CHAPITRE 2

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« Parfois, la ligne entre le succès et l'échec est si mince, qu'il suffit d'un seul effort additionnel pour faire de la défaite une victoire » – Elbert Green Hubbard

ZARA


Certains disaient que la notoriété était l'accomplissement de tout. Cela va sans dire qu'ils ne savaient pas à quel point ils avaient tort.

Elle était plutôt la fin de notre liberté psychique et de nos performances utopistes, découlant de nos émotions les plus enfouies, de notre vérité intérieure, de notre identité la plus inavouée. Elle coupait court à notre inspiration, nous bloquant dans les méandres d'idées merdiques et stéréotypées pour la plupart.

Du moins, c'était comme ça que je le ressentais.

L'atmosphère froide de l'ascenseur pourtant spacieux de mon hôtel, nous empressait d'un silence gênant que personne n'était décidé à briser. Enfermée avec ma meilleure amie et mon agent, j'aurais pourtant pensé que le moment aurait été idéal pour me faire des remontrances, quant à mon choix d'acteur pris sur le coup d'une sensation, plutôt que sur une réflexion approfondie. Mon instabilité pouvait-elle leur faire peur ?

Dans tous les cas, je n'en avais rien à faire. Ce n'était pas moi qui prendrait la parole en premier, et je n'essayerais en aucune manière de dissoudre ce malaise instauré depuis plusieurs minutes déjà, le calme ambiant étant beaucoup plus relaxant qu'une pluie de reproches.

Les bruits de mastication de mon chewing-gum que je m'amusais à mâcher de façon exagérée étaient les seuls troublant la lourdeur de l'espace confiné, et j'eus un petit sourire en regardant tour à tour mes deux accompagnatrices, tentant de cacher leurs airs irrités. À croire que mon comportement n'était pas assez détestable pour qu'elles me remettent à ma place, encore une aberration de la célébrité que je ne comprenais pas.

Ce statut m'offrait une immunité à toutes mes sautes d'humeur, tous mes caprices et lubies demandés impulsivement, sans que personne ne se plaigne, sans même une insulte à mon attitude inappropriée. Cela en devenait lassant. Même quand je faisais tout pour me faire hurler dessus, aucune personne de mon entourage n'avait assez de cran pour me dire d'aller me faire voir. Même Alix ne disait plus rien alors qu'elle me connaissait depuis la maternelle.

Alors même que je m'amusais désormais à tester les limites de mon influence, j'avais toujours l'amère déception de voir que j'obtenais tout ce que je voulais, juste dans le but de ne pas me contrarier. C'était affligeant de savoir que n'importe quelles actions étaient acceptables si elles provenaient d'une personnalité connue de tous. Cela ne faisait que des gens autour de moi, une bande de faux-cul hypocrites, prêts à tout pour me satisfaire, sans même reconnaître l'absurdité de mes choix.

L'ascenseur mit finalement fin à mon calvaire silencieux en s'arrêtant à mon étage, les portes s'ouvrant directement sur ma suite luxueuse. Inutile de préciser le paquet de fric que je m'étais fait en vendant mon histoire à l'international. Cela s'élevait en millions d'euros, mais l'euphorie de toucher mes premiers versements avait bien vite été remplacée par l'ennui que constituait désormais cet amas de sous.

Tous ces billets avaient retiré la valeur que j'associais à l'argent, et ils me paraissaient dorénavant sans importance, comme tant d'autres choses d'ailleurs.

J'habitais dans cet hôtel depuis presque deux mois maintenant, depuis que j'avais officiellement accepter de participer à l'adaptation cinématographique de mon livre. J'avoue que me trouver un appartement ou une maison aurait été plus pratique mais je n'avais pas l'envie ni la motivation de chercher un nouveau logement. Au moins ici, j'étais certaine que le ménage était fait tous les jours.

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