Four.

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« Je crois que j'oublie qui je suis, quand je suis seul »

Ken ? Son nom sonnait bizarrement mais ça ne m'avait pas plus surprise que cela. Faut dire qu'avec une telle façon de fonctionner il ne pouvait qu'avoir un nom aussi spécial que sa personnalité. Et je ne dis pas le mot « spécial » dans le sens positif, cet homme est spécial dans le sens qu'il est dur à accepter et à supporter. Joana, cesse de te trouver des excuses à son propos, pensais-je.

Mais pourquoi Sneazzy avait pensé mettre cet argument en tête de liste s'il avait dû me convaincre de venir ? Au contraire, s'il voulait me convaincre ce n'était pas cet argument-ci qui m'aurait convaincu en tout cas. Je viendrai à sa fête dans tous les cas, mais pas parce-que monsieur casquette viens. Du moins Ken. Il s'appelle Ken, Joana. J'ai tellement pas pensé à connaître son prénom un jour que je m'étais presque habituée à l'appeler monsieur casquette jusqu'à la fin de ma vie.

Ken. C'était étrange mais ça lui allait bien.

Ken. C'était même carrément bizarre mais une fois de plus ça lui collait à la peau, alors...

J'étais retournée à mon linge et une fois de plus mon téléphone, -celui dédié à S.O.S Amitié- venait de sonner. J'eus un rapide flash de la dernière fois où j'avais dû écouter une respiration pendant près de cinq minutes puis je me mise soudainement à accourir jusqu'au combiné. Faudrait pas que je rate un appel, ce serait vraiment irresponsable. La personne au bout du fil pourrait croire que je ne veux pas lui répondre, qu'il ou elle allait être seul(e) et qu'il pouvait en finir puisque sa vie ne comptait pas. Ça va très vite dans la tête d'un humain lorsque tout semble perdu, alors pour éviter une énième perte il fallait que je décroche, et le plus vite possible.

Quand le téléphone fut collé à mon oreille, je me rendis compte que c'était la même respiration affolée de la dernière fois. Je me crispais presque, mais cette fois-ci j'allai tenter un dialogue avec la personne au bout du fil. Je n'allai pas l'écouter indéfiniment c'était clair. Je tentais donc de saluer cette personne qui je m'en doutais, était un homme, vu que la dernière fois il m'avait remercié et ça n'avait pas l'air d'être une femme, donc bon. Bref, je m'embrouille mais c'est un homme en tout cas, j'en suis sûre.

Joana- Allo ?

?- Je crois que j'oublie qui je suis, quand je suis seul.

Joana- Vous n'êtes plus seul, je vous assure.

?- Très bien, alors comment expliques-tu que même avec du monde à mes côtés je me sente toujours seul ?

Oh, il me tutoie. C'est qu'il doit avoir besoin de quelqu'un en qui il peut avoir confiance, comme s'il me connaissait.

Joana- Il y a des gens à vos côtés qui savent que vous vous sentez seul ?

?- Non. Du moins si, j'ai des gens à qui parler, seulement je ne veux pas leur parler d'elle, c'est trop dur.

Joana- Alors parlez moi en, qui est « elle » ?

?- Je suis désolé, je ne peux pas... Je dois y aller, au revoir.

Joana- Attends !

?- Quoi ?

Joana- Tu peux me rappeler à n'importe quelle heure ok ? Je t'écouterai et j'attendrai que tu sois prêt d'accord ? Tu me promets de me rappeler ?

?- Merci, au revoir.

Et il avait raccroché. Je ne savais pas trop quoi en penser. Il ne m'avait pas promis de me rappeler alors je n'étais pas sûre qu'après cela il serait toujours vivant. Mais je l'espérais au plus profond de moi-même, je voulais l'aider. Il y avait cette « elle » qui le bloquait et le jour où je saurai de quoi il parle, je suis sûre qu'il ne se sentira plus jamais seul.

Black Hoodie -Where stories live. Discover now