Chapitre 8 - Tu veux bien me sauver ?

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Ophélia :

Pour la cinquième fois en quatre minutes, je change de haut. Je ne sais pas pourquoi je me casse autant la tête pour m'habiller, ce soir. C'est vrai quoi, ce n'est qu'une soirée organisée chez Axel, ce n'est pas la première à laquelle je vais, et ce n'est certainement pas la dernière. Raphael passe encore la tête par la porte. Pour la douzième fois en dix minutes. Ce gars n'a aucune patience, c'est incroyable. Je lui annonce encore une fois que je suis presque prête. Il râle encore que j'ai déjà dit ça avant mais que ce n'est toujours pas vrai. Je lui lance une brosse à cheveux. Il l'évite mais ne me laisse pas tranquille pour autant. Je souffle, puis j'enfile un top noir et je m'empare du premier gilet que je trouve. J'attrape mon portable, le glisse dans mon sac et m'avance vers mon cousin.

- Ah enfin ! On a failli t'attendre, se plaint-il. Bon dieu, je suis bien content d'être un garçon parce que franchement...

Sa mère lui donne une tape sur la tête en passant.

- Je t'interdis de dire du mal d'une fille. On n'est jamais en retard, c'est juste que vous, les garçons, vous êtes en avance.

- Bien Mère, grogne mon cousin. Allez, on y va ! Matteo et Eléonore vont nous attendre.

- C'est sûr, il ne faudrait pas que tu fasses attendre ton amoureuse, je lui souffle avant de m'adresser à ma tante. Tante Carole, on dort là-bas normalement, mais s'il y a un problème, on t'appelle, comme la dernière fois, c'est ça ?

- Oui, bien sûr ma chérie.

Elle nous serre dans ses bras et nous souhaite une bonne soirée. Après tout, il n'y a pas de raison que ça se passe mal, non ?

°°°

J'ai la tête qui tourne un peu. L'odeur de l'alcool m'enivre, bien que je n'en aie pas bu une seule goutte. Coincée sur un canapé entre l'accoudoir et un Axel qui enchaîne verre sur verre, j'ai super chaud et j'ai envie d'un peu d'eau. J'essaie de me lever, mais mon voisin de droite m'agrippe la manche et me retient.

- Axel, laisse-moi me lever ! Je vais juste me servir de l'eau et je reviens.

- Bon bah je viens avec toi alors, articule-t-il avec difficulté.

Il agit vraiment bizarrement, ce soir. Je crois qu'il n'est pas ravi que Maeva ait amené Adrian, le fils de son nouveau beau-père, à cette soirée. Dès qu'il l'a aperçu, il s'est crispé. Après quelques verres, ils ont tous les deux disparu pendant une bonne vingtaine de minutes. Il fallait voir la tête de Maeva quand on a fait remarquer qu'ils étaient tous les deux Dieu sait où. J'ai cru qu'elle allait exploser de rage. Elle ne l'aime pas beaucoup, cet Adrian, bien qu'il partage sa maison. Moi, je le trouve sympa, et, il faut bien l'avouer, plutôt canon.

Enfin bref, ce qu'il s'est passé entre lui et Adrian a eu l'air de déplaire à Axel, puisqu'il est revenu encore plus énervé qu'avant. Depuis, il descend les verres deux par deux et se colle à moi comme si j'étais son oreiller.

Cette fois-ci, Axel s'appuie sur moi pour se lever. Toujours galant bien que bourré, il me tend la main pour me lever, ce qui lui fait perdre l'équilibre. Il glousse, et Maeva éclate d'un rire trop alcoolisé.

Je soutiens Axel pendant qu'il titube vers la cuisine. Je ne remarque pas qu'il donne un coup dans la porte pour l'appuyer. Il s'appuie sur un tabouret et me regarde prendre un verre et le remplir d'eau fraîche. Je bois une longue gorgée.

- Lia ? me demande-t-il.

- Oui ?

- Si tu pouvais m'aider à aller mieux tu le ferais ?

- Pourquoi tu demandes ça, Axel, tu as des problèmes ?

- J'ai un problème, et j'ai besoin de ton aide pour m'en sortir.

- Quel genre de problème ?

- Le genre qui te chamboule le cœur et fout le bordel dans ta tête. Alors, jolie Lia, tu veux bien me sauver ?

- Je ne comprends rien, qu'est ce que tu veux ?

- Je te veux, toi. Il faut que je te veuille, toi.

- Hein ? Explique toi, je ne vois pas où tu veux en venir.

- Embrasse-moi.

- Quoi ?

- Embrasse-moi.

- Non, enfin je veux dire, non !

Il s'approche de moi avec un air déterminé. A cet instant, j'ai vraiment peur. J'essaie de reculer, mais je suis coincée contre le plan de travail. Il se colle à moi. Au moment où j'ouvre la bouche pour hurler et qu'on m'entende par-dessus la musique du salon, il appuie sa main sur ma bouche. Il paraît en transe.

- S'il te plaît, belle Lia, je t'en supplie, aide moi à guérir, embrasse moi, je dois oublier les pensées dans ma tête.

Je le mords. Il gémit de douleur en enlevant sa main. J'en profite pour m'éloigner de lui, mais il me rattrape. Il s'accroche à mon bras et me plaque de tout son poids contre le mur. Des larmes silencieuses coulent sur mes joues. Je n'arrive plus à parler, je n'arrive plus à respirer, je n'arrive plus à penser, je ne peux plus rien faire. Je ferme mes yeux pour ne plus le voir, là, devant moi, avec son regard fou qui me hurle de l'aider. De toutes mes forces, je prie pour que quelqu'un entre et me sauve.

- Lia, si tu es mon amie, je t'en supplie, guéris moi de son image, tu dois m'embrasser pour me libérer...

- Non, non, non, tu es bourré Axel, je t'en prie, laisse moi tranquille, laisse moi m'en aller, s'il te plaît... je souffle.

Ses lèvres effleurent les miennes, je respire son horrible haleine chargée d'alcool. J'ai un haut-le-cœur, et manque de lui renvoyer tout ce que j'ai mangé à la figure.

Alors, mes prières s'exhaussent. La porte s'ouvre, quelqu'un crie. On arrache le corps d'Axel du mien. J'aspire enfin une grande bouffée d'air, les paupières toujours serrées. Je tombe par terre. Des voix résonnent autour de moi. Je sens une odeur fruitée s'approcher de moi.

- Ophélia, c'est Eléonore, est-ce que ça va ?

Je hoche la tête. Si elle est là, c'est que Raphael et Matteo sont là, alors tout va bien. Elle pose sa main sur mon bras. Une autre odeur nous rejoint. Un parfum pour homme, sauvage et sexy.

- Mon Dieu, Ophé, qu'est-ce qu'il t'a fait...

Matteo. J'ouvre les yeux. Il est là, agenouillé devant moi. Sa tête me montre à quel point il est inquiet pour moi. J'essaie de sourire malgré mes larmes. Son visage se tord, comme s'il souffrait de me voir ainsi.

- Je peux te prendre dans les bras ? demande-t-il dans un souffle.

J'hésite une seconde avant d'hocher la tête. Sans perdre un instant, comme s'il craignait que je change d'avis, il se glisse à mes côtés et passe un bras autour de mes épaules. Je cache ma tête dans son épaule et entour son cou de mes bras. Il caresse mon dos avec sa main, et je pleure mon soulagement contre son torse.

Je sais qu'ici, près de lui, je ne crains rien, je suis en sécurité. Mon Matteo est mon meilleur ami, et il ne me fera jamais de mal.

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