Elias

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J'ai passée le reste du trajet debout dans un coin. Aïka c'était fait passer un savon par Alex, Calie marmonnait des propos sans queue ni tête dans un coin et Arthur parlait avec le reste du wagon, des ados entre quatorze et dix-sept ans.

Je me suis retrouvée à faire le point sur ma vie. Je déconseille. J'ai rebroussé le fil des événements.

Kaylie-Aïka me donnant un sandwich ; moi dormant sur un banc ; moi déchirant un avis de recherche à mon nom ; moi prenant un train pour partir de chez moi ; moi crochetant la serrure de chez moi pour partir ; moi faisant mon sac ; moi m'engueulant avec mes vieux ; moi me faisant insulter et bousculer dans les couloirs du collège...

Moi, moi, moi et moi.

Seule.

- Hey, ça va ? demanda Aïka. T'as le regard perdu dans le vide.

- Ouais. ça va.

- Tant mieux par ce qu'ont est presque arrivé.

- Mais...le train avance encore. Il y a une gare pas loin ?

Aïka me regarda bizarrement.

- On... on saute en marche ?! dis-je, réalisant.

- Bien sûr, idiote !

- Je suis chez les fous ! m'écriais-je.

Aïka gloussa en même temps que tout le wagon. Elle me tira le bras, me remettant sur pieds. Elle m'épousseta les épaules et me tira vers la porte du wagon, qu'Arthur ouvrit en grand. Le vent pénétra dans le train en même temps qu'un vacarme assourdissant. Nous étions visiblement dans une grande métropole, assez polluée, mais avec un je ne sais quoi de boisé.

- J'espère que tu te rompras le coup, me chuchota Arthur.

- C'est déjà arrivé ? demandais-je, la voix tremblante.

- Pas encore, mais avec un peu de chance...

Je tournais un visage terrifié vers Aïka, qui n'avait pas entendue le petit échange entre Arthur et moi. Aïka articula quelque chose, que je n'entendis pas à cause du bruit.

Ce fut seulement lorsqu'elle me tira hors du wagon que je compris que c'était un décompte.

Je tombais violemment sur le côté gauche et des gravillons m'écorchèrent la peau. Aïka atterrit sur ses pieds justes à côté de moi, trébuchant un peu avant de se stabiliser. Les autres enfants sautèrent un à un, souvent avec un sac de victuaille en main. Arthur fut le dernier et sembla déçu de voir que mon cou n'était pas brisé.

Je sens que je l'aime bien.

Mon cou me lançait et je sentais que le sparadrap était imbibé de sang frais. Aïka m'attrapa le bras et me tira. Arthur courait très vite, suivant Calie comme une ombre, cette dernière courant devant, en direction du bitume. Alex vint et me lança un sac :

- Contribue ! dit-il.

Le sac fit un bruit de métal et je devinais qu'il était plein de conserve. Calie traversa la route à toute allure, et pris la première à droite, Arthur sur ces talons. Aïka regardait autour d'elle. Soudain, le groupe de divisa en deux : une partie suivie Calie et Arthur, l'autre, dirigée par Alex, continuait tout droit.

- Sort trois conserves ! m'ordonna Aïka.

Je m'exécutais et sortis trois boîtes de haricots verts. Aïka m'en prit une des mains et la lança à un SDF, qui tendait justement les mains, comme si il savait que nous passerions par là. Cent mètres plus loin, elle lança la seconde à une vielle femme faisant la manche et la troisième alla dans celles d'un homme quinquagénaire.

Enfants Fugueurs MeurtriersWhere stories live. Discover now