Chapitre 22

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Il faisait froid, extrêmement froid. Je sentais mon visage geler malgré l'énorme manteau avachi sur mes épaules, l'écharpe autour de mon cou et mon bonnet; la chaleur ne durait pas suffisamment pour que je me sente mieux. Au Maroc il est vrai, que nous avions des journées pluvieuses, mais où j'habitais avant, il n'y avait pas de neige.

Je sortis mon téléphone de ma poche droite et cliquai sur la météo. Mon cœur faillit s'arrêter. Seigneur! -20°C. Je remis mes mains recouvertes de gants dans les poches de mon manteau et pressai le pas vers la boulangerie. D'où je viens, le temps n’était pas si froid en hiver : la température minimale était généralement de 11°C. Il faisait froid des fois, mais aucun rapport avec où nous avons dû immigré. Au Maroc, les boulangeries étaient toutes proches, alors que maintenant pour un peu de pain il fallait traverser tout le quartier. Je poussai enfin la porte de cette petite boutique chaleureuse, et je fus submergée par une vague de chaleur réconfortante. Je remerciais et admirais la personne qui a un jour pensé à inventer le chauffage. Martine, la boulangère, me sourit gentiment en me demandant si je voulais ma commande de d'habitude, et je hochai à mon tour la tête avec un léger sourire. Cet endroit m’a toujours plu, la décoration était très simple; des dessins de petits enfants étaient accrochés au mur, les pâtisseries décorées étaient présentées derrière les vitres, un frigidaire conservait au frais des boissons et du soda.

Martine m’informa que le pain prendrait un peu de temps et que je pouvais attendre ici. Pendant ce temps, elle m’offrit du chocolat chaud. J’admirais cette jeune femme. Elle avait à peine la trentaine, habillée soigneusement et coiffé strictement. De temps en temps, son chignon habituel ne prenait plus place correctement et donnait à sa chevelure un aspect désordonné qui, il faut le dire, lui allait très bien aussi. Ses yeux marron foncé avaient toujours cette étincelle de joie de vivre qui me plaisait bizarrement. Je fus interrompue dans ma contemplation quand quelqu'un entra et qu'un froid glacial vint frapper mon visage. Je relevai la tête et croisai ses yeux gris, un manteau semblable au mien lui servait de bouclier contre le froid glacial. Je me demandais ce qu'il faisait ici, c'était bien trop éloigné d'où il habitait. J'avais cru comprendre que c’était quelqu'un de riche - enfin surtout ses parents mais ça revenait au même- je crus comprendre aussi qu'il vivait dans une immense maison bien loin d'ici, et de toute façon ce quartier ne contenait que des appartements moyennement grands. Je le vis demander à Martine quelque chose, mais j'étais bien trop concentré dans mon admiration pour l'entendre donner sa commande. Il avait une bouche plus ou moins pulpeuse dont les lèvres rosies par le froid prenaient la même couleur que ses joues, une peau blanche par le manque de soleil. Je pouvais le comprendre, moi-même en venant ici j'avais une peau bronzé grâce à mes journées au soleil, maintenant on dirait limite une zombie, je n'avais plus de couleur.

-Leïla ma chérie, tu m'écoute ? Ta commande est prête.

Je tournai la tête vers la voix.

-Oh merci

Martine me gratifia d'un sourire aimable et je pris le sachet d'entre ses mains. Je remarquai alors le sourire en coin de celui aux cheveux noir corbeau, et je rougis instantanément. Je sortis précipitamment, manquant de glisser à cause de cette fichu neige. Bon dieu, je perdais tout mes moyens devant lui, devant un simple garçon, un simple humain au yeux gris et un sourire à craquer : devant Kendrick Johnson.

- 2 mois plus tôt-

- Bonjour, s'il vous plaît Kendrick est là? Dis-je poliment.
- Oui bien sur, je vous en pris. M'invita la jeune femme.

Je m'introduis dans la jolie demeure qui n'avait pas changé d'un poil, tout était niquel et très propre, mon admiration fut de courte durée quand en relevant la tête je vis traversais René le long couloir du haut pour disparaître dans un autre couloir, elle se dirigeait surement vers sa chambre.

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