Game of the Gods

Chapitre 8 : Paula

Je fais tourner la clé, le bruit du moteur s'enclenche, je déglutis difficilement... Depuis le jour où j'ai tué mon petit copain dans cet accident de voiture, j'avais attendu ce moment depuis si longtemps... Ce moment où enfin je pouvais le rejoindre, passer de l'autre côté du miroir, m'enfuir de ce foutu monde qui me ronge de l'intérieur. Mon pied appuis sur la pédale d'accélération, mes mains se posent sur le volant en tremblant, je ferme les yeux en fonçant vers le vide, il ne reste plus que quelques mètres qui séparent la falaise et le vide... Je vais plus vite, je me pince les lèvres et laisse la voiture m'emmener vers la mort.

Peut-être que j'aurai pu finir handicapé, couchée sur un lit d'hôpital pour le restant de mes piteux jours, être seule toute ma vie et finir dans la misère... J'aurai pu être vivante tout en étant morte à l'intérieur... Mais il est arrivé. Il a stoppé la voiture je ne sais comment, il m'a parlé. Ce lièvre au pelage brun clair m'a parlé. Il m'a tout raconté, les pouvoirs, les contraintes, tout. Et j'ai accepté. Le pouvoir ? Aller à une vitesse extrême et sauter très haut, de plus il faut que je tue neuf autres personnes, et alors ? Qu'est-ce-que ça peut bien me faire ? J'ai déjà tué quelqu'un...

 Je me rappellerai toujours la sensation horrible à mon genoux, puis la vue de mon petit-ami, le visage en sang, les yeux fermés... Il était mort. Tout ça parce que je voulais faire la forte en accélérant pour franchir la barre des 180 kilomètre/heure. C'était un stade qui ne fallait pas franchir, j'avais sentis les crocs de la mort se refermer sur moi, j'avais sentis le choque de l'impact, comme si on vous infusez un poison directement dans les veines et que vous pouvez le sentir se déplacer dans votre corps comme un serpent diabolique... Et c'est des mois après cet accident, quand tous pensaient que je m'en étais remise, que je décide de passer à l'action, que je donne un violent coup de couteau dans le dos à tous mes proches.

C'est la rentrée des classes, je suis là, sous cet arrêt de bus pitoyable à attendre impatiemment le bus... Je m'imagine frapper les vitres de cet arrêt de bus, les briser en mille morceaux, hurler ma rage et ma tristesse, pleurer autant que je le veux sans être pointer du doigt, pouvoir montrer ce que ça fait d'être pointé du doigt, d'entendre des chuchotements dans son dos, d'entendre son nom partout, de se sentir sale à ce point. De ne plus avoir aucune intimité. M'infiltrer chez les gens pour prendre des photos d'eux qui sont en train de pleurés. J'aimerais leur faire subir tout ce qu'ils m'ont fait subir à moi... Moi, la petite Paula, celle qu'on surnommé Paul ou encore Paulaire (polaire). Je n'avais jamais rien demandé, je n'avais jamais voulu tout ça. 

Mais tout ça n'est que fiction. Je me contente de me laisser bousculer par les élèves pressés qui rentrent précipitamment dans le bus comme si leurs vies en dépendaient... Je sens soudain quelqu'un passer à côté de moi, un grand frisson m'enveloppe mais quand j'aperçois son visage ce frisson disparaît laissant place à une curiosité, qui est cet homme au corps tatoué ?

Je ne me pose pas plus de question et entre en dernière dans le bus, j'ai l'habitude d'être discrète, que personne ne me remarque, de passer inaperçue aux yeux des autres, mais lui... Cet homme aux tatouages il m'a suivit du regard. Non pas avec dégoût mais avec une pointe de... de curiosité ? Je lui lance un léger regard avant de continuer ma route pour me mettre assise à ma place habituelle, basculant mon sac je le lance sans pitié sur le siège à côté et m'affale sur le mien, j'entend quelqu'un ronchonner pour donner des coups de pied dans mon siège, je ne fais pas gaffe mais plus les minutes passent plus j'ai envie de me lever et de leur mettre une bonne baffe... Mais non, comme d'habitude je reste assise, attendant que ça passe. 

Soudain, les coups se stoppes... J'aperçois l'ombre d'un jeune homme aux cheveux en batailles et à la potentiel gueule de bois passer à côté de moi, quoique je recommence... Un jeune homme aux cheveux en batailles qui pue l'alcool et qui a la gueule de bois... Il baille un grand coup puis revient en arrière et s'assied sans même me demander à côté de moi en poussant mon sac... D'accord... Je le laisse faire et laisse mon regard se plonger dans le paysage qui défile à toute allure... 

