Le sorcier qui s'ennuyait ( II )

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John errait de-ci de-là, perdu, absent.

Ça faisait mal. Ça faisait atrocement mal, une absence. C'était un creux, un manque terrible, un gouffre brûlant qui le dévorait de l'intérieur. Il le voyait partout. Il n'était nulle part. Il n'y serait plus jamais. Et ce « jamais plus » était si douloureux qu'il hoquetait parfois de douleur, incapable de comprendre où il était, ce qu'il faisait. Et pourquoi était-il encore en vie, d'abord ? Y avait-il quelque chose qui avait encore de l'importance sur terre ?

Savoir qu'il allait devoir vivre le reste de sa vie avec cette douleur, avec cette absence, lui paraissait si insoutenable qu'il se concentrait sur le présent. Une seconde après l'autre.

Un jour -quand, il ne savait plus- ses pas l'amenèrent aux appartements de Mycroft.

Il y entra sans savoir pourquoi.

Ses yeux passèrent sur la boite rouge, encore posé sur le bureau, refusant de reconnaître ce que c'était.

Le roi était assis dans l'encadrement de la fenêtre. Il regardait d'un air absent le sang couler des longues entailles sur ses poignets.

John se précipita pour saisir un drap et étancher les plaies. Il avait dû être médecin, dans une autre vie.

-Il a parlé ? Demanda Mycroft d'une voix creuse.

-Non, répondit John, devinant que c'était de Gregory dont il était question. Pas un mot.

Ils se regardèrent un long instant.

-Vous savez le pire ? ricana Mycroft. Je l'aime encore. Je ne peux pas m'en empêcher.

Il y eut un nouveau silence.

-Que faire ?

-Je ne sais pas, répondit John, fatigué. Mais je crois... Je crois que tout n'a pas été dit.

Son regard se posa sur la boite rouge, finissant définitivement de lui broyer le cœur.

-Il reste de l'espoir, dit-il enfin. Pourquoi, je ne sais pas, mais j'en ai la certitude.

Sherlock avait hésité mais, avertis par son histoire avec la fée, avait préféré ne pas s'enfoncer dans les Bois Sombres.

Marchant à la lisière, il finit par tomber sur une petite chaumière.

L'aube s'était levé.

Il chassa de son esprit le visage de John et celui de son frère -Lestrade devait être rentré maintenant- et frappa à la maisonnée.

La porte s'ouvrit sur une drôle de petite femme aux cheveux roux et à la robe violette.

-Sherlock ! S'exclama-t-elle, le reconnaissant de suite.

Fatigué par la nuit, il n'eut pas le courage de fouiller dans sa mémoire.

-Nous nous connaissons ?

-Madame Hudson, la femme de l'ogre !

-Ah, oui, répondit Sherlock en se remémorant cette drôle d'affaire où l'ogre avait finit par être condamné à mort. Madame Hudson, pourriez-vous m'héberger, pour cette nuit ?

-La nuit est déjà finit ! S'exclama la femme. Mais oui, rentre, tu me raconteras...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le prince s'était affalé et endormis sur le canapé.

-Tu me raconteras, chuchota Madame Hudson en le recouvrant doucement d'un drap, pourquoi tu as tant de larmes dans les yeux.

Trois jours plus tard, Sherlock n'avait toujours pas trouvé de solution au problème.

Contes d'une fangirl à la dérive (Johnlock - Mystrade - Mormor)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant