Le Roi au Bois Dormants - II

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-MYCROOOOOOOFT ! Hurla le Chasseur, paniqué, en voyant le corps du roi s'affaler.

Cette fois, Irène n'essaya même pas de se mettre sur sa route. Il fendit le flot des branches avec une rage exacerbée par l'angoisse et se précipita vers ce corps inanimé, ce simple petit corps qui représentait tout ce qui comptait à ses yeux.

Juste derrière lui, lui marchant presque sur les talons se trouvait Sherlock, le teint pâle, la mine sombre, et les yeux agrandis par la peur.

John les écarta sans ménagement pour se pencher sur le roi et prendre son pouls.

-Il dort, déclara-t-il doucement. Il va bien.

-Apportons-le à la fée, déclara aussitôt Sherlock. Elle est certainement assez puissante pour contrer le maléfice.

Il ne fallut pas le dire deux fois à Gregory, qui passa aussitôt ses bras sous les genoux et les épaules de son amant pour le soulever. Ses muscles le brûlaient doucement mais pour rien au monde il n'eut consentit à jeter Mycroft sur ses épaules comme un vulgaire sac de patate.

Anthéa attendait près de la fontaine, le regard teinté d'ombres tristes. Peut-être Irène lui avait-elle déjà parlé. Quoi qu'il en soit, elle s'écarta pour laisser à l'entretient un simulacre d'intimité.

-Aidez-le, ordonna avec autorité Sherlock en fusillant du regard la fée qui, pour une fois, n'y était pour rien.

Il y eut un silence.

-Aidez-le, je vous en prie... Murmura Gregory, agenouillé près du roi. Je vous en supplie. Tout est de ma faute. Uniquement ma faute. Je vous en prie...

-J'aimerais, répondit enfin la fée, la voix emplit de tristesse. Mais la magie n'est pas si simple...

-L'amour peut briser les sortilèges ! s'exclama Sherlock, fier de son expérience personnelle. Trois jours après l'enchantement...

-Pour les créatures de l'eau seulement, le coupa la fée. Leur magie est plus volage, plus difficile à contrôler. Celle des arbres, au contraire, et aussi forte et inébranlable que la pierre... L'amour, aussi grand soit-il ne saurait suffire à empêcher Mycroft de se piquer le doigt, dans seize jours et seize heures.

-Si vous ne pouvez empêcher le sort, répondit Gregory, des sanglots dans la voix, empêchez-le au moins de mourir...

-Je verrais, répondit la fée. Je verrais ce que je peux faire... Ramenez Mycroft ici, lorsque l'heure sera venue.

-Dans une forêt ? Répliqua Sherlock. Alors qu'il s'est fait maudire par un arbre ? Ne serait-ce pas plus simple de l'enfermer quelque part, où nulle écharde de bois ne pourrait l'atteindre ?

-Serais-tu prêt à jouer la vie de ton frère là-dessus, Sherlock Holmes ?

-Non, bien sûr que non, répondit le prince détective d'une toute petite voix.

Au plus profond de sa misère, il sentit une main se glisser dans la sienne. Une main chaude qui serra ses doigts avec douceur. John lui sourit et lâcha sa main pour passer un bras autour de sa taille. Les cheveux blonds du chevalier vinrent chatouiller son menton. Il chercha en vain, dans cette odeur familière, un peu de réconfort.

Greg, lui, sentait son cœur se déchirer, emmenant d'un bout sa douleur, et de l'autre sa culpabilité.

Il savait que jamais, au grand jamais, il ne se pardonnerait la malédiction qui touchait son amant.

*

Mycroft ouvrit les yeux au palais, dans sa chambre.

Les souvenirs de son romantique-tragique mariage avorté lui revinrent en mémoire, clairement et distinctement, sans se presser. Il avait le cerveau d'un Holmes après tout.

Contes d'une fangirl à la dérive (Johnlock - Mystrade - Mormor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant