Chapitre 3 : Néant

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Le Réveil sonna et le jeune homme se leva brusquement. Il s'était levé trop vite et avait soudain très mal à la tête. Il ne put s'empêcher de se recoucher instantanément.

Il s'agissait aujourd'hui de sa première journée dans le monde adulte. Il pouvait donc bien se permettre quelques extra. Il s'emmitoufla au fond de sa couette et posa la tête sur son coussin. Il avait l'agréable sensation qu'il pouvait désormais passer sa vie dans cette couette sans plus jamais en sortir.

Il pouvait voir la lumière du jour s'installer peu à peu dans la chambre à travers ses volets. Dehors, la ville était déjà réveillée. Elle n'avait jamais cessé de vivre.

Environ une heure plus tard, lorsqu'il fut enfin réveillé. Il se prépara un café noir sans sucre qu'il posa sur sa petite table carrée ne pouvant accueillir plus de deux personnes.


Il était plus de midi trente, et il n'avait rien préparé la veille. Il se contenta donc de quelques mueslis restant au fond d'un paquet de céréales. Il s'agissait d'une journée des plus ordinaires, jusqu'à ce que le regard du jeune adolescent se portât sur son canapé-lit, sur lequel était posé son ordinateur portable, branché à son secteur.

Aujourd'hui, il s'était promis de commencer son travail d'écriture. Aujourd'hui, était le commencement de son histoire.

Il détourna les yeux et accorda encore une vingtaine de minutes à son petit déjeuner qui faisait également office de déjeuner. Il posa la vaisselle dans le petit lavabo en inox de sa cuisine étudiante et ouvrit le robinet.

L'eau s'en échappa et il laissa le liquide glacé s'écouler le long de ses mains. Puis, comme pour se réveiller avant la grande épreuve, il s'aspergea le visage d'eau froide et se dirigea directement vers le canapé, puis s'empara de son outil de travail.



Il était debout devant la table du salon. Il respira un grand coup. Il était temps. Il avait attendu beaucoup trop longtemps pour faire cela. Il fallait se lancer.

C'était le grand saut à l'élastique, le moment où il ne fallait pas réfléchir et avancer. Cesser de penser, cesser de respirer. Pendant une fraction de seconde, décider de croire que l'on peut y arriver. Il avança.

Il sentait son cœur palpiter au fond de sa poitrine. Il avait déposé l'ordinateur sur la table. Il prit également une feuille blanche et un stylo. Il souffla une nouvelle fois, et prit de quoi écrire dans sa main tremblante.

Le jeune homme ne put s'empêcher de tourner la tête et de porter son regard tout autour de lui, scrutant son appartement comme pour vérifier qu'il n'y avait pas de témoins. C'était son projet, son petit secret.


Dès que ses doigts touchèrent le bic, un frisson parcourait le jeune homme de ses doigts jusqu'aux pointes de ses cheveux.

C'était comme si un vent glacial était entré dans l'appartement, venant le prévenir d'un danger à venir. Il faisait soudain très froid, et l'atmosphère était devenue très lourde.

Il n'y avait pas un bruit au loin. Même la ville était comme devenue morte. Le silence était tel qu'il pouvait entendre sa propre respiration haletante sortir de sa bouche. Et lorsqu'elle sortait, le contact avec l'air froid en faisait de la buée.


Il se mit à entendre le bruit mécanique de son horloge murale. Le temps continuait bien de s'écouler, malgré ce paysage totalement éteint. Il se rapprocha de la table et posa ses mains sur ses genoux. La boule au ventre était revenue, presque invisible au début, puis de plus en plus présente.

SENSITIFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant