Chapitre 2 - Ce serait pas la première fois

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Ophélia :

- Lia ! Action ou vérité ? me demande une fille, Maeva, si je me rappelle bien.
- Euh... Vérité ?
- Ah non ! Ça fait deux tours que tu prends Vérité, alors maintenant tu fais une Action ! proteste-elle, un peu bourrée.
- Bah pourquoi tu demandes alors ?

Le garçon assit à côté d'elle éclate de rire. Lui aussi est bourré. C'est chez lui qu'a lieu la fête. Il s'appelle Axel, je crois.

- Bon, ton action c'est... d'embrasser Matteo ! déclare une fille dont je n'ai pas retenu le nom.
- Nan mais ça va pas la tête ?! s'écrie-t-on tous les deux en même temps.
- Bah pourquoi ?
- On se connaît depuis toujours ! C'est comme mon frère ! Je refuse, je proteste.
- Ce serait pas la première fois, réplique mon traître de cousin en faisant mine de regarder le plafond.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? demande Mat'. C'est jamais arrivé, répond-il avec un regard en coin dans ma direction.
- Si ! Je vous ai vu ! insiste-t-il. Quand on avait 10 ans, le jour où Lia a déménagé, vous étiez tous les deux dans sa chambre, et moi je suis parti aux toilettes, et quand je suis revenu je vous ai vu, vous vous étiez en train de vous embrasser !

Je rougis. Oui, bon, ok, c'est arrivé. Mais j'étais triste, et il était si gentil avec moi... Et puis, ça compte pas vraiment, on avait 10 ans ! On n'avait pas entendu Raph revenir, et il avait passé tellement de temps aux toilettes qu'on pensait qu'il s'était perdu entre les toilettes et la chambre...

Je regarde Mat'. Il rougit lui aussi. Certaines filles commencent à dire que c'est trop mignon, et qu'on va trop bien ensemble.

- Oui bon d'accord, mais déjà t'étais pas sensé le savoir, et en plus ça compte absolument pas parce qu'on avait que 10 ans. Ça veut rien dire du tout ! je réponds.
- Je sais toujours tout, chère cousine, réplique Raph.
- Ah non, ça c'est pas vrai, et puis si tu veux jouer à ça, moi aussi je sais des choses que tu ne veux pas que je sache !
- Vraiment ?
- Oh que oui.
- Bah prouve-le !
- Ok, bah je sais que la fois où Andrea a été punie pour avoir cassé le vase préféré de Tante Carole, c'est toi qui l'a cassé !
- Comment tu le sais ?
- Je le sais, c'est tout ! Je sais aussi que, sous ton matelas, tu caches un...
- Non c'est bon ok on a compris ! Tu sais tout ! me coupe-t-il en me mettant la main sur la bouche.

Il ne veut pas qu'on sache qu'il tient un journal intime. Et il ne veut surtout pas que je raconte ce que j'ai lu dedans. Je rigole.

- Tu la fais ou pas ton action alors ? redemande la fille de tout à l'heure.

Je regarde Mat'. Il hausse un sourcil. Je hoche la tête. Ça ne me dérange pas de l'embrasser. Et puis ça veut rien dire.

Je me décale pour m'asseoir sur ses genoux. Je saisis son visage à deux mains, une sur chaque joue. Je plonge mon regard dans ses yeux noisette. Je lui souris légèrement, et me penche pour finalement poser mes lèvres sur les siennes. Je le sens sourire à son tour, et je m'écarte de lui. Je le regarde de nouveau, et on éclate de rire en même temps. Je me tords de rire sur des genoux, pendant qu'il serre ma taille et pose sa tête sur mon épaule. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais plus ri comme ça ! Ah oui, vraiment, Matteo n'a pas changé, et c'est de mon meilleur ami dont j'avais besoin pour oublier, ne serait-ce qu'un instant, tous ces foutus problèmes.

Comme mon action était finie, j'ai désigné Raphael pour raconter une vérité.

- À ton tour, cher cousin. Action ou Vérité ? Et tu es obligé de prendre une Vérité, parce que tu viens de faire trois Actions d'affilé.
- Très bien, pose ta question, soupire-t-il alors que j'esquisse un sourire maléfique.
- Que caches-tu sous ton matelas ? Et n'essaie pas de mentir, je le défie.
- Ophélia Lewis, je te hais, tu n'es officiellement plus ma cousine.
- Allez, dis nous tout Raph, insiste Matteo.

Je jure que si les regards pouvaient tuer, Mat' et moi serions déjà mort depuis longtemps. Quand il laisse échapper entre ses dents qu'il tient un carnet où il écrit des « trucs » caché sous son matelas, on est pris d'un nouveau fou rire. Je suis toujours sur les genoux de mon meilleur ami, et alors que l'on rit comme ça tous les deux, je réalise combien il m'a manqué et combien j'ai besoin de lui.

Et ce qu'il y a de bien, c'est que pour la première fois en deux mois, je ris vraiment sans même penser à elle.

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