SENSITIF

Chapitre 2 : La longue route

L'été passa à une vitesse éclair depuis de cette fameuse soirée. Le temps avait perdu sa durée, et il ne se souvenait même plus du cours de ses journées. Il lisait, c'était une évidence. Mais il y avait autre chose. De nombreuses pensées le dominaient.

Il restait de plus en plus souvent assis sur son lit sans bouger, à songer à de nombreuses réflexions étranges.

Cette après-midi passée dans cette librairie avait déclenché quelque chose au fond de lui, bien plus profond qu'on ne pouvait s'imaginer. Il ne pouvait rien faire mis à part attendre que les choses se passent.

Puis, peu à peu, septembre arrivait et la chaleur s'en allait, chassée par le vent des saisons plus fraîches qui allaient désormais se pointer.

Il avait déjà commencé à préparer ses affaires pour le déménagement dans son appartement, mais aussi investi dans un nouvel ordinateur, lui permettant d'écrire comme il l'avait prévu quelques semaines auparavant.

Les journées qu'il passait dans cette maison étaient donc ses dernières. Quelques jours avant encore, il avait détesté cette maison, il l'a quittait avec joie. Mais, il avait fini par adopter un point de vue bien différent. Debout au milieu de tous ces cartons contenant ses affaires, il était pris d'une grande nostalgie et appréhendait son départ précipité de l'endroit où il avait passé une grande partie de sa vie.

Il n'était certes pas très luxueux, mais conservait des fragments de vie, des souvenirs. Quels qu'ils soient : bons ou mauvais, ils étaient présents. Mais il fallait quitter le nid familial un jour et ce jour arriva.

À sa grande surprise il fut même ému en disant adieu à ses parents, chose qu'il n'avait jamais imaginée une nouvelle fois.

Sa mère souffrait beaucoup du départ de son enfant, et se pensait responsable de l'asociabilité de son fils depuis de nombreuses années. Elle était persuadée d'avoir fait quelque chose de mal, et depuis ne pensait qu'à se racheter.

C'était une petite femme. Elle était professeur de mathématiques dans une fac, ce qui était assez original puisque son fils ne supportait pas cette matière. Elle désirait ce qu'il y avait de meilleur pour son fils, sans se douter que cela avait un réel impact sur celui-ci.

Son père lui, était indifférent au possible au départ de son fils. C'était l'adolescence. Il fallait qu'il vive, alors, qu'il le fasse. Il était le genre d'homme d'affaires très souvent en déplacement qui n'avait pas le temps à perdre dans des affaires de famille. Pour lui, le travail était une priorité.

La portière claqua. Il était désormais dans la voiture et s'apprêtait à démarrer mais il regarda une dernière fois par le rétroviseur la petite maison, ainsi que ses parents se tenant à côté de la porte d'entrée.

Sa mère s'agrippait à son père comme si elle cherchait en faisant ce geste un quelconque réconfort. Une chose était certaine, elle ne le trouva pas.

Son mari n'était absolument pas dans le même état d'esprit qu'elle et préférait se soucier de l'état de la pelouse qui méritait un entretien.

Il quitta le trottoir puis avança dans l'avenue, qui elle aussi lui disait, au revoir.

Les maisons défilaient, jusqu'à disparaître complètement, laissant place à une simple et longue route. Il se dit alors qu'il était temps de prendre la direction du chemin de sa nouvelle vie.