"Te fais pas d'illusions, t'es qu'un putain d'pion."
***
Aujourd'hui, c'est la rentrée. Encore une année monotone que je vais regarder s'écouler. Je crois bien que revoir la gueule des gens va me faire vomir.
Il est déjà huit heure et je pars sans manger, comme d'habitude.
Mes cheveux noirs sont en bataille, comme d'habitude.Noir.
La couleur du néant. La couleur de la mort. Ma couleur. Pourtant, mes yeux, eux, semblent appartenir à quelqu'un d'autre. Ils sont bleus. Ils ont le bleu du ciel. Ils ont le bleu de la banquise. Ils sont terriblement froid, comme fait de glace.
Je vais être en retard, je le sais, parce que je le suis toujours, parce que je m'en fiche d'être à l'heure.
De toute façon, arriver à l'heure pour écouter le même discours chaque année ne sert à rien.Je marche pendant dix minutes et arrive enfin au lycée qui ressemble fortement, entre parenthèses, à la pire des prisons perdue en Alaska.
Je me dirige vers un coin reculé du lycée en attendant la sonnerie, et m'allume une clope. Vu le nombre de cigarettes que je fume par jour, je risque d'avoir un cancer mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ? On meurt tous un jour, alors on se fout bien de la façon dont on va clamser.
Maintenant que c'est la rentrée, je vais reprendre les soirées en heure de colle, l'école buissonnière, les vacances dans le bureau du proviseur, les siestes en cours et le meilleur: rendre fou les profs.
Aller en cours mais ne rien savoir, avoir toutes les filles à ses pieds sans rien faire, boire, fumer, être populaire mais ne pas avoir d'amis, être jalousé, être craint, tout ça est éphémère.
Je finirais sûrement dans la rue. Personne ne m'aidera. Personne ne croit en moi, parce qu'il savent tous que je vais finir comme ça, que c'est trop tard, je les comprends, même moi je le sais. Réaliste. Fataliste. J'aurais une vie de merde. J'aurais aimé avoir un avenir, et c'est peut-être car j'ai encore une lueur d'espoir au fond de moi, l'espoir de m'en sortir que je continue à me lever tous les matins pour aller en cours alors que je pourrais juste arrêter.
Mais ma règle d'or est de toujours finir ce que je commence.
Alors je vais couler jusqu'à m'enfoncer dans les ténèbres.***
Je suis en cours et la prof ne nous a pas laissé choisir nos places alors je me retrouve seul au fond de la classe, ce qui n'est pas plus mal. Au moins, personne pour me faire chier.
À moi les longues siestes tranquilles.
Je suis déjà en train de m'endormir sous la voix soporifique de la prof mais le claquement brutal de la porte me fait sursauter.
À ce rythme là, je risque de mourir d'une putain crise cardiaque au lieu d'un cancer.
Frapper avant d'entrer, ça lui dit rien ou quoi ?
On a une main, même deux, et à par se branler, ça sert aussi à frapper aux portes.Je relève ma tête devenue lourde pour pouvoir assassiner du regard l'intrus qui m'a sorti de mon repos et vois un nouveau à côté de la prof. Un brun, avec un sourire plutôt agaçant, un brin supérieur. Avec un sourire qui me donne envie de lui arracher.
-Bonjour, vous êtes le nouveau ? Nous n'attendions plus votre arrivée, jeune homme, dit la prof. Quel est votre prénom ?
-Lohan.
-Et bien Lohan, veuillez ne plus arriver en retard, à l'avenir. Vous pouvez aller vous installer à côté d'Hadès.
Il ignore délibérément sa première remarque.
-Hadès ?
Je peux voir d'où je suis un point d'interrogation au dessus de sa tête. Sérieux, il a fallu que ça tombe sur moi. Il se rapproche rapidement et s'assoit à côté de moi.
Tout le monde le regarde, mais lui garde ses yeux braqués sur moi. Ce qui est, soit dit en passant, très chiant. Je sens son regard lourd sur moi.
Il me continue à me fixer pendant plusieurs minutes qui me parurent des heures.
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Hadès.[BOYXBOY]
AléatoireIl avait les yeux bleus, d'un bleu à vous en faire frissonner, à vous en faire baisser le regard. Ces yeux qui avaient vu l'horreur et la cruauté. Cet être qui n'avait plus rien d'humain. L'être humain ment constamment. Il promet des choses qu'il n...