merak

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je t'aime, toi. tes cheveux qui descendent en cascade dans l'eau cristalline, tes croissants de chairs barbouillés de framboises entrouverts dans l'espace-temps, tes cils qui battent la vie à coups de fouet. tes yeux bruns un peu trop grands et tes sourcils décoiffés, ta peau de lait serpenté de millions de perles translucides qui font flamber mon organe vital dans un chant d'incandescence. tes mains qui s'agitent comme des ailes de papillons, ton corps qui existe en suspension dans cet univers marin, ton âme qui se détache, toi, ouais, avec ta petite bouée de canard soleil fâchée.

je t'aime, toi. ton œil qui dégouline de sentiments sur tes joues, grisant tes pommettes de leur passage de braise, sillage d'un regretté troublé qui restera ancré dans le passé. puis tu pleures comme s'il n'y avait que la lune qui te regardait, ton visage crispé en un masque parfaitement peint de cette tristesse déchirante qui, je dois te l'avouer, me fait le même effet. elles glissent, elles valsent, elles bondissent, elles épousent les formes de tes lèvres, de ton nez ; si je les attrape sur mes doigts, vont-elles s'évaporer comme mon espoir de te voir comblé ?

je t'aime, toi. tes cernes qui s'arment dans le bas de tes iris, combattants de tes heures passées à essayer de t'accrocher à un avenir pour qui tu n'as même pas le temps de rêver. un bleu de mer, comme ceux de tes yeux et de tes cheveux, peint par l'adorateur de cette cyan couleur qui m'enverrait du rêve, tu ressembles au ciel. ma surprise ne serait même plus dans les environs si des nuages se poseraient paresseusement dans les multiples taches myosotis, tapissant mes trous blancs de mauve d'antan. 

je t'aime, toi, à qui on a posé un fusil de peinture sur la tempe pour appuyer sur la détente. ton corps qui se tord comme les herbes envahissantes de l'autoroute, le bruit de tes pas qui caresse avec allégresse tout ce qu'ils traversent. et puis le bout de tes bras qui fouettent l'air, tes jambes qui exécutent le même geste, ton torse qui bouille, tes yeux qui fondent, tes sauts puissants, un atterrissage en douceur sur cette lune astrale qui semble n'appartenir qu'à toi.


ah et puis merde, tu m'as eu. mes commissures s'élèvent en un sourire contagieux, révélant une rangée de dents pas toute blanche et pas toute droite. t'es beau et ça me fait sourire, parce que j'aime détailler les imperfections de ton visage, la cicatrice qui barre ton nez, ton regard qui louche un peu et ta main qui se relève pour cacher un rire. oui, toi, qui regarde ce texte, je crois que j'aimerais t'afficher dans ma chambre avec des cœurs dessinés au marqueur rouge indélébile, ou rose bonbon, selon ton choix. ma tête se baisse, mes cheveux couvrent une partie de mon facial rougissant, mais, au pire, on s'en fout, je te trouve trop parfaitement imparfait.


allez, avoue, t'es beau

allez, avoue, t'es beau

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le tombeau des luciolesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant