pensait-elle ? Il aurait fait n'importe quoi pour le savoir. Il décida de se lever pour sortir prendre l'air et fumer une cigarette. Il avait besoin de respirer, car il ne pouvait plus résister à cette emprise qu'exerçait Julie sur lui. Lorsqu'il se leva. Julie sortit de ses pensées et le suivit du regard jusqu'à ce qu'il quitte la pièce.
Il faisait froid et humide à l'extérieur du restaurant. Il était adossé contre un mur. Près de lui, se trouvait une bande d'amis qui devaient sûrement passer une soirée similaire à la leur. Ils fumaient leurs cigarettes d'un air désintéressé. Il les contempla avec fascination. La cigarette ne l'avait jamais tenté. Il trouvait inutile de trouver loisir à une addiction de la sorte. Addiction qui, par la même occasion ruinait nos économies ainsi qu'une partie de nos organes. Son grand-père était grand fumeur. La cigarette était sa deuxième femme disait-il. Cette histoire d'amour passionnelle dura quelques années avant d'être assez destructrice pour mettre fin à ses jours pour cause d'un cancer des poumons. Il s'était promis après cet exemple de ne jamais reproduire ces erreurs. La fumée sortait de leurs bouches en dessinant de petites formes nuageuses dans l'air sombre de la nuit.
VOUS LISEZ
SENSITIF
Mystery / ThrillerSENSITIF, c'est son histoire à lui. Jeune homme a priori comme les autres. C'est l'histoire d'une vie ; sa vie : les soirées, l'alcool, les filles, mais aussi les livres. Ces ouvrages qu'il découvre un à un, c'est pour lui une seconde vie. Une vi...