Chapitre 9 - Je peux te prendre dans les bras ?

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Matteo :

Je n'arrive plus à réfléchir. Une colère aveuglante brouille mon cerveau. Mes pensées sont tournées vers ce connard de fils de riche qui a osé poser les mains sur ma Lia. Je ne veux qu'une chose, et plus qu'une envie c'est une nécessité, c'est enfoncer mon poing entre ses deux yeux. Je veux que son nez soit réduit à néant, qu'il s'enfonce dans son crâne. Je crois que je hurle, que je l'insulte de tous les noms possibles et imaginables. Ce petit bâtard doit payer pour chacun des cris qu'elle a poussé pour nous appeler et pour chacune des larmes qu'elle a versé. Je lève mon bras, prêt à laisser partir ma rage, quand la main de Raph se pose sur mon épaule. Il me tire en arrière et me montre la forme de ma meilleure amie. Sa tête est cachée par ses genoux. Eléonore est auprès d'elle, il me semble qu'elle lui parle.

Alors, j'oublie presque ma colère. Quand Raph me lâche, j'envoie un coup de genoux dans le ventre du connard et je me précipite vers Lia.

- Mon Dieu, Ophé, qu'est-ce qu'il t'a fait...

Elle lève la tête vers moi et plonge ses beaux yeux noirs larmoyants dans les miens. A chaque larme que ses yeux laissent échapper, c'est mon cœur qui se brise un peu plus.

- Je peux te prendre dans les bras ? je demande dans un souffle.

Elle hésite, puis elle hoche la tête. Alors, sans perdre une seconde, je me glisse contre elle et la serre contre moi. J'ai si peur qu'elle me rejette que je la plaque contre mon épaule. Ma main caresse son dos machinalement. Ses larmes trempent ma chemise, mais je m'en fiche. Tout ce qui compte, c'est qu'elle aille bien, et qu'elle n'ait plus jamais à souffrir.

Je ne sais pas combien de temps on est restés comme ça. Eléonore nous regardait, et des larmes roulent sur ses joues. Au début elle les essuyait mais maintenant, elle paraît tellement perdue dans ses pensées que je crois qu'elle ne se rend plus compte qu'elle pleure. Une grimace de douleur tord son doux visage. Alors, avec ma main disponible, je ramasse les perles de ses joues et prend sa main. Elle lève les yeux vers moi. Je lui souris pour lui signifier qu'elle n'a rien à craindre et que tout va bien, que tout ira bien. Elle tente de me sourire en retour, mais ses yeux se remplissent à nouveau d'eau.

Un gros bruit me sort de cette bulle de tranquillité. Je me rappelle alors qu'Axel est un connard et que Raph est resté avec lui. A ma plus grande surprise, Adrian s'est interposé entre mon meilleur ami et l'autre gars.

- Raphael, arrête, t'es un type bien. Ne fais rien maintenant que tu regretterais dans trois jours. Si tu le cognes, tu vas t'en vouloir. Tu ne veux pas qu'elles voient ça, non ?le raisonne Adrian en montrant notre coin de cuisine du menton. Voilà, tranquille, c'est bon. Il n'en vaut pas la peine, Raph, laisse tomber.

Mon meilleur ami hoche la tête à l'intention du pacifiste. Il regarde l'espèce de balai à chiottes avec dégoût et colère, et il se tourne vers sa cousine et moi. Il m'adresse un autre hochement de tête.

- Je crois qu'il va falloir appeler ma mère, dit-il simplement.

***

Carole est venue nous chercher. Elle était en pyjama. Elle ne nous a posé aucune question. Elle avait l'air plus fatiguée qu'inquiète. Elle nous regardait avec un air un peu perdu.

Lia était collée à moi. Elle n'a pas ouvert la bouche. Sa main est greffée à la mienne. Je ne veux pas la lâcher, pas avant d'être vraiment en sécurité, et je pense qu'elle ne veut pas non plus. Eléonore est dans les bras de Raph, les yeux dans le vague.

On a dormi tous les quatre chez Raph. Eléonore ne voulait pas appeler ses parents, parce qu'ils devaient sûrement dormir et qu'elle ne voulait pas qu'ils la voient dans cet état.

Avec Raph, on a amené un matelas en plus dans la chambre où dort Lia. Et finalement, on a dormi tous ensemble. Enfin, ils ont tous dormi, et moi je les regardais sans parvenir à trouver le sommeil.

Je surveillais ma meilleure amie, si belle endormie près de moi. Mes doigts dansaient sur son épaule. Elle était face à moi. On s'était fixé un moment avant qu'elle ne rejoigne les bras de Morphée. Elle a fermé ses yeux noirs avant d'articuler un "merci" silencieux. Alors, je me suis avancé vers elle et j'ai déposé mes lèvres sur son front avant de me rallonger. J'ai repris mon observation, et je me suis demandé comment on pouvait vouloir lui faire du mal. Elle paraissait si sereine, si calme, comme si elle ne venait pas de se faire embrasser de force par une espèce de salopard, comme si elle se sentait en sécurité. Et étrangement, l'idée qu'elle se sente en sécurité près de moi me fait me sentir bien. En la voyant dormir, les battements frénétiques de mon cœur enragé se sont à leur tour apaisés. Tout ça grâce à elle. Je le sais, je l'ai même toujours su, auprès d'elle, tout ne peut qu'aller bien.

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