Comment des gens peuvent-ils se bourrer juste avant la rentrée ? Suis-je trop coincée ? Est-ce-que j'essaie d'être responsable ? Responsable de quoi ? J'ai tué mon petit-ami. Et ça, même si je deviens Dieu, ça ne peut partir, jamais ça ne s'enlèverait de mon esprit. Puis soudain, une voix résonne à mes côtés, je suis prise d'un petit sursaut et je pivote rapidement la tête vers ma droite avant d'entendre la voix du jeune homme :

- Au fait, moi c'est Adrien, t'es qui ?

Je fronce les sourcils, je rêve ou il m'adresse la parole ? Adrien ? Je ne connais pas d'Adrien... J'inspire profondément et je pose mes mains sur mes genoux avant de répondre d'une voix neutre, sans exprimer le moindre sentiment sur mon visage, juste une face simple. Un masque qui finira bien par tomber un jour...

- Paula... Sans vouloir te vexer, tu sens affreusement mauvais, l'alcool c'est mauvais à ton âge...

Il émet un petit ricanement en se pinçant la lèvre inférieur, puis il m'analyse complètement, me dévisageant de haut en bas... Qu'est-ce-qu'il a ? Il est vraiment pas normal... Si il tente quoique ce soit, je hurle ! Puis finalement il pose une main sur mon épaule et me chuchote à l'oreille :

- Et c'est la Championne du Rallye qui dit ça hein... ?

Mes souvenirs me reviennent et un énorme sourire apparaît sur mon visage, Adrien ! Adrien, l'ancien Champion de Rallye illégal ! Je l'ai dépassé, j'étais très fière de moi... Adrien était comme un frère pour moi... Avant que j'arrête. Du jour au lendemain on ne m'a plus revue aux courses, simplement parce qu'après l'accident j'avais la peur bleue des voitures, des motos... Tout ce qui pouvait rouler sur roue. Même un vélo ou une trottinette, j'avais ce soudain vertige et cette envie horrible de vomir et de pleurer. Une angoisse. Des crises d'angoisses me prenaient et c'était effrayant, une vraie torture. Je lui souries et annonce :

- Ça faisait un moment que je ne t'avais pas vu, Adrien. Tu vas dans le même lycée que moi toi ?

Il hoche fièrement la tête. Adrien a des problèmes avec sa famille, son père est partit de chez eux et sa mère est une alcoolique alors il cache ses sentiments grâce à l'alcool et les courses de voitures. Il pousse ensuite un léger soupir et s'exclame avec joie :

- Ça te dit on sèche les cours ? On fait un ou deux cours puis on sèche ? On ira à notre endroit habituel... Je te propose à 10h30. Rendez-vous à notre petit jardin secret ?

Je rigole et lui répond alors, un grand sourire au visage, l'un des rares que j'ai. Le seul depuis des mois. Il est le seul à me faire sourire... Le seul qui puisse me comprendre... 

- Pas de problème, à 10h30 !

J'attrape mon sac et esquive les jambes du beau blond pour m'extirper du bus et descendre avec une toute nouvelle allure. Si Adrien est de nouveau dans ma vie, alors tout ira bien.

C'est donc en Chimie, après l'étrange coupure d'électricité que j'avais quitté les lieux pour me rendre à l'ancienne école primaire de la ville, une école abandonnée. Je vois Adrien au loin, une  cigarette à la bouche, un homme l'accompagne... Qui est-ce ? L'inconnu affiche un grand sourire et me prend brusquement dans ses bras en annoncent :

- Oh mon dieu ! Paula ? Non mais j'y crois pas ! Adrien arrêtait pas de me parler de toi ! Oh, excuse moi, je suis Alexye, mais appelle moi Alex c'est plus court, plus courtois, plus amicale, breeeeef.

J'arrive à peine à articuler un mot, j'ai pas très bien suivis ce qu'il a dit, il a parlé tellement vite... Adrien passe un bras au dessus de mes épaules et nous entrons dans le bâtiment. On est resté plusieurs heures, des courbatures violentes me revenaient... Les douleurs dont m'avaient parlé mon Dieu... Après utilisation de mon pouvoir -donc quand je suis sortie de Chimie- j'ai de très violente courbature, encore pire que des crampes... Serrant la mâchoire et affichant un faux sourire j'avais continué de parler avec eux.

Au final je suis parti, le visage heureux et la démarche détendue... Mais je l'aperçois. Il est là.

Note de l'auteur :

Voilà ! J'espère que ça vous a plu, j'ai bien aimé écrire ce chapitre, j'aime beaucoup Paula, je ne sais pas vous !

Alors, que pensez-vous du passé de Paula ?

Adrien ? Les courses illégales ?

Son étrange pouvoir ? 

Adrien et Alex ?

Et surtout, cet individu mystère à la fin...

Pensez à voter ! :)