Chapitre 6

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J'ouvre les yeux, en sentant une fatigue maladive reprendre possession de mon corps, comme si elle l'avait quitté. Je suis à nouveau dans ma chambre d'hôpital, il est onze heures trente. Je me redresse un peu, laissant mes sens se réveiller petit à petit. J'attrape machinalement le petit carnet posé à côté de mon lit, ayant une soudaine envie d'écrire des chose sur mes rêves. J'ai l'impression que le temps est figé dans cette chambre déserte, silencieuse, blanche. J'observe ce décor, comme si je le voyais pour la première fois. En voyant le lit, j'ai presque l'impression que ce sera un lit de bois avec un drap pastel au motifs rouges, que la porte sera en bois, que la fenêtre serait en bois. Je ne me rappelle jamais de mes rêves en général. Pourquoi est ce que je me remémore si bien les deux derniers ? Je prend le stylo et commence à griffonner sans me préoccuper de la propreté de l'écriture.

- J'ai remarqué que lorsque je m'endors dans mon rêve, je me réveille comme si c'était le matin le rêve suivant.
- Les deux aubergistes s'appellent Merry et Gynna.
- Le poivrot s'appelle Fenton.

Je pouffe de rire en relisant le mot "poivrot", après tout j'ai fini par squatter le grenier moi aussi, même si ce n'était pas mon intention. Je note ensuite ce que j'ai fait dans mes rêves ainsi que le maximum de détails que j'ai pu voir, et je ferme le carnet d'un geste sec, d'assez bonne humeur pour une fois. Aller chez mon amie est toujours un bon moment.

Une fois rentrée chez moi et devant mon armoire, je prend au hasard un jean et un T-shirt large cachant un peu ma maigreur, que j'enfile rapidement. Émily et ses parents ne sont pas très observateur sur les vêtements, je n'ai pas besoin de faire attention à ma tenue. De toute façon, je pourrais aller la bas habillée en sac poubelle qu'ils me recevraient quand même les bras ouverts. Je finit donc par attacher mes cheveux en une queue de cheval faite à la va vite, et je remonte mes lunettes sur mon nez avant d'aller vers la porte d'entrée, déjà prête à partir. Je rejoint la voiture de la mère d'Émily en trottinant tout en saluant la cinquantenaire de la main. Elle est seule dans la voiture donc je monte à côté d'elle à l'avant. Après de courtes salutations, elle me ramène chez elle en parlant. Quand j'arrive devant la porte de son appartement, Émily jaillit de l'entrée - me faisant pousser un cri au passage - et me saute littéralement dessus.

- Sasha ! Désolé pour jeudi et hier ! Je n'aurais pas du miner l'ambiance de notre groupe a cause de cette histoire !

Je m'apprête à répondre mais sa mère me devance.

- Quelle histoire ?

Mon amie se crispe, prend un sourire nerveux absolument suspect, et me traîne jusqu'à l'entrée de sa chambre.

- R..Rien ! Je dois parler avec Sasha !

Le regard suspicieux de sa mère avant que la porte ne se referme sur nous me dit que la petite blonde va bientôt subir un interrogatoire.
Émily se tasse un peu sur elle même, génée d'avoir réagit si brusquement. Cette réaction m'étonne tout d'abord avant que je me souvienne que même si elle avait fait des efforts pour se sociabiliser ces derniers temps, elle reste avant tout une fille timide et solitaire. Je décide de la rassurer.

- Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas et je ne pense pas que Tessa puisse détester quelqu'un. J'ai très bien compris que tu étais plus triste que tu ne le montrais à cause d'Antoine.

- Ce n'est pas sa faute. C'est moi qui ai cru avoir une chance avec lui. Après tout, il est sociable contrairement à moi. Ces personnalités ne vont pas ensembles non ?

La porte de la chambre s'ouvre à nouveau, Tessa entre dans le cercle que nous formons en étant assise au sol, l'air un peu mal à l'aise. Après l'avoir saluée et lui avoir fait un bref résumé de notre discussion, nous reprenons rapidement notre débat.

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