Chapitre 8

65 6 3
                                    

J'ai passé mon dimanche à l'hôpital, à m'ennuyer dans mon lit devant une télé qui grésillait et changeait de chaîne toute seule. J'ai eu droit à une longue visite de la part de mon père, que je ne vois pas souvent à cause de ses heures de travail. Ça m'a fait plaisir, même si il n'est resté que pendant une heure. Il m'a apporté des feuilles blanches et des crayons pour que je puisse dessiner, et m'a dit qu'il viendrait me récupérer avec ma mère le lendemain matin, assez tôt pour que je puisse aller en cours. Génial. Grâce à cet acte de pure bonté je n'aurai pas loupé mon heure de cours favorite.

Enfin toujours est il que ce matin, en cours de maths, je suis très "motivée". Ma tête posée sur mes mains, je sens déjà que je ne vais pas réussir à passer la séance sans m'endormir ou me faire interroger par cette vielle chouette qui nous sert de professeur. Pour couronner le tout, je n'ai pas eu la joie de rêver cette nuit. J'espère que ça ne s'arrêtera pas la.

A côté de moi, Émily travaille avec soin sur un énième calcul. En nous retrouvant ce matin, je leurs ai expliqué que je ne m'étais pas sentie bien tout en faisant mine de plaisanter, en disant que j'étais trop contagieuse pour rester. Émily à rit et n'a pas insisté plus. Mais Tessa a réagit un peu froidement. Enfin, quand je dis "froidement", c'est un peu normal avec elle. Mais la, c'était différent de d'habitude, elle n'a pas arrêté de me jeter des coups d'oeil de la matinée, comme si elle se doutait de quelque chose.
Mais ce n'est pas possible n'est-ce pas ? Elle ne peut pas avoir compris quoi que ce soit juste à cause de cette soirée.

Après cette interminable heure de math vient un nouveau problème: le sport. Les médecins ont décrété que je ne pourrai pas en faire pendant quelques semaines afin d'économiser mes forces et de ne pas risquer de me blesser. Je dois donc trouver une excuse pour expliquer cette situation à mes deux amies. En général, dire un simple "Après avoir été malade il ne faut pas trop forcer" marche sans problème, surtout quand on fait demi fond ou course et qu'on a des jambes d'allumette comme les miennes. Seul le prof est un problème: le mien veut toujours des explications inutiles sur le pourquoi de notre dispense, et je dois toujours insister sur le fait que ce sont des choses personnelles qui ne le regardent pas.
Tout ça pour expliquer une simple dispense de sport. Autant dire que la journée que je passe n'est pas la meilleure de ma vie.

Je finis donc la journée avec un soupir de soulagement. Je salue rapidement Émily et Tessa et commence à prendre le chemin de ma maison quand j'entends une voix que je ne connais sûrement pas assez derrière moi. En me retournant, je constate que Tessa me rattrape.

- Sasha, attend ! On peut rentrer ensemble aujourd'hui ?

Quelque chose s'allume dans mon esprit, c'est rare d'entendre la jeune fille prendre une initiative ou demander quelque chose.
Pitié, qu'elle n'ait rien deviné !

- Si tu veux. Je lui répond gentillement en ralentissant pour marcher à côté d'elle.

Un silence s'installe tandis que nous marchons. Je ne sais pas quoi dire, et elle non plus apparemment. Après avoir cherché un sujet de conversation pendant quelques minutes, je décide de profiter de notre moment seules pour lui poser la question qui me tracasse depuis son arrivée dans notre groupe d'amies.

- Je peux te poser une question un peu indiscrète ?

Elle lève la tête vers moi, ses yeux sombre à moitié cachés par ses cheveux, avant de hocher la tête docilement.

- Si tu veux.

- Pourquoi est-ce que tu nous a rejoins Émily et moi ? Enfin je veux dire, ce n'est pas une reproche ! C'est que tu aurais pu rejoindre n'importe quel autre groupe et les suivre comme tu l'as fais avec nous.

Parallel WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant