le jour où j'ai acheté une étoile

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écrit il y a longtemps, j'ai mal à la tête diantre

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Je tirai lentement sur ma cigarette usée par mes lèvres gercées, faisant apparaître un altostratus de fumée au-dessus de ma tête. L'émanation roula insensiblement dans la salle de bain, accrochant les faisceaux rayons de la lune, réverbérant dans la petite pièce le silence qui tétanisait tous les mœurs bipèdes.

c'est peut-être ce que j'aurais du faire il y a longtemps. désolé, maman, papa, sœurette, tout le monde. je sais que vous n'auriez pas voulu que ça se finisse comme ça. mais.. que voulez-vous. je n'ai pas le choix.

Le marbre sibérien me fit frissoner un instant alors que je le sentais imprégner chaque pore de ma peau laiteuse, embrassant avec passion le maigre épiderme. Étendu sur le sol, je ne sentais plus que cet hostile gel, ankylosant chaque parcelle de mon parchemin de ses longues mains pétrifiante. Comme si j'étais déconnecté de tout, enfin ; sauf bien sûr des bras de la température qui m'entourait, me tirant pour ne faire qu'un avec le plancher gorgé de rancune.

je vous aime tous. je suis désolé de faire ça, mais quel choix à part mourir lorsqu'on n'a plus la force de vivre ? dites-moi, hurlez-le moi, ou ne faites-rien. parce que j'ai raison.

J'eu la force de tendre la main pour frôler le petit bac de plastique qui trônait sur l'évier, mes doigts papillotant un instant dans le vide intersidéral. Moment ironique de la vie, il s'échoua en plein sur mon visage, coupant légèrement ladite arcade qui laissa tomber une rivière de sang en guise d'hilarité. Comme quoi, même au bout du rouleau, on voulait bien que je m'efface.

la mort va m'apporter délivrance. désolé à tout ceux que j'aime. prenez bien soin de vous, à la prochaine.

Je ne sentis même pas les pilules glisser dans mon gosier. Je ne su pas plus s'il y en avait six, douze ou même vingt-et-quatre.. Ce que je compris, ce fut cet épais brouillard qui couvrit mon regard, et ce ne fut qu'à ce moment que je me permis de sourire. Enfin. La dernière chose que la vie me permit d'éprouver fut le ruissellement d'un liquide poisseux sur ma main, puis des coups frénétiques à la porte. J'ouvris lentement mes lèvres lézardées et prononça mon dernier mot alors que des cris frénétiques déferlaient dans la pièce.

" désolé. "

Puis tout fut finit.

le tombeau des luciolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant